Siatom,
Tout le monde se souvient probablement du début de la seconde partie du « Discours sur l’inégalité » de Jean-Jacques Rousseau :
"Le premier qui, ayant enclos un terrain,
s’avisa de dire : Ceci est à moi, et trouva des gens assez simples pour
le croire, fut le vrai fondateur de la société civile. Que de crimes,
que de guerres, de meurtres, que de misères et d’horreurs n’eût point
épargnés au genre humain celui qui, arrachant les pieux ou comblant le
fossé, eût crié à ses semblables : Gardez-vous d’écouter cet imposteur ;
vous êtes perdus, si vous oubliez que les fruits sont à tous, et que la
terre n’est à personne.«
Cela devient au siècle suivant, sous la plume de Pierre-Joseph Proudhon : »la propriété c’est le vol« .
Jean-Jacques Rousseau s’est très bien dispensé toute sa vie, de posséder quoi que ce soit. Il aura même renoncé à cinq nourrissons issus de ses oeuvres et très généreusement confiés aux Enfants trouvés. On mettait volontiers à sa disposition, que ce soit chez Louise d’Epinay ou chez le Maréchal de Luxembourg, les petits logements confortables susceptibles de lui convenir.
Comme le »pauvre« du »Dom Juan« de Molière, il aurait pu lui aussi »prier le Ciel tout le jour pour la PROSPERITE des gens de bien qui [lui] donn[aient] quelque chose« ! Parce qu’enfin, malgré ses conceptions très révolutionnaires, il préférait quand même »faire sa cour" plutôt que forcer les serrures.
Mais tous les squatters n’ont évidemment pas la même possibilité que le petit Suisse de fasciner leurs dupes par des théories radicales et fumeuses. En tout cas, je ne sais pas ce que cet animal peut faire encore aujourd’hui dans les sous-sols du Panthéon, propriétaire d’un espace dont il serait grand temps de l’arracher pour le jeter enfin au Cagniard.