Je pense que ce témoignage est à la fois sincère et honnête, et qu’il décrit une réalité - vue d’une fenêtre obtuse.
L’école actuelle est toujours construite sur le modèle taylorien et fordiste des classes d’âge, avec une vision verticale du pouvoir d’une administration centralisée. Le modèle de production fordiste est totalement dépassé et le modèle keynésien qui a suivi (reposant autant sur la consommation que sur la production) est en train de sombrer.
Comme dit Bernard Stiegler, l’emploi nous fait faire autant d’âneries que de choses utiles, et surtout l’emploi n’est pas le travail. Et dans ce bouleversement là, l’école ne peut évidemment qu’en être profondément affectée, directement et indirectement. Peut-être qu’un professeur retraité qui a enseigné les lettres et la philosophie peut s’intéresser à un philosophe contemporain qui compte, c’est une suggestion en passant...
On peut regretter un modèle scolaire du passé, ce n’est pas celui-là qui donnera des perspectives de promotion sociale comparable à l’intégration que l’ancienne société de croissance économique ouvrait. Nos enfants devront construire avec intelligence dans une société avec moins d’emplois, moins de gaspillage énergétique, avec des perspectives que nous ne savons même pas décrire. Sauf qu’il faudra moins dépenser, mais penser tout autant, faire attention aux pièges et savoir collaborer contre les Big Brother. Voilà de quoi revisiter nos classiques, Orwell peut rester dedans !
Le modèle scolaire est en crise parce que le modèle social est en crise, et non pas l’inverse. La description de la réalité scolaire doit être faite sans pitié, il y a de vrais problèmes mais ils ne sont sûrement pas essentiellement ce qu’en dit ce témoignage. Je suis attristée d’être d’accord avec Gabriel Cohn-Bendit, plus âgé que vous : il faut d’abord sortir les enseignants de leur enclos, remettre les enfants et l’apprentissage dans la société plus globalement.
Je suis vraiment désolée d’être sans doute désagréable. J’ai une fille à l’école primaire, pas de télé, pas mal d’internet (mais pas de Facebook), je vois bien que les enseignants ont un savoir-faire mais aussi qu’ils sont prisonniers d’un monde parcellisé absurde où les enfants sont infiniment plus coupés du monde des adultes que ne l’étaient les enfants de la Guerre des boutons d’Yves Robert.