J’ai une autre vision des choses qui parlera certainement plus au lecteur lambda.
« Argent » ? C’est quoi, au juste ?
Il n’y a pas d’argent, il n’y a que de la dette de banque.
Le chiffre sur votre compte en banque, c’est ce que votre banque vous
doit parce que vous avez consenti à lui laisser vos avoirs : mais
concrètement vous n’avez rien dans les mains.
Le chiffre sur votre billet de banque (ou sur vos pièces, c’est
pareil), c’est ce que la BCE vous doit : concrètement, tout ce que vous
avez dans les mains, c’est un morceau de papier, une reconnaissance de
dette.
Ce qui fait la « valeur » de cette dette de banque, c’est le cours
légal, qui impose par la force de l’utiliser comme instrument monétaire.
On n’en a donc pas conscience, mais nous avons fondamentalement une
monnaie de régime autoritaire et répressif, et non une monnaie de pays
prétendument libre.
Tant que les gens utiliseront le mot « argent », ils s’imagineront
qu’ils ont réellement quelque chose dans les mains, de valeur et
indépendant de toute influence et prise d’intérêt externes (notamment
des banques), comme pouvaient l’être les pièces d’or autrefois. …et ils
se feront enfumer. Utiliser le mot « argent », c’est du
novlangue.
Utilisez « dette de banque » au lieu de « argent » dans vos réflexions, vous verrez, ça éclaircit pas mal de choses.
Concernant ces retraits de billets, on retire en fait aux banques
privées leurs créances sur la BCE, qui leur servent de « matière
première » pour émettre leur propre dette avec un monstrueux effet
levier (la réserve fractionnaire). On retire mécaniquement d’autant la
quantité de monnaie en circulation, ce qui n’est pas forcément le mieux
pour l’économie…
Ça peut être sympa de se dire qu’avec un bank-run on va faire fléchir
une banque, mais il ne faut pas perdre de vue que dans ce système
monétaire basé sur la dette et le cour légal, leur dette c’est nos
avoirs, notre capital, nos échanges commerciaux quotidiens.
Souhaiter un bank-run sans réfléchir d’abord à une réforme profonde du système monétaire,
ça n’est donc vraiment pas malin, car c’est le chaos assuré, et ce ne
sont pas les politiques et banquiers qui trinqueront en premier, loin de là,
mais bien le citoyen ordinaire.
Personnellement je regrette la couardise (pour ne pas dire traitrise) de nos politiques vis-à-vis de
la réforme du système monétaire, jamais plus abordée alors que le sujet
avait été mis sur la table lors de la crise de 2008, (http://www.lemonde.fr/economie/article/2010/11/09/les-differentes-voies-pour-reformer-le-systeme-monetaire-international_1437462_3234.html). Hélas ce fut vite
oublié.
Bien à vous.