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Accueil du site > Tribune Libre > Arthur Rimbaud... L’enfant roi 2/2

Arthur Rimbaud... L’enfant roi 2/2

Suite et fin des aventures rimbaldiennes...

LA RUPTURE :

JPEG Rimbaud et Verlaine se retrouvent plus tard à Bruxelles, dans un petit hôtel. Ultime dispute durant laquelle Rimbaud déclare à Verlaine qu'il s'en va définitivement. Cette dispute là devait être bien différente des nombreuses autres qui jalonnèrent leur relation tumultueuse, pour que Verlaine prenne ce départ, cette rupture, suffisamment au sérieux pour perdre la tête...Son sang froid...Il rejoint Arthur dans la rue. Sort un pistolet de sa poche et tire. Rimbaud sera touché à la main. Verlaine sera arrêté et condamné plus tard à deux ans de prison ferme. Après un séjour à l'hôpital St Jean, Rimbaud retourne à Roche, dans la ferme familiale durant l'été 1873. Il tombe dans un profond désespoir. S'enfermant dans sa chambre sans un mot. Parfois, la nuit, sa mère et sa sœur, l'entendent hurler "Verlaine ! Verlaine !", suivi de gémissements et de pleurs.

" Jadis, si je me souviens bien, ma vie était un festin où s’ouvraient tous les cœurs, où tous les vins coulaient.
Un soir, j’ai assis la Beauté sur mes genoux. − Et je l’ai trouvée amère. − Et je l’ai injuriée.
Je me suis armé contre la justice.
Je me suis enfui. Ô sorcières, ô misère, ô haine, c’est à vous que mon trésor a été confié !
Je parvins à faire s’évanouir dans mon esprit toute l’espérance humaine. Sur toute joie pour l’étrangler j’ai fait le bond sourd de la bête féroce.
J’ai appelé les bourreaux pour, en périssant, mordre la crosse de leurs fusils. J’ai appelé les fléaux, pour m’étouffer avec le sable, le sang. Le malheur a été mon dieu. Je me suis allongé dans la boue. Je me suis séché à l’air du crime. Et j’ai joué de bons tours à la folie.
Et le printemps m’a apporté l’affreux rire de l’idiot.
Or, tout dernièrement m’étant trouvé sur le point de faire le dernier couac ! j’ai songé à rechercher la clef du festin ancien, où je reprendrais peut-être appétit.
La charité est cette clef. − Cette inspiration prouve que j’ai rêvé !
« Tu resteras hyène, etc…, » se récrie le démon qui me couronna de si aimables pavots. « Gagne la mort avec tous tes appétits, et ton égoïsme et tous les péchés capitaux. »
Ah ! j’en ai trop pris : − Mais, cher Satan, je vous en conjure, une prunelle moins irritée ! et en attendant les quelques petites lâchetés en retard, vous qui aimez dans l’écrivain l’absence des facultés descriptives ou instructives, je vous détache ces quelques hideux feuillets de mon carnet de damné. "

Il pestait contre les auteurs responsables selon lui, du malheur qui le frappait. Jurant qu'il en était bien fini désormais, quoi qu'il arriva, de cette amitié calamiteuse. Il était toutefois, de plus en plus triste et muet. La nouvelle de la condamnation de Verlaine vint exaspérer encore son dégoût du monde des lettres.

L'été avait été chaud... La famille retourna au travail, la moisson pouvant attendre. Arthur s'installe dans le haut grenier de la ferme. Ce fût une époque de travail acharné, là où sa mère ne voyait qu'oisiveté. Comment lui faire comprendre que cette activité là, est aussi épuisante que le travail dans les champs...Qu'il souffrait a brasser son sang, pour noter en prose ses "Illuminations"...

"Les lampes et les tapis de veillée font le bruit des vagues, les nuits, le long de la coque et autour du steerage.

La mer de la veillée, telle que les seins d'Amélie. Les tapisseries , jusqu'à mi-hauteur, des taillis de dentelles, teinte d'émeraude, où se jettent les tourterelles de la veillée...

...La plaque du foyer noir, de réels soleils de grèves. Ah ! puits des magies ;

seule vue d'aurore, cette fois."

 

LONDRES...LA MUTATION :

L'année 1874, il la passe entièrement à Londres. On pense généralement que c'est là qu'il a écrit les "Illuminations". La vie à Londres est saine, mais dure. Rimbaud habitué à tout, était revenu enthousiasmé. Tout là bas était plus fort, plus logique, plus intelligent. C'était le mouvement. L'ordre, la puissance et la couleur...C'était la grande ville. C'était "LA" ville... A Londres Arthur cherche du travail. Il fait passer des annonces, mais pas de réponses.

A cette époque déjà il délaissait la littérature, et les problèmes sociaux n'avaient plus d'intérêts pour lui. Il se donnait aux sciences, aux questions économiques. Il était dévoré du désir d'apprendre et de voir. Il voulait parcourir ce monde, qui n'était pas si grand. Peut-être un lieu, un seul, même à moitié satisfaisant, pour y reposer ses pieds.

"Ô les énormes avenues du pays saint, les terrasses du temple ! Qu'a-t-on fait du brahmane qui m'expliqua les proverbes ?

D'alors, de là-bas, je vois encore même les vieilles ! Je me souviens des heures d'argent et de soleil vers les fleuves, la main de la campagne sur mon épaule, et de nos caresses debout dans les plaines poivrées.- un envol de pigeons écarlates tonne autour de ma pensée. "

Finalement, Rimbaud revient à Charleville, où il passe l'hivers 75/76. Son temps y est employé a étudier l'arabe, faire un peu de russe et de piano. Sa sœur Vitalie est morte le 18 décembre, après des souffrances dont le spectacle l'a cruellement affecté. Cependant le voilà reparti. Il passe par l'Autriche, direction la Bulgarie. A Vienne, il se fait dépouiller et revient à pied à la maison.

"Je suis le saint, en prière sur la terrasse, - comme les bêtes pacifiques paissent jusqu'à la mer de Palestine.

Je suis le savant au fauteuil sombre. Les branches et la pluie se jettent à la croisée de la bibliothèque.

Je suis le piéton de la grand'route par les bois nains ; la rumeur des écluses couvre mes pas. Je vois longtemps la mélancolique lessive d'or du couchant.

Je serais bien l'enfant abandonné sur la jetée partie à la haute mer, le petit valet suivant l'allée dont le front touche le ciel.

Les sentiers sont âpres. Les monticules se couvrent de genêts. L'air est immobile. Que les oiseaux et les sources sont loin ! Ce ne peut être que la fin du monde, en avançant."

 

SUR LE DEPART :

JPEG A partir de 1874, Rimbaud s'est montré indifférent à son œuvre entière. Ce "Lâchage" de la littérature semblait ridicule à Verlaine, sinon monstrueux. Il prédit qu'il finirait chef de bureau. Il se tenait au courant des carapates du monstre. Si Rimbaud eut quelques velléités de littérature, il n'y songeait plus la semaine suivante c'est certain. Désormais c'est la vie errante. De 1875 à 1879, il va se livrer éperdument à cette volonté d'aller loin... Loin...Qu'il prévoyait, qu'il chantait même dès sa quinzième année...

Il fit de nombreuses apparitions à Charleville dans la première partie de sa vie errante entre 1873 et 1879. Après chaque grand voyage, il revenait au pays natal. Mais le contact avec ses anciens amis était rompu. Ils représentaient pour lui la littérature...Le passé. Longtemps avant son départ définitif, son silence et son détachement avaient de quoi surprendre.

En septembre 1879, il retrouve un ami à Roche, dans la ferme familiale. Rimbaud avait changé. Sa voix quelque peu enfantine, était devenue grave, profonde, imprégnée d'énergie calme. Les joues, autrefois rondes, c'étaient creusées. Il ne restait de l'ancien Rimbaud que ces yeux bleus adorables et effrayants à la fois d'innocence et d'impitoyable raison. A aucun moment de la conversation il ne fût question de poésie ou de ses goûts anciens. Finalement la question fût posée et la réponse jaillie, fusa comme une plume enfoncée dans son œuvre : "je ne m'occupe plus de ça !".

Cet été là, Arthur Rimbaud est joyeux, plein d'entrain et d'espoir. Il va partir. Il s'est fait faire un complet neuf. Il ne reviendra à Charleville que douze ans plus tard...Dans un cercueil.

 

LE DESERT :

" Aden 17 aout 1880, ma chère maman, ma chère sœur,

...J'ai cherché du travail dans tous les ports de la mer rouge, à Djeddah, Souakim, Massouah, Hodeïda, etc...Je suis venu ici après avoir essayé de trouver quelque chose à faire en Abyssinie. J'ai été malade en arrivant. Je suis employé chez un marchand de café, où je n'ai encore que sept francs. Quand j'aurai quelques centaines de francs, je partirai pour Zanzibar, où, dit-on, il y a à faire. "

Il est chef d'atelier dans ce commerce de café. Il parle suffisamment bien l'arabe pour se faire apprécier des "indigènes" sous ses ordres. Bien que ceux-ci l'appellent " Le méchant"...

Il dit à son patron être né à Dôle, alors qu'il s'agit du lieu de naissance de son père. Finalement, qui que l'on soit, l'absence du père laisse plus de traces qu'on veut bien le dire. Bien qu'en l'occurrence, il s'agissait aussi pour Arthur, de ne laisser aucun indice sur sa vie antérieur. Toutefois, il apparaissait pour la petite communauté blanche d'Aden, comme un peu fantasque...Tantôt morose, silencieux, semblant éviter la compagnie de ses semblables. Tantôt s'animant, devenant causeur aimable, avec une verve un peu caustique, qui le portait à tourner en ridicule les faits et gestes des personnes qu'il mettait en cause dans ses récits. Maniant l'ironie avec verve, mais sans méchancetés. Il avait manifestement un certain dégoût du monde. Causé par des épreuves dont il ne parlait pas.

Aden est l'endroit le plus ennuyeux du monde. Il n'a de cesse que d'en partir. Il convainc son patron de le mettre à la tête du comptoir d'Arar, au sud-est de l'Abyssinie.

"Harar. 13 décembre 1880.

 Chers amis,

 Je suis arrivé dans ce pays après vingt jours de cheval à travers le désert somali. Harar est une ville colonisée par les Egyptiens et dépendant de leur gouvernement. La garnison est de plusieurs milliers d'hommes. Ici se trouvent notre agence et nos magasins. Les produits marchants du pays sont le café, l'ivoire, les peaux, etc...On importe ici toutes marchandises d'europe, par chameaux. "

Monsieur Rimbaud passait une bonne partie de son temps en écritures comptables extrèmement compliquées, car les fonctionnaires des douanes, des "Chiens" selon ses termes, se montraient impossibles. Sans parler de questions de changes, de tarifs, de transits. Il ne compte pas rester longtemps à Harar. Il s'y ennuie et à son goût n'y fait pas assez de profits.

A Harar il allait pieds et tête nus dans la brousse, ne buvait que de l'eau, frayait rarement avec les autres européens qu'il appellait "licheurs de verres". Il ne lisait que rarement, si ce n'est des ouvrages techniques de métallurgie ou de maçonnerie. Il faisait assez rarement référence à son passé. Quelques anecdotes d'ivrogne à Londres, le quartier latin et sa faune intellectuelle..." Bien connu ces oiseaux là..." dit-il un jour. A Harar une vie routinière s'installe, mais de travail actif.

 

LOIN DE TOUT...ET DU MONDE :

En 1884, Verlaine publie un fascicule ; "Les poètes maudits". Il y avait plusieurs portraits,dont un sur Rimbaud. 

"Si ces lignes tombent d'aventure sous ses yeux, que monsieur Rimbaud sache bien que nous ne jugeons pas les mobiles des hommes. Qu'il soit assuré de notre complète approbation, de notre tristesse noire aussi, en face de son abandon de la poésie, pouvu, comme nous n'en doutons pas, que cet abandon soit pour lui, logique, honnête et nécessaire. Puissions-nous consulter Arthur Rimbaud, dont nous ignorons l'adresse, il nous aurait, c'est probable, déconseillé d'entreprendre ce travail pour ce qui le concerne. Ainsi, maudit par lui-même, ce "poète maudit"..."

JPEG A Aden, Rimbaud se plaint de tout. De l'argent qu'il faut constamment avoir sur soi de peur de se le faire dérober. Du climat. Du prix de son logis à moitié en plein air et qui lui coûte 40 francs le mois. De sa santé pas fameuse. De ses 30 ans, la moitié d'une vie, fatiguée à rouler de part le monde sans résultats. On sait qu'il a eu à plusieurs reprises des relations féminines. C'est à Aden qu'une relation avec une Abyssinienne débouche sur une vie commune.

En été 1886, les "illuminations" furent puliées à Paris. Le succès est immédiat. Félix Fénéon peut écrire ; "Oeuvre enfin hors de toute littérature et probablement supérieur à toutes". Quant à celui qui est a priori signalé vers le 76 ème parallèle, il n'est probablement au courant de rien et ne souhaiterait sans doute pas y être mêlé.

 

" Le Caire, 23 août 1887.

 Chers amis,

 Je suis venu ici parce que les chaleurs étaient épouvantables cette année dans la mer rouge, tout le temps 50 à 60 degrés, et me trouvant très affaibli après sept années de fatigues qu'on ne peut s'imaginer et des privations les plus abominables, j'ai pensé que deux ou trois mois ici me remettraient, mais c'est encore des frais car je ne trouve rien à faire ici, et la vie est à l'européenne et assez chère.

Je me trouve tourmenté ces jours-ci par un rhumatisme dans la cuisse gauche qui me paralyse de temps à autre, une douleur articulaire dans le genou gauche, j'ai les cheveux asolument gris, je me figure que mon existence périclite. "

Les médecins qu'il consulte, ne détectent que des douleurs articulaires dues à son mode de vie. Ses déplacement incessants...

Arthur a donc parcouru des milliers de kilomètres à pied, à cheval, en bateau. Ce n'était pas seulement un marchand, c'était aussi un explorateur. Il a vu en Abyssinie, des régions, des paysages, que personne avant lui n'avait vu. Dans ces endroits, il était assez facile de se faire tuer par des tribus hostiles. En général, il avait de bons rapports avec les gens du pays.

Néanmoins, il n'avait que mépris pour ces pays et les gens, les peuplades, les "nègres" qui y habitaient. Il s'ennuie profondément. Regrettant de ne pas voir de vie intellectuelle et sociale parmis ces sauvages sans intelligence qui ne pensent qu'à l'exploiter, alors même qu'il considère oeuvrer pour leur bien-être. Il songeait de plus en plus à liquider ses affaires et à partir...

 

DERNIERE SAISON EN ENFER :

Il souffre de plus en plus et avait écrit à sa mère de lui envoyer de l'argent et des bas de rétention. La vie sur place ne lui convenait plus.

" Aden, le 30 avril 1891.

Ma chère maman,

J'ai bien reçu vos deux bas et votre lettre et je les ai reçus dans de tristes circonstances. Voyant toujours augmenter l'enflure de mon genou droit et la douleur dans l'articulation, sans trouver aucun remède ni aucun avis puisqu'au Harar nous sommes au milieu des nègres et qu'il n'y a point là d'européen, je me décidai à descendre. Il fallait abandonner les affaires, ce qui n'était pas très facile, car j'avais de l'argent dispersé de tous les cotés, mais enfin, je réussissais à liquider à peu près totalement. Je louais seize nègres porteur, je fis fabriquer une civière, et c'est là-dessus que je viens de faire, en douze jours, les 300 kms de désert jusqu'au port de Zeilah. Inutile de vous dire quelles horribles souffrances j'ai subies en route. Je n'ai jamais pu faire un pas hors de ma civière, mon genou gonflait à vue d'oeil et la douleur augmentait continuellement.

A l'hopital européen, le docteur anglais, dès que je lui ai montré mon genou, a crié que c'est une synovite, arrivée à un point très dangereux par suite de manque de soins et des fatigues. Il parlait tout de suite de couper la jambe. Ensuite il a décidé d'attendre quelques jours pour voir si le gonflement diminuerait un peu après les soins médicaux. "

Ne pouvant se faire soigner à Aden, il prend le bateau pour Marseille, où il entre à l'hopital de la conception. Il souffre terrilement, son genou étant devenu énorme. Le 22 mai 1891, il envoie un télégramme à sa famille, leur demandant de venir à Marseille, l'amputation était inévitable, il y avait danger de mort. Sa mère le rejoint. Entre temps, sa soeur Isabelle tombe malade. Madame Rimbaud, malgrè les larmes d'Arthur, rentre précipitamment le 8 juin pour soigner sa fille et pour le travail des champs.

" Marseille, 23 juin 1891.

 Ma chère soeur,

 ...Pour moi je ne fais que pleurer jour et nuit, je suis un homme mort, je suis estropié pour toute ma vie. Dans la quinzaine je serai guéri, je pense...Mais je ne pourrai marcher qu'avec des béquilles. Quand à une jambe artificielle, le médecin m'a dit qu'il faudra attendre très longtemps, au moins six mois ! "

 

25 octobre 1891...Sa vie s'achève dans une sorte de rêve continuel. appelant parfois Isabelle "Djami ", du nom de son jeune domestique à Harar.

Arthur Rimbaud décède le 10 novembre 1891 à l'hopital de la conception à Marseille. Quatre jours plus tard, il sera enterré à Charleville-Mézières. Le petit poucet est revenu à la maison...

 

"C'est de l'air pur Arthur, de l'eau de l'horizon. Singulière façon de respirer que de voler au vent la fraicheur du passé. Si l'immanquable passion virevolte aux fruits de tous les chagrins, il ne reste au bout de tous les comptes, qu'un peu de cet esprit, vif, serein, épanoui, comme une fleur fanée que ta sève a nourri. J'arrose chaque matin cette fleur oubliée. Elle ne demande rien...Ni aman, ni regret. Seulement de garder en son sein tous tes beaux mots d'amour...Tous tes jolis secrets..."


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7 réactions à cet article    


  • Richard Schneider Richard Schneider 16 avril 2015 15:38

    J’ai lu vos articles sur Rimbaud avec intérêt. Certes, celui qui apprécie un peu l’œuvre rimbaldienne, n’a peut-être pas appris plus qu’il n’en savait, mais la démarche de relier le plus souvent vie réelle et œuvre m’a semblé intéressante.


    • Delphus Delphus 16 avril 2015 17:23

      Oui monsieur Schneider, le but pour moi n’était pas de faire une explication de texte, mais de faire comprendre ce qui peu pousser un tel génie de la littérature, à tout abandonner pour s’adonner à ce qui allait à l’encontre de sa conscience. J’avoue moi-même ne pas avoir compris le sens de cette démarche qui reste un suicide intellectuelle, moral et physique. Ce grand écart entre sa vie et son oeuvre reste un mystère...


    • Gollum Gollum 16 avril 2015 17:32

      @Delphus

      Ce grand écart entre sa vie et son oeuvre reste un mystère

      Peut-être parce qu’il avait compris que c’était une escroquerie ? Rimbaud au départ voulait changer la vie au moyen de la poésie. Mais est-ce que la poésie est réellement adaptée à cet ambitieux projet ? On peut en douter et on peut se demander si finalement Rimbaud n’est pas parvenu à la même conclusion..

    • Delphus Delphus 16 avril 2015 17:55

      Pas seulement au moyen de la poésie. Il voulait changer le monde en prenant les armes. Du temps de la commune, et même si nous ne pouvons préjuger de rien, il était tout de même prêt à en découdre...Prêt a tuer...Ce n’est que lorsque cette révolution échoua, qu’il se mit a écrire sur le sujet. Peut-être oui, que cet acte manqué l’a précipité dans les bras d’un système que, du temps de sa vie d’écrivain, il n’avait jamais cessé de vilipender avec haine et violence. Passer, même par dépit, du combat contre les bourgeois au désir d’en devenir un, là est le mystère...


    • Delphus Delphus 16 avril 2015 17:58

      Maintenant, et malgré son génie, il ne faut pas oublier que c’était un enfant...« On n’est pas sérieux quand on a dix sept ans... »


      • bakerstreet bakerstreet 18 avril 2015 15:11

        Joli travail qui lit l’oeuvre et l’homme. Il s’était opéré vivant de la poésie, a dit quelqu’un, peut être Aragon, je ne sais plus très bien. 

        Bien sûr il a arrête d’écrire, mais a néanmoins continué à porter la poésie, sublimée, fantasmée, le gâchis et tous les ors de l’existence. 
        Et bien que se condamnant à mourir très jeune, il s’est condamné à vivre la jeunesse éternelle, par le biais de tant d’adoptions, de reconnaissances en lui.
         Une sorte d’étalon mètre de la fureur, un laminoir de l’extase..
        Depuis Rimbaud, on ne descend plus les fleuves impassibles comme avant. Le grand fantôme est là, tient la main aux orphelins des étrennes. 
        A moins que ce soit un petit garçon. Il pleure sa jambe en moins. On ne sait que dire pour le consoler. Il refuse les statues. Il dit qu’il n’aurait jamais du partir de Charleville. Mais il a la fièvre, et celle ci n’a rien plus rien à voir avec celle des alexandrins. On lui éponge le front comme on peut, en versant des pleurs, en souriant aux nuages et aux vagues, en lui promettant qu’on retrouvera les contrebandiers d’armes. Et puis qu’il aura une pension en rentrant au pays, et que tous seront là pour le fêter, le porter sur le cœur, même le professeur Izambard et son bon sourire.
        J’ai porté toujours avec moi, dans tous les voyages, et les immobilités de l’âme, ce petit livre que j’avais acheté à 15 ans, et dont j’avais appris par cœur les vers. Une sorte de paletot idéal qui me tenait chaud au cœur, par les jours froids de l’hiver. Et un cataplasme de l’âme pour les saisons à venir.

        • Delphus Delphus 18 avril 2015 18:20

          Merci monsieur Bakerstreet pour ce joli texte. Il a trempé sa plume dans le miel et l’acide, ce qui donne l’impression que son oeuvre s’adresse à tous les âges. Pour moi c’est un testament pour la jeunesse. Venant d’une âme de freluquet. La grande maturité de ses textes est trompeuse. C’était un enfant en habit d’homme. Et même, en habit de prophète. Un voyant comme il l’a dit lui-même. Déstabilisant tout de même pour un petit poucet rêveur...


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