Haro sur l’empêcheur de ronronner dans la
bienpensance béate : ce serait tellement beau de ne pas soupçonner des
arrière-pensées un peu glauques chez un certain nombre de ces manifestants et de ne voir qu’un rassemblement de justes contre le mal !
Maintenant il n’est pas interdit, c’est même recommandé en matière
de santé mentale, de s’interroger à la fois sur les motivations des présents et
de relever que certaines catégories sociales manquaient à l’appel.
Emmanuel
Todd casse le miroir où d’aucuns affectent de se mirer, si beaux, si purs, avec
une complaisance plutôt malsaine : certains, sans doute les plus nombreux, ont cédé à l’émotion ( ce qui est estimable ) mais on ne peut exclure un opportunisme plutôt sordide pour d’autres.
Emmanuel Todd dont c’est le métier arrive donc à
des conclusions « blasphématoires » pour la geste épique de la nation réunie : constatons seulement que le soufflé est bien retombé.
Comme je ne suis pas en capacité de contester sa méthodologie,
je m’abstiendrai d’un avis tranché sur la question même si, au vu des réactions
outragées qu’il suscite, j’ai comme l’impression qu’il a fait mouche car rien
ne blesse plus que de mettre en doute de fausses vérités officielles.
Pour rabattre le caquet de tous ces tartufes indignés, nous noterons avec une certaine ironie que, dans la foulée d’une manifestation en hommage
à des dessinateurs et journalistes, victimes de l’intolérance et par conséquent un rassemblement pour la liberté d’expression, le parquet n’a rien trouvé de mieux que de poursuivre
l’humoriste Dieudonné, déjà mieux inspiré, pour un médiocre calembour.
Qui ne voit dans cette décision de justice une insulte à la mémoire des sacrifiés de Charlie Hebdo ? Il ne me semble pas que des foules se soient levées pour s’insurger devant cette incongruité.
Remarquons en outre, pour faire bonne mesure, la
présence dans la manifestation ( mais à l’écart tout de même ) d’une belle brochette
de représentants étrangers auprès de qui les frères Kouachi et
l’énergumène Coulibaly ne furent que des lamentables tâcherons dans l’exercice du
métier de tuer ou de faire assassiner.
Un compagnonnage qui jette comme une ombre sur la manifestation.