Joli travail qui lit l’oeuvre et l’homme. Il s’était opéré vivant de la poésie, a dit quelqu’un, peut être Aragon, je ne sais plus très bien.
Bien sûr il a arrête d’écrire, mais a néanmoins continué à porter la poésie, sublimée, fantasmée, le gâchis et tous les ors de l’existence.
Et bien que se condamnant à mourir très jeune, il s’est condamné à vivre la jeunesse éternelle, par le biais de tant d’adoptions, de reconnaissances en lui.
Une sorte d’étalon mètre de la fureur, un laminoir de l’extase..
Depuis Rimbaud, on ne descend plus les fleuves impassibles comme avant. Le grand fantôme est là, tient la main aux orphelins des étrennes.
A moins que ce soit un petit garçon. Il pleure sa jambe en moins. On ne sait que dire pour le consoler. Il refuse les statues. Il dit qu’il n’aurait jamais du partir de Charleville. Mais il a la fièvre, et celle ci n’a rien plus rien à voir avec celle des alexandrins. On lui éponge le front comme on peut, en versant des pleurs, en souriant aux nuages et aux vagues, en lui promettant qu’on retrouvera les contrebandiers d’armes. Et puis qu’il aura une pension en rentrant au pays, et que tous seront là pour le fêter, le porter sur le cœur, même le professeur Izambard et son bon sourire.
J’ai porté toujours avec moi, dans tous les voyages, et les immobilités de l’âme, ce petit livre que j’avais acheté à 15 ans, et dont j’avais appris par cœur les vers. Une sorte de paletot idéal qui me tenait chaud au cœur, par les jours froids de l’hiver. Et un cataplasme de l’âme pour les saisons à venir.