@JL
Sauf que la gauche a visiblement la gueule de bois et commence à basculer dans la mauvaise conscience au sujet de cette manifestation - trop de « français blancs des classes moyennes » ça fait mauvais genre - et à enclencher la broyeuse sémantique de la reductio ad hitlerum.
L’ampleur de la manifestation a surpris les médias qui n’ont pas vraiment eu d’autres choix que de surfer cette vague qui a permis de vendre beaucoup de papiers (presse en crise, hein...). Il est indéniable qu’il y a eu une manipulation politique, mais celle-ci a davantage consisté à détourner le sens de cette journée plutôt qu’à l’amplifier, avec Julien Dray à la manoeuvre comme au bon vieux temps de SOS. Déjà à cette époque, les arabes qui avaient défilé étaient sincères et réclamaient simplement l’égalité de traitement. C’est la gauche qui a ensuite survendu un récit antiraciste mythologique, comme elle a essayé de le faire avec la récupération « mythique » du 11 janvier.
Mais les gens qui ont manifesté l’ont fait sans aucune arrière-pensée. C’est là où l’argumentaire de Todd devient monstrueusement déterministe. Bien sûr, il ne faut pas perdre de vue le fait que « tout le monde n’était pas là », et analysé les ambiguïtés derrière ce grand mouvement ; mais de là à salir quatre millions de personnes au prétexte qu’elles se sont rassemblées pacifiquement (ce qui eut été sans doute impossible dans tout autre pays) sous l’effet du choc et pour manifester un sentiment de fraternité, à les accuser de racisme et leur prêter des intentions génocidaires « inconscientes », c’est simplement entrer dans un monde de pensée qui relève du délire d’interprétation voire de la paranoïa.