Au Daemon d’Olivier personnalisé par son vieux africain ....
« FAUST. - ... Eh bien ! qui donc es-tu ?
MÉPHISTOPHÉLÈS. - Une partie de cette force qui veut toujours le mal, et fait toujours le bien.
FAUST. - Que signifie cette énigme ?
MÉPHISTOPHÉLÈS. - Je suis l’esprit qui toujours nie ; et c’est avec
justice : car tout ce qui existe est digne d’être détruit, il serait
donc mieux que rien ne vînt à exister. Ainsi, tout ce que vous nommez
péché, destruction, bref, ce qu’on entend par mal, voilà mon élément.
FAUST. - Tu te nommes partie, et te voilà entier devant moi.
MÉPHISTOPHÉLÈS. - Je te dis l’humble vérité. Si l’homme, ce petit monde
de folie, se regarde ordinairement comme formant un entier, je suis,
moi, une partie de la partie qui jadis était le Tout, une partie de
cette obscurité qui donna naissance à la lumière, la lumière
orgueilleuse, qui maintenant dispute à sa mère la Nuit son rang antique
et l’espace qu’elle occupait ; ce qui ne lui réussit guère pourtant, car
malgré ses efforts elle ne peut que ramper* à la surface des corps qui
l’arrêtent ; elle jaillit de la matière, elle y ruisselle et la
colore**, mais un corps suffit pour briser sa marche... »
GOETHE : FAUST (1770-1806), traduction de Gérard de Nerval.