Caroline Fourest fait son beurre sur
l’éloge du blasphème, un droit que d’ailleurs personne de sensé ne lui conteste, mais on peut s’interroger sur l’étrangeté de la formulation : on pourrait faire
l’éloge du rationalisme, de la science ou de la philosophie mais aucune de ces
disciplines n’implique l’obligation du blasphème, c’est-à-dire de la
provocation gratuite vis-à-vis de leurs fondements : on peut très civilement dire à
quelqu’un qu’il se trompe, il est assez malvenu de le traiter d’imbécile parce
qu’il ne partage pas vos convictions.
Le concept développé par Caroline Fourest
est au demeurant foireux puisque le blasphème ne peut par définition émaner que
d’un croyant.
Venant d’un mécréant, ce que prône Caroline Fourest ressemble plutôt à un acte
d’incivilité délibéré à l’égard de certaines communautés religieuses.
On peut le comprendre de caricaturistes dont
c’est le rôle de choquer et de jouer les bouffons du roi, on peut difficilement
l’admettre d’une chroniqueuse qui se prétend sérieuse.
Sauf à considérer qu’elle n’a pas écrit un livre de
raison mais un pamphlet engagé.
Vouloir choquer gratuitement un croyant
n’est en tout cas ni un acte de résistance ni une manifestation d’intelligence
supérieure .
Il fut un temps avant-guerre où les
transgressions de toute nature - surtout antisémites - furent associées à la
liberté d’expression.
Reconnaissons qu’aujourd’hui il y a moult exemples où cette liberté
d’expression est poursuivie devant les tribunaux et certains dissidents de la
pensée formatée sont écartés des tribunes médiatiques au prétexte de
cerveaux malades.