Il cherche une relation politique au fanatisme islamiste des auteurs entre les attentats de Boston d'une part et les attentats de Paris d'autre part.
Craig Roberts va tout de suite dans l'analyse politique des attentats de Paris -sans passer par l'émotion- pour rentrer dans la phase réflexion -indispensable -sur les causes supposées du fanatisme exalté dans les attentats.
On peut rétorquer d'entrée de jeu que Paul Craig Roberts va parfois errer dans la théorie du complot. Est-ce suffisant pour jeter le bébé avec l'eau du bain et faire ainsi l'économie de son interprétation des deux affaires ?
La question sous-jacente est celle-ci : "quelle explication politique à ce fanatisme dans des actes d'un islam exterminateur vis à vis de l'occident ?. " S'agissant de religions, on pourrait penser que... ça tombe du ciel.. mais même le paroxysmique a des causes bien réelles et matérialisées.
Selon lui, les mobiles des djihadistes de Paris sont à rapprocher des motivations des frères Tsarnaev, ressortissants canadiens qui les ont conduit à poser une bombe au marathon de Boston il y a deux ans (début janvier 2015 Tsarnaev n'était pas encore condamné à mort). Selon Graig Roberts le combat djihadiste dans le contexte international a sa source dans la politique belliciste américaine (s'agissant de l'épisode de Boston d'abord) agissant comme ferment dans d'autres attentats. La chaîne c'est : action/réaction, un processus bien connu mais vite oublié par les protagonistes.
On résume : responsabilité vindicative des USA depuis plus de 15 ans et, à la même enseigne, du gouvernement français dans sa récente politique extérieure, ceci oeuvrant globalement contre la paranoïa islamiste, portant une fatwa pour blasphème envers Mahomet à l'encontre des caricaturistes ; est donc mis en exergue l'interventionnisme du gouvernement français pour son rôle de caniche des USA et de leur supplétifs anglais.
La France, par la gestion Sarkozy/Hollande est devenue partie prenante d'interventions militaires "tout azimut" en terre arabo-musulmane, on rappelle : en Libye, Mali, Centre Afrique, Syrie (associé d'Al Nostra). On inclura dix années d'intervention avec "les alliés", en Afghanistan, histoire de ne pas laisser rouiller le matos.
La France visée, pourquoi donc ? un leurre... La France est bien un acteur majeur sur le théâtre des conflits. Il n'y a jamais de fumée sans feux, avec retour de boomerang. Et dans ce cas, c'est bien connu, on ne choisi ni les armes ni la méthode, encore moins la date. Dans un combat asymétrique.
Pour résumer, les autorités françaises font la guerre, hors du territoire national, avec un rôle -perçu- de belligérants qui touche in fine des populations civiles, face à des combattants du cru qui ont des mobiles (prosélytisme religieux ,politique de conquête territoriale, insurrection). Et il se crée en outre des ennemis "de l'intérieur" loups solitaires intoxiqués à la propagande, ou encadrés par des réseaux. Et ça donne le résultat que l'on sait.
Craig Roberts développe son interprétation des visées mondiales de la politique américaine interventionniste. Il rappelle, pour illustration du jeu manichéen, l'opération "Gladio" des américains des années 70 en Italie et de l'attentat meurtrier à la gare de Bologne. Attentat tout d'abord prêté à l'extrême gauche puis, ensuite aux néo fascistes italiens, puis, puis... depuis on sait que les "années de plomb" ont été totalement agencées et manipulées par la CIA en Europe laquelle avait infiltré les milieux gauchistes en période de guerre froide pour les faire s'affronter avec les néo fascistes afin de déstabiliser le processus légal démocratique, dans l'esprit du renversement d'Allende au Chili, même période. Le PC italien était aux portes du pouvoir par les élections ; il était alors le plus important PC d'Europe. Par cet attentat traumatisant ou l'on jetait les bases d'une guerre civile on a ainsi créé "un choc" afin de sapper la montée du Parti communiste italien qui s'était affranchi du PC de Moscou le qualifiant de post stalinien.
Beaucoup d'historiens ont conclu depuis avec le recul que c'était bien au minimum un montage stratégique -machiavélique- de la CIA avec ses agents infiltrés pour reprendre la main en Europe. (le PC français était proche de 20% et le PC italien proche de 30 %).
Pour la période récente des attentats islamistes, il semble que Paul Craig Roberts trouve les causalités suivantes pour expliciter les attentats de Paris :
1/ par la situation existentielle des musulmans en France et en Europe qui subiraient une "islamophobie latente", corroborant par avance le discours d'Emmanuel Todd sur le conglomérat hybride de la manif du 11 janvier, sur la stigmatisation de la population musulmane confinée dans les quartiers "pauvres" et qui deviendrait un bouc émissaire (rien n'accrédite cependant la vision sociale de Todd, qui induit pauvreté= révolte et/ou fanatisme, ce qui n'est pas avéré historiquement. L'appel au puritanisme islamique avec l'exaltation à la pureté rédemptrice est plus crédible).
2/ par l'allégeance française à l'axe atlantico-sioniste par son interventionniste meurtrier dans les guerres en terre d'islam.
Pour autant, il faut rappeler que les actes moudjahid "franco-français" perpétrés sur le sol français ou ailleurs, au mobile de "la guerre sainte à l'occident " est la marque d'un retour religieux identitaire moyenâgeux. Comparaison n'est pas raison et explication n'est pas justification. Les fanatiques fous d'Allah (ou du Pentagone) n'ont pas de justification à faire valoir. Mais aussi il faut quand même se poser les- questions, sinon ce serait une vision simpliste, binaire et caricatural avec "l'axe du mal contre l'axe du bien" (de GW Bush et du Pentagone, le fer de lance des visées des néo-conservateurs depuis la première guerre d'Afghanistan pour contrer l'Union soviétique ).
Par contre il n'est pas sain de se servir de l'indignation -légitime- des français au 8 janvier pour les embrigader culturellement d'abord puis militairement ensuite, dans une guerrilla des civilisations. Choc des cultures religieuses oui cela y ressemble, il n'y a qu'à le constater depuis la guerre ethnico-religieuse de Yougoslavie. Restons intraitable sur la Laïcité et les valeurs républicaines. Mais guerre des civilisations non pas. Car justifier ainsi les guerres au proche orient c'est faire le jeu du djihad, de Daech et sa quête en divinité de lutte intra-religieuse (entre chiites/sunnites) et envers un supposé camp des "croisés de l'occident". En France il y a eut la Révolution française en 1789 et l'avènement des philosophes des Lumières. En évocant des supposés "croisés de l'occident chrétien" ou mécréants, c'est du roman arriéré et destructeur. Ne pas confondre avec des racines chrétiennes de l'Histoire. Il n'y a pas à s'inscrire au scénario que l'on nous propose exaltant les Etat/nations dans la lutte à mort d'un camp chrétien (ou impie) occidental. Ou bien made in protestant USA, versus le camp des fous de d'Allah de l'islam littéral wahhabite. Celui qui est véhiculée par l'Arabie Saoudite avec qui on fait néanmoins des affaires...comme avec le rigoriste Qatar, Etat esclavagiste hors pair. Enfin, on n'oublie pas le rôle obscur de la Turquie d'Erdogan, tête de pont des volontaires au djihad -celle ci pourtant ancré dans l'OTAN- qui au passage chasse sa minorité Kurde et tente aussi de déstabiliser Assad élu démocratiquement. Le président syrien reçu à l'Elysée de Sarkozy (? !..) afin de lui fourguer des armes avec vitrine du défilé militaire du 14 juillet svp. Lequel président Assad protégeait toutes les minorité religieuses en Syrie par tradition et souci de la mosaïque historique inter confessionnelle syrienne, à opposer au chantier actuel issu d'une déstabilisation fomentée, créant de nombreux morts de part et d'autre et sur lequel surfe Daech, l'Etat Islamique auto proclamé Califat.
Nous n'avons pas à être en guerre contre l'islam comme nous exhortait M. Estrosi député UMP maire de Nice, sans doute exalté de Dieu chrétien, qui veut nous faire monter les uns contre les autres. Ce type avec sa sainte vision essentialiste est dangereux pour la République. Il est une honte pour le sénacle des députés français, par opposition à ceux de la déléguation auto investie des sénateurs qui ont la eu la lucidité d'aller -pour s'informer- sur place de la vision globale sur le conflit par Bachar lui même.
L'autre argument soulevé par Craig est de souligner le "deux poids deux mesure" en France (comme aux US qui chassent à mort Edward Snowden ) sur le logiciel de la liberté d'expression des pays démocratiques.
Il dit en résumé qu'en France la religion musulmane peut bien se sentir insultée (ressenti) par des dessins (principe de blasphème) beaucoup de monde se lâche contre l'islam mais..que, à l'encontre, quand il s'agirait de blasphémer des ressortissants d'une autre communauté (on comprend des juifs) alors là c'est interdit... et c'est puni, au nom de la mémoire par le prêt à penser de tous les intellectuels, de tous les médias presse et radio, le CRIF, la LICRA, par un Manuel Valls (dit manu la tremblotte) sulfureux/galvanisé, mais aussi par les tribunaux. Circulez, y'a rien à voir.
Sur ce il faut reconnaître la pertinence de Craig (argument lapidaire soulevé par des mômes musulmans issus de l'immigration sautant sur de la provoc identitaire -infantile- dans les écoles, lesquels n'étaient pas tous en adhésion avec la simplification du mot d'ordre "je suis charlie"). Question de ressenti culturel ? Allez savoir.
En tous cas, mot d'ordre qui manque de nuance=réplique qui manque de nuance. C'est du basique.
Ne pas oublier qu'en dialectique, pour toucher les gens en conscience il faut tenter d'être soi même objectif sinon irréprochable sur des valeurs supposées communes.
Si l'on veut s'en sortir, il faudra une désescalade militaire illico presto de la France en terre d'islam, terre qui ne nous regarde plus au plan tutoral malgré nos intérêts commerciaux et à laquelle nous n'avons pas à tenter d'imposer quoi que ce soit ni à favoriser un régime. Il y a un monde musulman voir y compris des Républiques musulmanes (concorde). C'est leur paradigme, c'est ainsi. C'est pas terrible ? on peut le penser, mais c'est ainsi. Chacun est maître chez soi et du choix de ses dirigeants.
En revanche rien ne nous empêche de dénoncer le dogme de la Charia rédemptrice rétrograde. L'opinion est permise, l'intervention c'est autre chose c'est le plus souvent de l'ingérence conjoncturelle. D'ailleurs reconnaître la souveraineté n'implique en rien l'adhésion culturelle ou philosophique. Et chez nous il nous revient d'empêcher le prosélytisme, le communautarisme exacerbé, de défendre les valeurs républicaines et laïques ; sachant que nous n'avons pas à les exporter pour les instaurer à des hommes de main (de "vrais démocrates labellisés") du grand business, des hommes de pouvoir que l'on placerait selon l'obédience (via BHL, Kouchner, Fabius) que l'on déplacerait (jusqu'à l'assassinat ?) sous couvert des "droits de l'homme ".
D'ailleurs, en "soft" pour être équitable, on pourrait commencer par ne pas vendre des Rafales à des pays autocrates, eux mêmes en guerre, mettre l'embargo commercial sur Israël, qui mène une politique racialiste et discriminatoire dans les territoires annexés, qui bombarde Gaza faisant des milliers de morts à raison de 95 % civils et avec un mur de la honte ; les émirats du Golfe adeptes de la Charia, de la lapidation, de la peine de mort, des femmes sous citoyennes, sans liberté de partis, de la presse et d'associations, sans libertés philosophiques, niant les autres religions, avec pratique de la lapidation et coups de fouets pour l'infidèle. L'embargo ? on le fait bien vis à vis de l'Iran (même de la Russie et Cuba) pourquoi seulement faire crever les iraniens dans ce cas ? Pourquoi une telle "stigmatisation" de certains pays et pas d'autres qui sont belliqueux et qui font des morts à la louche ? C'est donc une question que personne ne se pose dans la presse ?? (sauf peut-être Médiapart ou le Monde Diplomatique.. franchement c'est pas lerche).
Partir en guerre pour arbitrer à l'infini des conflits inter ethniques ou inter religieux (chrétiens vs musulmans comme au Mali ou au Centre Afrique demain ailleurs) il faut laisser tomber. Faire confiance à Sarkozy ou Hollande, chefs des armées pour ouvrir des fronts au nom de la France ? Niet, même pas en rêve. Défense nationale veut dire défense du territoire national stricto sensu. Et non pas exportation d'un quelconque nationalisme français arborant les "droits de l'homme". Si les droits de l'homme c'est de tuer par ingérence au "nom de" alors il faut brûler les dicos.
L' Afrique est un continent en éveil et ils devront s'en sortir idéologiquement ou spirituellement par eux mêmes. Sinon cela nous retombera sur la tête car il y aura toujours des ressentiments pour ceux qui auront perdu le match et qui feront des confusions par frustration. Voyez le cas au Rwanda, clairement le corps expéditionnaire français, seule force internationale reconnue par l'ONU, n'aurait pu, ne pouvait éviter les massacres inter ethniques pour arbitrer les belligérants. Et pour conclusion ? les deux camps lui tombent dessus en terme de responsabilité. Demandez donc à Mr Paul Kagamé mis au pouvoir de dire merci la France... Au contraire pour se réconcilier avec ses ethnies il lui faut trouver un bouc émissaire qui va fédérer l'Etat. C'est du Machiavel pur jus.
En nous déclarant être "entré en guerre", ou "c'est notre 11 septembre", etc.. du fait des attentats criminels contre les journalistes de Charlie, c'est rentrer sans discernement dans le jeu des djihadistes (je n'emploie plus le terme "terroriste" terme labellisé par la gestapo sachant qu'il s'appliquait aux résistants français par la propagande allemande).
Voir l'article de Paul Craig émanant du site "Arrêt sur info" contenant quelques vérités, même si l'on n'est pas d'accord avec l'ensemble des points de son analyse à chaud du 8 janvier 2015.