• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile


Commentaire de Marsupilami

sur Le travail : bien rare, ou mal nécessaire ?


Voir l'intégralité des commentaires de cet article

Marsupilami (---.---.55.236) 10 avril 2006 14:38

Le Droit à la paresse est un texte de 1880, un véritable manifeste social dont le propos est centré sur dénonciation de la valeur du travail et l’idée que les hommes se font de celle-ci (rappelons que le mot « travail » vient du latin « tripalium », nom d’un instrument de torture...). Dans ce petit livre dense et riche qui reste d’actualité en ce début de XXIe siècle ultralibéral, capitalistique, exploiteur, esclavagiste et consommateur, Lafargue proposait de beaucoup moins travailler dans une optique certes marxiste-machiniste typique du début de l’ère industrielle, mais pas du tout dogmatique : « Nos machines au souffle de feu, aux membres d’acier, infatigables, à la fécondité merveilleuse, inépuisable, accomplissent docilement d’elles-mêmes leur travail sacré ; et cependant le génie des grands philosophes du capitalisme reste dominé par le préjugé du salariat, le pire des esclavages. Ils ne comprennent pas encore que la machine est le rédempteur de l’humanité, le Dieu qui rachètera l’homme des »sordidoe artes« et du travail salarié, le Dieu qui lui donnera des loisirs et la liberté ».

Le « droit à la paresse » que réclame Lafargue n’est pas synonyme d’indolence individuelle. C’est un programme politique ancré dans un projet collectif qu’on peut résumer ainsi : « puisque les machines peuvent travailler à notre place, pourquoi continuerions-nous à perdre notre temps en tâches fastidieuses et répétitives alors que nous pourrions l’occuper à d’autres activités conviviales, ludiques, culturelles et imaginatives ? ».

Lafargue écrivait aussi que « la morale capitaliste, piteuse parodie de la morale chrétienne, frappe d’anathème la chair du travailleur ; elle prend pour idéal de réduire le producteur au plus petit minimum de besoins, de supprimer ses joies et ses passions et de le condamner au rôle de machine délivrant du travail sans trêve ni merci (...) Une étrange folie possède les classes ouvrières des nations où règne la civilisation capitaliste. Cette folie traîne à sa suite des misères individuelles et sociales qui, depuis des siècles, torturent la triste humanité. Cette folie est l’amour du travail, la passion moribonde du travail, poussée jusqu’à l’épuisement des forces vitales de l’individu et de sa progéniture. Au lieu de réagir contre cette aberration mentale, les prêtres, les économistes, les moralistes, ont sacro-sanctifié le travail ».

Houba houba !


Voir ce commentaire dans son contexte





Palmarès