-je pars du principe que l’entité Etat est une
entité rationnelle et juste
------> En fait, je comprend bien mieux nos désaccords, nous avons une conception
de l’ Etat très différente.
Pour vous l’Etat est une entité morale qui doit dire
le bien et le mal alors que dans ma conception de l’Etat, c’est ce qu’il ne
faut absolument pas qu’il fasse.
Je vais préciser ma conception de l’Etat.
Je suis avant tout, sur le plan politique un libéral. Les libéraux classiques (que l’on peut critiquer sur beaucoup de points) attribuaient
la responsabilité des guerres civiles à l’idéologie, la prétention à détenir et
incarner le Bien, la morale. Pour construire une société sans guerre, il
fallait être capable de fédérer les hommes mais autour du renoncement à
toute définition du Bien et de la morale. L’Etat libéral était donc obligé
d’être « a-moral », de refuser de postuler le Bien.
C’est la privatisation des valeurs : chacun a sa conception du Bien,
mais elle ne concerne que lui, personne ne peut déterminer dans l’absolu ce qui
est moral et ce qui ne l’est pas, donc les valeurs ne s’imposent pas, à chacun
de voir les choses comme il l’entend.
Ceci dit, culturellement tout ne se vaut pas. La sphère culturelle doit
dire le Bien, le Bon, le beau, le vrai mais pas la sphère politique
(l’Etat) qui ne peut le faire que par la contrainte. Le Bien, le Bon beau et le
vrai doivent être reconnus et accepté librement.
Sortir l’Etat des jugements de valeurs, c’est déjà
échapper à ces guerres des valeurs dont l’Etat est en général le centre.
Pour préciser les choses : Je distingue :
- l’Etat qui n’est
qu’un outil, un instrument d’organisation politique que les interactions
sociales ont rendu nécessaire à un moment donné mais qui n’en est pas
moins dangereux car disposant du monopole de la violence et contrôlé par
une minorité qui peut s’en servir pour asservir le peuple. Mon approche
vis-à-vis de l’Etat est clairement utilitariste et amoral, pour
échapper à cet asservissement, il existe des principes fondamentaux que l’on
regroupe sous le sigle de « libertés individuelles », il ne
s’agit pas tant pour moi de mettre l’individu au centre de la société que
d’un outil de protection contre le totalitarisme d’ Etat.
-Le peuple : qui est l’ensemble d’êtres humains vivant sur le même
territoire constituant une entité, culturelle, historique, linguistique. Dès
que l’on parle de peuple, la morale et la
sensibilité redeviennent le premier critère d’évaluation.
Je n’ai aucune méfiance pour le peuple qui doit avoir la plus
grande liberté possible pour s’exprimer, mais j’ai une très grande crainte de
l’Etat qui lui au contraire doit être restreint autant que possible.