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Commentaire de Corinne Colas

sur La sensibilité au gluten : mythe ou réalité ?


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Corinne Colas Corinne Colas 10 avril 2015 23:06

Vu la complexité du sujet sur un plan strictement médical, je préfère éviter les hypothèses et me contenter de la réalité qu’on appelle « retour d’expérience »(difficile de balayer tous les témoignages). Lorsqu’il n’est pas possible de la reproduire en laboratoire (pour diverses raisons),elle n’existe simplement pas alors que l’humilité devrait être de rigueur. 

 

Je n’évoquerai pas l’allergie au gluten mais la maladie cœliaque largement sous-diagnostiquée. 

Si les deux examens indispensables au diagnostic : biopsie et prise de sang (les deux, non pas l’un ou l’autre) étaient prescrits d’office avant toute éviction du gluten, on saurait qui a cette intolérance qui a cette « sensibilité » et basta ! Quoique... « intolérance » et « sensibilité », cela fait penser à d’autres notions telles que « trouble » et « maladie » ! Où placer le curseur ? Surtout que là, on peut même parler de « syndrome » si l’on en croit certaines descriptions. C’est sûr que si on limite l’intolérance au gluten à son synonyme : maladie cœliaque, on évite les interrogations et on laisse les gens avec leurs troubles sans étiquette... 

L’homme a ceci de particulier qu’il ne peut rester sans « réponse », à défaut il en invente... Le plus facile étant alors d’évoquer un effet nocebo, un phénomène de société, une niche à gogos voire un trouble du comportement relevant du psychiatre.

 

Et pourtant :

 

dans le domaine des vaccins, il a enfin été reconnu officiellement l’importance du système HLA cependant on continue dans le système de masse avec des accidents malheureux considérés comme inéluctables, c’est ignoble ! On s’est longtemps gaussé des familles qui se méfiaient des additifs alimentaires et conservateurs, certains sont maintenant reconnus comme provoquant le TDHA. On pourra aussi invoquer des études contradictoires à propos des troubles du spectre autistique et malgré la diversité des causes possibles, la piste alimentaire n’est pas la moins crédible, en tout cas pour un certain nombre d’enfants. 

 

La science n’est pas statique, les certitudes de demain ne seront pas forcément celles d’aujourd’hui mais des ayatollahs la discréditent par leur position figée et si peu scientifique finalement. 

 

Comment s’étonner alors de l’engouement pour les charlatans et les poudres de perlimpinpin si la parole, le témoignage du malade n’est pas respecté ? 

La photo choisie pour votre propre article d’ailleurs, n’est pas anodine. On oublie vite la souffrance des gens atteints à divers degrés pour se concentrer sur la « gogo attitude », c’est sûr que ceux qui supportent le gluten, eux ne se font jamais avoir... comme si le « avec gluten » était un gage de bon produit par rapport à l’autre. Ne rions pas non plus à l’annonce de carences dans un pays où la baguette étant reine, on est incapable d’imaginer que tout le monde n’en mange pas ailleurs ! 

Concernant l’intolérance ou la sensibilité au gluten, cela va souvent de pair avec l’intolérance au lactose, des maladies auto-immunes et autres joyeusetés. Qui précède l’autre, qu’en est-il des interactions avec notre nouvel environnement alimentaire : blés toxiques, additifs, méthodes de fabrication, de conservation... Tout ceci est en effet bien complexe et plusieurs commentateurs s’en sont émus plus haut.

Bref, l’extrait de l’article que je citais, ne concluait pas « à l’inexistence de la pathologie », l’auteur se refusait juste à tomber dans le piège du débat biaisé d’entrée dès que l’on parle de « mode » et de « marché du sans gluten ». 

Est-ce que « la mode » du coca sans sucre remet en cause la montée de l’obésité et de l’épidémie de diabète chez les petits par ex ? L’industrie alimentaire retombe toujours sur ses pieds en nous proposant un produit de remplacement à celui qui a rendu malade. Dans les deux cas pourtant, nous n’avons besoin ni du premier ni du second.

 

 Le marché du « sans gluten » est la réponse au marché « tout gluten » et tant qu’il reste une « niche », tout le monde est tranquille. Le problème, c’est quand le consommateur averti, commence à lire les étiquettes...

Alors là, entre les additifs, les conservateurs, l’huile de palme etc. il n’a pas fini de faire ses courses... il délaissera même le marché du « sans gluten » peut être s’il est cohérent car il n’est pas au bout de ses surprises !

 

Sans s’arrêter aux céréaliers, au vu de la part grandissante du gluten dans les produits transformés, l’industrie alimentaire a tout intérêt à en minimiser ses effets quand le consommateur découvre par exemple qu’on balance du gluten même dans le saucisson...

 

Par conséquent, je ne parlerai pas de « mode » mais d’« épidémie » à venir... il n’ y aura plus qu’à inventer un nouveau trouble du comportement dans le prochain DSM-6 afin dé définir tous les inadaptés de la nourriture moderne. Quant à les faire passer pour des idiots, la propagande est déjà en cours depuis un moment.... 

 

Alors contrairement aux pisses-froids qui s’alarment et voudraient des barrières entre « intolérants », « sensibles » ou « faussement sensibles » (?), moi qui suis intolérante puissance 1000 (posée comme une curiosité sur une estrade d’un amphi de médecine à l’âge de 5 ans par des professionnels au savoir limité... mais qui l’acceptaient sans honte), je suis très heureuse de cette prise de conscience vis-vis du gluten. Elle ne peut que profiter à tous !

 


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