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Commentaire de njama

sur Cette catastrophe que prépare le « pas d'amalgame »


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njama njama 21 mars 2015 15:46

La construction de la menace « islamiste »
Par Guillaume Borel le 19 janvier 2015
Ingénierie de l’islamophobie
Le discours dominant dans les médias concernant la population de confession musulmane, procède bien souvent de la stigmatisation. Il s’agit d’abord d’une stigmatisation religieuse, attachée à l’Islam.
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La peur du « remplacement »

Pourquoi, au vu des éléments ci-dessus, continuer alors à parler « d’Islam radical » alors que le takfirisme présente toutes les caractéristiques d’une secte et s’attaque principalement aux musulmans, comme le montrent les exactions de l’Etat Islamique en Syrie et en Irak ? Pourquoi ne pas le nommer au lieu de lui associer l’Islam qu’il prétend par ailleurs combattre ? Il s’agit tout d’abord d’une approximation intellectuelle qui découle de l’inculture religieuse des journalistes, mais aussi de la classe politique et des sociétés occidentales dans leur ensemble.

Cependant, on ne peut pas ignorer le fait que cet amalgame, qui par l’évocation de l’ « Islam radical », permet d’associer la religion musulmane au terrorisme, trouve aussi une certaine complaisance médiatique en ce qu’il évoque et réveille la peur de l’autre, la menace, et le racisme latent d’une partie des sociétés occidentales à l’égard de leur population immigrée de confession musulmane. Ce racisme latent trouve dans les contraintes du modèle économique des médias et leurs impératifs d’audience, dont dépendent leurs revenus publicitaires, un terrain fertile.

La peur fait vendre, et les audiences assurées par les sujets anxiogènes liés à la « menace islamiste » sont ainsi devenus omniprésents comme le montrent ces « unes » de la presse hexagonale
Ce que traduisent ces « unes » compilées par le site ACRIMED entre 2008 et 2012, c’est une « peur » de l’Islam qui prend appui sur un mécanisme d’essentialisation de la religion, selon le sociologue Saïd Bouamama. Cette essentialisation consiste à homogénéiser une réalité plurielle et à la dé-historiciser. Ce processus repose également sur les intérêts économiques bien compris qui s’imposent aujourd’hui comme l’enjeu central de production du discours médiatique. L’Islam et les musulmans sont ainsi perçus par une partie de la population occidentale comme une « menace » aux contours indéfinis, qui fut en France d’abord rendue publique et verbalisée par le discours du Front National.

Cette « peur » se fonde sur une caractéristique essentielle attribuée à l’Islam mais développée par le mouvement wahhabite : l’essence « conquérante » de la religion.
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Le discours médiatique procède ainsi à la construction d’un double amalgame, tout d’abord entre l’Islam et le terrorisme salafiste. Cet amalgame repose sur l’emploi de termes inadéquates associant l’Islam au salafisme notamment à travers l’usage largement répandu de l’expression « Islam radical » pour désigner ce mouvement sectaire.

L’équation qui en ressort est simple : Islam = terrorisme.

Le deuxième amalgame, complémentaire du premier, procède de l’attribution à l’Islam des caractéristiques politiques du salafisme, et principalement, sa doctrine d’expansion, à la fois par la conquête armée et la propagande idéologique.

L’Islam se trouve ainsi chargé des principaux attributs du totalitarisme attachés au mouvement salafiste, violence armée et idéologique, censure et restriction de la liberté de pensée, contrôle de la population par une police politico-religieuse, poursuite et exécution des opposants, et expansion conquérante…

Ces amalgames trouvent un terrain fertile dans une certaine partie de la population, notamment en France, tiraillée par la crainte d’un « remplacement » par les immigrés et par la perte de ses repères identitaires, et servent de support essentiel au développement de l’islamophobie.

Cet amalgame médiatique n’est cependant pas un phénomène « sui generis ». Il procède d’une théorie civilisationnelle plus globale, plus particulièrement dans les élites politico-médiatiques, développée par le courant néoconservateur américain à travers la doctrine du « choc des civilisations ».

La théorie du « choc des civilisations », vecteur géopolitique
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Les néoconservateurs vont ainsi articuler le concept de choc des civilisations à leur entreprise impérialiste de remodelage du moyen-orient, en évacuant de leur base idéologique le volet complémentaire qu’avait implémenté Huntington sur la condamnation de l’impérialisme et sa prétention à l’universalité, destiné justement à prévenir l’émergence de guerres civilisationnelles.

La rhétorique religieuse fondamentaliste de G W Bush et la « guerre au terrorisme »
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La construction de l’amalgame entre l’Islam et le terrorisme takfiriste poursuit ainsi des buts performatifs basés sur une vision idéologique d’un choc des civilisations opposant un occident doté de valeurs morales et civilisationnelles supérieures, mais également la peur anthropologique d’un « grand remplacement » au profit des populations immigrées. Cette vision est alimentée par la politique étrangère et l’interventionnisme américano-occidental qui procèdent de la même idéologie et qui poursuivent une stratégie du pompier pyromane dans laquelle la mouvance takfiriste est armée et utilisée afin de légitimer à posteriori et de faire advenir ses présupposés et ses postures idéologiques symboliques au service d’un impérialisme prédateur. Déconstruire cet amalgame et en analyser les ressorts idéologiques comme géostratégiques constitue donc aujourd’hui une tâche essentielle pour ceux qui refusent de se laisser enfermer dans une logique d’affrontement manipulatoire dont les conséquences pour les populations arabes sont la stigmatisation, la généralisation du chaos et du totalitarisme religieux et qui pourrait également déboucher, comme le montrent la montée de l’islamophobie en France suite aux attaques terroristes du 7 janvier, sur l’importation en occident du choc civilisationnel qu’une partie des élites politico-médiatiques tentent avec obstination de faire advenir…

Guillaume Borel | 19 janvier 2015
http://arretsurinfo.ch/la-construction-de-la-menace-islamiste/


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