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Commentaire de jean-jacques rousseau

sur Jésus : un phénomène étonnant qui néanmoins s'explique dans son contexte historique


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jean-jacques rousseau 16 avril 2015 11:12

@Emile Mourey
Je ne pense pas que le texte de Tacite puisse être mis en question. Nous avons là à faire avec un homme d’Etat qui s’en tient à la description de faits précis et qui va puiser ses informations dans des sources solides, au besoin en recoupant les témoignages. Toute son éducation le pousse au sérieux et au réalisme, on ne voit pas qu’il enjolive inutilement son texte par des alégories ou d’autres formules poétiques. Au contraire son style est romain dans la plus pure tradition et remarquable par sa concision et sa clarté. 
Quand il évoque les chrétiens, il ne le fait pas par fantaisie ou encore moins par sympathie puisqu’il dit aussi librement tout le mal qu’il pense de cette nouvelle secte qu’il juge séditieuse et étrangère à la tradition romaine. Il en parle exactement pour décrire les boucs émissaires du pouvoir impérial, désignés par Néron comme criminels et responsables de l’incendie de Rome, un évènement de la plus haute gravité et auquel il a pu assister puisqu’il avait près de 6 ans en 64. Quand Tacite parle du Christ cela est tout à fait cohérent avec son style et sa logique puisqu’il s’attache rendre compte des évènements dans le détail et qu’il lui faut expliquer pourquoi ces gens sont appelés « chrétiens ». Pour ce qui est de la formule "sous Tibère, fut livré au supplice par le procurateur Ponce Pilate« il serait paradoxal qu’il ait été la ramasser dans des ouï-dires de ruelles ou des rumeurs de bas fonds puisqu’il avait accès aux archives impériales et donc la possibilité de vérifier cette information dans les rapports officiels. Ce qu’il n’a pas pu manquer de faire puisqu’il souligne qu’il s’agit de l’empereur Tibère et qu’il est impensable qu’il puisse désigner la plus haute autorité de son époque l’empereur et de plus un collègue magistrat nommé Pilate et leur associer un évènement grave -la mort d’un homme- avec désinvolture et légèreté. Enfin nous savons que ces rapports préfectoraux romains sont exemplaires de précision et d’exactitude, rarement égalés à toutes les époques de la civilisation. Ne pas lire sérieusement Tacite sur ce point, c’est ne rien savoir du génie humain et douter fondamentalement de toute aptitude à la connaissance.
Au fond il n’y a que cela que je vous reproche, ce nihilisme qui dit qu’il n’y a rien de vrai, aucune rigueur possible et tout à inventer par l’imagination et la fantaisie. Quelle reflet de la décadence de notre culture et de la déloyauté de notre époque !
Cependant la question est toute simple. Qu’y a t’il de si extraordinaire, de si inacceptable, de si inhabituel dans le supplice d’un homme condamné par un tribun romain ? Est-ce à la mode de tenir le pouvoir impérial comme un modèle de douceur, de bénignité et d’humanisme, à tel point qu’on puisse considérer cet évènement comme impossible et suréaliste ? L’accusation portée contre Jésus de vouloir fomenter une révolte et de se proclamer comme  »Roi des juifs«  n’est-elle qu’une boutade négligeable et sans conséquence pour l’Empire ? N’y avait-il pas la un motif suffisant pour le préfet romain de prendre l’affaire au sérieux et de mettre en oeuvre les mesures d’urgence qui s’imposaient ? Pilate n’a t-il pas vu le risque d’être accusé de complicité comme »ami du roi des juifs" comme l’auraient glissé à son oreille les prètres du Sanhédrin et d’être rappelé à Rome pour faire le clou du spectacle et la distraction du peuple aux prochains jeux du Cirque ?
Mais je peux comprendre que votre quête du merveilleux puisse se trouver embarrassée de ces considérations bassement terre à terre, ce serait vous obliger à renoncer à des chimères pour vos poser de vraies questions sur la vie et la mort de ce Jésus qu’on appelle aussi le Messie ou le Christ.


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