Pour les présidentielles de 1988, le candidat
communiste, André Lajoinie, fait de la Communauté économique européenne
sa cible privilégiée : « Aujourd’hui, dans les faits, la CEE tant
vantée par nos gouvernements, ce sont : les quotas, la casse et le
chômage, la déréglementation, la soumission aux États-Unis, qui
affaiblissent la France… Mitterrand, comme Chirac, se présente en
champion de « l’Europe de 1992 », si néfaste pour notre pays et
notre peuple… Qu’est-ce que cela signifie ? C’est écrit noir sur blanc :
moins de pouvoir d’achat, moins d’emplois, moins de droits, plus de
difficultés dans les villes et les campagnes, la France encore
affaiblie. Je suis le candidat des Françaises et des Français attachés à
l’identité de leur pays et à sa totale liberté d’action. Le grand
marché européen sera, dès lors, avant tout, le grand marché des
capitaux, malsain et parasitaire, une Bourse sans frontières pour les
gros spéculateurs. »
Jean-Marie Le Pen, lui, se tait sur ce sujet : « Avec vous je me bats pour que le nom de la France et de l’Europe continue de briller dans le monde. » Mieux, « l’Europe de 1992 », le frontiste s’en félicite plutôt dans son programme :
« Économie. Moins d’impôts, moins de bureaucratie. Pour une
adaptation de notre économie à l’échéance européenne de 1992 par une
réduction des charges fiscales et sociales (taxe professionnelle
notamment) qui pénalisent les entreprises françaises face à leurs
concurrentes étrangères et par une remise en cause de l’impôt sur le
revenu qui décourage l’activité et l’initiative économiques. Comment ?
En imposant une cure d’amaigrissement à l’État. »
Cette « Europe de 1992 », le tribun FN n’envisage pas de la combattre, seulement de s’y « adapter ».
L’Union n’est pas présentée, alors, comme un ennemi, mais plutôt comme
un adjuvant : grâce à elle, les vues libérales s’imposent.