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Commentaire de Baasiste 2

sur Crise du FN ? Le Pen, sa Fille et le Saint profit


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Baasiste 2 14 avril 2015 19:31

« Après la seconde guerre mondiale, Charles Maurras fera le point sur ses rapports avec Philippe Pétain et démentira avoir exercé une influence sur lui197 : après avoir rappelé qu’ils se voyaient à peine avant 1939 (selon Jacques Madaule, Philippe Pétain s’opposa à l’élection à l’Académie française de Charles Maurras, et il félicita François Mauriac d’avoir fait campagne contre lui217), il protesta contre la « la fable intéressée qui fait de moi une espèce d’inspirateur ou d’Éminence grise du Maréchal. Sa doctrine est sa doctrine. Elle reste républicaine. La mienne est restée royaliste. Elles ont des contacts parce qu’elles tendent à réformer les mêmes situations vicieuses et à remédier aux mêmes faiblesses de l’État. (…) L’identité des problèmes ainsi posée rend compte de la parenté des solutions. L’épouvantable détresse des temps ne pouvait étouffer l’espérance que me donnait le remplacement du pouvoir civil impersonnel et irresponsable, par un pouvoir personnel, nominatif, unitaire et militaire ». Le projet de constitution du 30 janvier 1944 que prépara le Maréchal Pétain était d’ailleurs explicitement républicain même s’il renforçait le rôle du chef de l’État, président de la RépubliqueCharles Maurras considérait cette orientation préférable impliquant un exécutif fort à celle du régime précédent et il avait confiance en Philippe Pétain pour ne pas engager militairement la France aux côtés de l’Allemagne, ce que souhaitait les collaborationnistes mais cela ne suffit pas à faire du régime de Vichy une émanation idéologique de l’Action française.

  • L’universitaire et spécialiste israélien de l’antisémitisme Simon Epstein critique la tendance à surestimer le poids des maurrassiens dans la Révolution nationale et il parle de « maurrassification intempestive » de la collaboration218.
    • À titre d’exemple, Simon Epstein cite le second statut des Juifs beaucoup élaboré par Joseph Barthélémy, venu d’horizons opposés à l’Action française et qui fut beaucoup plus drastique que le premier élaboré par le maurrassien Raphaël Alibert. Sur le plan institutionnel, la place d’Alibert fut prise par Lucien Romier au conseil national de Vichy dreyfusard et hostile à Maurras. Ignorer Barthélémy et Romier pour ne parler que d’Alibert, c’est camoufler selon Simon Epstein l’apport des autres courants de pensée à l’élaboration et à la pratique vichyssoise219. Au conseil national de Vichy, les parlementaires et syndicalistes de gauche occupent une place importante. Les racines républicaines de Vichy sont encore plus visibles si on prend en compte le corps préfectoral et les hauts fonctionnaires220. L’antisémitisme n’est pas une spécificité de l’Action française et si Charles Maurras lui-même accueille avec enthousiasme les premières lois antisémites du régime, qu’il salue dans le quotidien du nationalisme intégral comme l’accomplissement des causes de l’Action françaiseF 14, le durcissement et la radicalisation de l’antisémitisme ne sont pas le faite de proches de l’Action française.
    • De plus, les maurrassiens de Vichy comptent parmi les pétainistes antiallemands et donc les moins favorables à la politique de collaboration. Pour Simon Epstein, ce point est rarement mentionné et cela est dû selon lui au fait que ceux qu’il appelle « les doctrinaires de la continuité ne se préoccupent pas des allemands qui ne font que de rares incursions dans leurs écrits car ils cherchent avant-tout l’origine des maux qu’ils décrivent dans une permanence franco-française ».
    • Vichy n’attend pas longtemps pour se délester des maurrassiens y exerçant quelques responsabilités192 : dès 1941, Raphaël Alibert, ministre de la Justice, Paul Baudouin ministre des affaires étrangères, Georges Groussard, ancien cagoulard qui commande les groupes de protection de Vichy et qui procéda à l’arrestation de Laval trop favorable à l’Allemagne et s’orienta vers la Résistance quittent Vichy. Ceux qui ne sont pas partis quitteront le gouvernement lors du retour de Laval en 1942 : Pierre CaziotSerge HuardYves BouthillierRené Gillouin, Henry du Moulin de Labarthète, Xavier Vallat, c’est-à-dire avant l’entrée des partisans d’une franche collaboration avec l’Allemagne nationale-socialiste. Ces maurassiens étaient mal vus des amis de Pierre Laval qui les accusent d’avoir favorisé son renvoi, des Allemands qui n’apprécient pas leur hostilité à la collaboration, des collaborationnistes qui les accusent d’être réactionnaires à l’intérieur et germanophobes à l’extérieur193. »

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