Roland Coutanceau : « Une composante dépressive »
Publié le 27/03/2015 à 07:33
Crash de l’Airbus A320 de Germanwings - Expert. Roland Coutanceau, médecin psychiatre, expert devant les tribunaux
Roland Coutanceau a publié Violences aux personnes aux éditions Dunod.
Qu’est ce qui peut conduire quelqu’un, soi-disant sain d’esprit, à entraîner d’autres personnes dans la mort ?
Je ne crois pas que nous ayons affaire à un homme atteint d’ une
maladie mentale qui aurait échappé à tout le monde. C’est peu probable
compte tenu de son cursus.
Ce copilote suicidaire était donc une personne normale ?
Il y a plusieurs hypothèses. Soit il s’agit d’un acte terroriste
secret sans qu’aucun élément sur l’idéologie de cet homme n’ait suinté.
C’est-à-dire que, comme un espion dormant qui se réveille, il a préparé
seul son acte animé par une conviction absolue. Cet acte est d’ailleurs
bien organisé, réfléchi. Il a fait preuve de lucidité et de sang-froid.
Il peut aussi s’agir d’un suicide agressif du type de ceux perpétrés par
les meurtriers de masse. Il se dit : « Je signe ma sortie par un coup
d’éclat et je reste dans les annales ». Son geste peut également avoir
été décidé pour se venger de quelqu’un, d’un collègue, de sa compagnie,
en réponse à des humiliations… Il est alors dans une souffrance
dévorante et obsédé par sa passion de vengeance. Les gens ne sont plus
que des pions. Son geste prouve qu’il avait malgré tout une composante
dépressive, qu’il était égocentrique et mégalomane ».
Recueilli par Guillaume Atchouel