@Emile Mourey
Si vous voulez vous en tenir à Flavius Josèphe et s’il n’en tient qu’à cela, vous ne pouvez ignorer qu’il parle de Jacques comme du frère de Jésus :
"Ayant appris la mort de Festus, l’empereur envoya Albinus
en Judée
comme procurateur. Le roi enleva le pontificat à Joseph le grand-prêtre
et donna la succession de cette charge au fils d’Anan, nommé lui aussi
Anan.
[198] On dit
que le vieil Anan fut très heureux, car il avait cinq fils qui tous
eurent la
chance d’être grands-prêtres de Dieu et il avait lui-même rempli cette
charge
pendant très longtemps ; or, cela n’arriva jamais à aucun autre de nos
grands
pontifes. [199] Arian le jeune, qui, comme nous l’avons dit, reçut le
grand-pontificat, était d’un caractère fier et d’un courage remarquable ;
il
suivait, en effet, la doctrine les Sadducéens, qui sont inflexibles dans
leur
manière de voir si on les compare aux autres Juifs, ainsi que nous
l’avons déjà
montré. [200] Comme Anan était tel et qu’il croyait avoir une occasion
favorable
parce que Festus était mort et Albinus encore en route, il réunit un
sanhédrin,
traduisit devant lui Jacques, frère de Jésus appelé le Christ (*), et certains
autres, en les accusant d’avoir transgressé la loi, et il les fit lapider.« (**)
Votre spéculation n’est pas isolée. Elle fait partie de la thèse mythiste, »une théorie selon laquelle la personne de Jésus de Nazareth n’a pas de caractère historique : le personnage de Jésus serait une création mythique ou mythologique. [...] La thèse de l’inexistence historique de Jésus, apparue à la fin du XVIIIe siècle, restée marginale au sein de la recherche historique académique, complètement rejetée par les spécialistes universitaires du christianisme ancien depuis la fin des années 19301,
a néanmoins continué d’être reprise régulièrement par des auteurs en
dehors du milieu académique, se diffusant notamment sur internet2. Elle a été popularisée dans les médias au début des années 2000, aux États-Unis par Earl Doherty, et en France par Michel Onfray lequel a repris les thèses de Paul-Louis Couchoud et Prosper Alfaric. (***)
Or cette relecture extravagante de l’histoire et de la tradition chrétienne est plus que minoritaire chez les chercheurs. Il y a quasi-unanimité parmi les érudits que Jésus a existé historiquement. « There is near unanimity among scholars that Jesus existed historically » (****)
Il serait furieusement intéressant que vous ayez à nous soumettre une réfutation ou du moins l’ébauche d’une tentative de réfutation de ce consensus.
Dans le cas contraire consentez, sans vous offenser, que l’on parle d’élucubration fantaisiste à propos d’un texte aussi ambigu qu’inutile.
—
(*)
Jacques, frère de Jésus (Jacques le Mineur, dans la tradition catholique) ;
cf. saint Paul, Epitre aux Galates, I, 19. [On a contesté à tort l’authenticité
du passage où est mentionné ce frère de Jésus ; voir Schürer, I, p. 546 - S.
R.].
(**) Antiquités judaïques, XX, 197-203
(***) voir http://fr.wikipedia.org/wiki/Thèse_mythiste
(****) http://en.wikipedia.org/wiki/Historicity_of_Jesus