La monnaie redeviendra un objet démocratique lorsque l’on pourra choisir la monnaie que l’on peut garder et celle que que l’on doit dépenser le plus rapidement possible. Il faut donc avoir plusieurs monnaies en circulation simultanée pour que nous ayons ce choix. Techniquement, ce n’est plus un problème avec les moyens de paiement électroniques.
Il faut se rappeler que les Suisses ont deux monnaies :
- le Franc Suisse, utilisé par les étrangers et tous les Suisses,
- le Franc Wir créé par une banque mutualiste (la banque WIR) et utilisé par 70000 entreprises, il est non convertible mais on trouve toujours un intermédiaire qui va le faire.
Le franc Wir fait 10% environ du PIB suisse et existe depuis plus de 80 ans.
Ce qui est intéressant avec le Franc Wir, c’est que la monnaie appartient aux utilisateurs (les clients de la banque) qui peuvent donc prendre les décisions dans les instances prévues.
La création du Franc Wir intervient là où le Franc Suisse est faible et rééquilibre le Franc Suisse.
Les chèques de la banques Wir ont deux lignes, ce qui permet le panachage dans un paiement, mais les choses peuvent devenir encore plus transparentes aujourd’hui.
Redonner le pouvoir de création monétaire à l’Etat ? Pourquoi pas si c’est encadré. L’Etat a une légitimité démocratique, mais il faut des contrepouvoirs pour éviter de revenir aux excès d’avant 1973.
L’Etat a une vrai légitimité pour définir les infrastructures nécessaires au fonctionnement du pays et il devrait pouvoir en créer le financement, d’autant plus que pour beaucoup d’infrastructures, le retour sur investissement se fait par une augmentation des recettes fiscales.
Pour que la dette ne mette pas en péril le fonctionnement de l’économie, il faut que la création monétaire ne se fasse que très partiellement sur de la dette. Le reste doit être émis sous forme de capitaux permanents ou quasi-permanents en contrepartie des projets d’infrastructure ou d’investissement. La relation entre la création monétaire par la dette et les crises a été théorisé par Minsky et modélisé par Steve Keen. La conclusion de leur travaux est qu’il y a une relation directe entre notre manière de créer la monnaie et l’instabilité économique.
Les banques peuvent garder une légitimité pour le financement des investissements si celui-ci se fait en fonds propres comme les banques le pratiquaient autrefois…
Quand au financement de la consommation, on peut garder la mécanique actuelle.
Il est indispensable de bien séparer les domaines d’intervention des banques pour que les jeux du type casino ou Ponzi sur la dette ne mettent pas en péril l’économie réelle qui ne fait plus que 2 à 3% environ des transactions bancaires.