Après disparition des solidarités véritables, celles du
quotidien beaucoup difficiles à entretenir sur la longueur que ces exhibitions
mélangeant le fric, l’autolâtrie, le voyeurisme et les anathèmes faisant passer
pour des salauds ceux qui ne donnent pas (assez), ces « enfoirés » des
« restos du cœur » au Téléthon ont la charge depuis des décennies de
culpabiliser un peuple terrorisé par la possibilité du déclassement, de la mort
sociale, de la mort tout « simplement ».
Par ailleurs, quel est ce besoin de chanter (des
conneries...) ou de courir comme des dératés pour les pauvres et/ou les
malades ?
Cette nécessité de montrer (à qui ? aux handicapés en
fauteuil roulant ?) qu’on a des jambes et des poumons qui fonctionnent
correctement ressemble à une forme de pensée magique, d’exorcisme, à un rite de
conjuration du mauvais sort qui dit le niveau de névrose d’une société entière.
C’est un terrible grand faux « oui à la vie » qui n’est qu’une immense
pulsion de mort, une formidable angoisse face à la maladie, bien utile pour
faire plier les âmes angoissées face au chantage moral de ces nouveaux prêtres
mondains agnostiques dont l’unique fonction est de nourrir le veau d’or, un puits
sans fond, autant dire finalement très prosaïquement épargner à l’Etat (influence du libéral-protestantisme
WASP qui nous était autrefois totalement étranger) d’investir dans un plan massif d’éradication de la pauvreté et de
recherches scientifiques efficaces « sous contrôle ».