@Robert Lavigue
Sauf qu’en toute affaire on n’est jamais si bien servi que par soi même : pour le bénéficiaire du spectacle il vaut mieux pouvoir maitriser de bout en bout le scénario, la distribution, la mise en scène, le tournage, le montage et la diffusion, plutôt que de compter sur d’hypothétiques amateurs qui risquent de faire là où on ne les attend pas.
Lorsqu’on rentre dans la pensée complotiste et qu’on commence à penser les évènements en terme de spectacle, des faits qui, de prime abord paraissent fortuits, donnent tout à coup à la scène un nouvel éclairage. Oh , bien sûr, il ne s’agit pas là d’éléments de preuves, ceux-ci ne pouvant se trouver que dans des faits objectifs qui devraient normalement être mis à jour par l’enquête, mais qui n’aura pas lieu. Ici pas d’élément qui à lui seul puisse arracher la décision mais une accumulation de dissonance qui devrait à minima, conduire au doute, voir même à la certitude.Je ne les reprends pas.
Je veux juste illustrer par deux exemples la marque du spectacle dans le crime :
- La différence de traitement médiatique de l’assaut à Dammartin et celui de l’hypercacher : pour le premier, les média sont tenus à l’écart, il n’y a aucune médiatisation de l’assaut. Pour le second, dont on comprend vite à l’examen du lieu que celui-ci, a été choisi pour ces qualités cinématorgaphique : l’hypercacher est, sur le rond point de la porte de Vincennes, comme sur un plateau de cinéma, 6 caméras peuvent le filmer simultanément sous divers angle et des photographes peuvent être judicieusement placées pour permettre la réalisation de photo haute définition rendant bien effrois des otages à leur libération.
On comprend ici que le sujet du jour est l’hypercacher et l’antisémitisme, et plus comme pour le premier jour, Charlie Hebdo et l’atteinte à la nation. Les deux sujets sont traités simultanément sans que l’un ne vienne occulter l’autre.
- le deuxième exemple est celui de la carte d’identité. A l’évidence, elle ne sert à rien dans la résolution de l’enquête. Les frères Kouachi ayant la gentillesse de se livrer eux-même à la police et de choisir le suicide by cop, attitude par ailleurs en contradiction avec l’usage de cagoules lors de l’attaque, mais passons. Non, si la carte d’identité est trouvée si rapidement, et avant le dénouement, c’est qu’il importe d’identifier les agresseurs pour pouvoir mettre en route la « boite à penser ». Les médias peuvent commencer à glosser sur les terroristes, leur parcours, leurs motivations : il s’agit d’éviter que s’installe le doute, soit sur la nature des criminels, soit sur l’éfficacité de la police. Ainsi, la carte d’intendité n’est pas un élément de l’enquête, mais un élément du spectacle, elle entre dans le processus de manipulation en permettant de construire le discours sur le crime.