Vous dites : Pour ce qui est de la formule « sous Tibère, fut livré au supplice par le procurateur Ponce Pilate » il serait paradoxal qu’il ait été la ramasser dans des ouï-dires de ruelles ou des rumeurs de bas fonds puisqu’il avait accès aux archives impériales et donc la possibilité de vérifier cette information dans les rapports officiels.
Admettons que Tacite se réfère aux archives impériales. Pour situer l’ambiance, rappelons que l’affaire commence par des rumeurs. Admettons, ce qui est d’ailleurs exact, que ces rumeurs ne touchent que Néron que la foule (vulgus) suspectait d’avoir déclenché l’incendie de Rome.
Je traduis mot à mot : Confronté à ces rumeurs et pour les faire taire (Ergo abolendo rumori,) Néron substitua ces choses (Nero subdidit reos) ; il soumit aux peines les plus raffinées (quaesitissimis poenis adfecit) ceux qui étaient haïs à cause de leurs croyances scandaleuses (quos per flagitia inuisos) que la foule appelaient chrétiens (uulgus Christianos appellabat).
Admettons que le mot latin « Auctor » qui suit se traduise par « instigateur du mouvement » et qu’il soit désigné comme étant un individu, ce qui est le plus vraisemblable, (bien que le mot latin ait des sens dérivés, comme autorité etc).
L’instigateur, Christ ainsi nommé, (Auctor nominis eius Christus), Tibère étant empereur (Tibero imperitante), fut condamné au supplice par le procurateur Ponce Pilate (per procuratorem Pontium Pilatum supplicio adfectus erat).
Toutes choses égales d’ailleurs, ce court passage me semble tout à fait en accord avec un bref rapport de type militaire qui ne s’embarrasse pas de circonvolutions, les condamnés se désignant eux-mêmes ainsi. Je ne vois que du très normal, du très classique, dans cette citation. C’est comme si les archives avaient rapporté : Claude étant empereur, Theudas fut exécuté.
Le merveilleux n’est pas de mon côté. Les textes esséniens sont là, ils sont réalistes et on ne peut aller contre. L’instance suprême est le conseil de Dieu. Le seul maître, le seul roi des Juifs, c’est Dieu, Dieu ou Jésus qui, depuis le ciel inspire le conseil. Jésus, conscience du conseil. Quand l’évangile de Jean fait dire à Pilate : es-tu le roi des Juifs, Jésus ne répond pas ; c’est Pilate qui le dit et l’écrit, ce qui est beaucoup plus fort. Ce que l’évangile dit en termes voilés, c’est que Pilate a condamné et fait crucifier Jésus qui est dans le conseil, autrement-dit Dieu ou Jésus en lequel les esséniens croient, une façon de dire que l’autorité romaine, non seulement ne respecte pas la religion de la population mais la crucifie.
À noter que Tacite, même s’il a été gouverneur de l’Asie en fin de carrière, était plutôt connaisseur de ce qui se passait en Gaule et qu’on ne peut pas lui demandait d’expliquer l’affaire en détails dans le contexte compliqué de la Palestine d’autant plus qu’il écrivait quelques 80 ans après l’événement.