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Commentaire de Renaud Bouchard

sur Pourquoi De Gaulle a-t-il tout lâché devant ce « monstre » de Jean Monnet ?


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Renaud Bouchard Renaud Bouchard 21 juillet 2015 08:10

@L’auteur.Bonjour. Votre billet pourrait constituer une bonne introduction à un article auquel vous n’apportez pas de réponse. sans doute y aura-t-il une suite que je lirai avec intérêt.Le sujet est difficile et mérite une étude préparatoire approfondie tant le sujet « Monnet-De Gaulle-USA » est radioactif.Le fait est qu’il révèle ce que peu de gens avaient perçu mais que la Vulgate interdisait de critiquer, à savoir que les « Pères fondateurs » de l’Europe n’ont jamais plus été que des agents très zélés d’une entreprise de sujétion américaine dans laquelle l’idée même d’une souveraineté européenne était inimaginable.Il existe un corpus d’informations remarquables dans les travaux d’ Anne Riz-Lacroix que vous connaissez bien évidemment mais qui demeurent une ligne directrice fort utile pour éviter les erreurs d’interprétation que recèle l’histoire contemporaine.cf en ce sens la recension effectuée par Jacques-Marie Bourget à propos du passionnant ouvrage d’Annie Lacroix-Riz ci-après :


Annie Lacroix-Riz : Aux origines du carcan européen (1900-1960) , coédition Delga-Le temps des cerises, avril 2014, 15 euros.

http://www.initiative-communiste.fr/articles/europe-capital/aux-origines-du-carcan-europeen-nouveau-livre-dannie-lacroix-riz/

Extrait :

Le 12 juillet 1947 s’ouvre à Paris la « Conférence des seize ». Les canons nazis sont encore chauds quand l’Allemagne et les États-Unis pleurent à nouveau sur le sort de la Ruhr. Si bien qu’en marge de la Conférence, Anglo-américains et Allemands tiennent des réunions parallèles afin de faire la peau aux désirs de la France. Pour une fois Paris tient bon. Furieux, les Américains envoient un émissaire afin de « réécrire le rapport général de la Conférence ». Dans le bon sens. En particulier six points sont dictés par Clayton, le Secrétaire d’État au Commerce. Ils résument le programme commercial et financier mondial, et donc européen, de Washington. Les États-Unis exigent la mise en place d’une « organisation européenne permanente chargée d’examiner l’exécution du programme européen ». Ce machin sera l’OECE. Il préfigure « notre » Europe. Et Charles-Henri Spaak, premier président de l’Organisation Européenne de Coopération Économique, n’est qu’un greffier appliquant les consignes américaines.

Quant aux héros que nous célébrons, scrutin européen oblige, « les pères de l’Europe », à la lecture de Lacroix-Riz on n’a guère envie d’être leurs enfants. Jean Monnet ? D’abord réformé en 1914, marchand d’alcool pendant la Prohibition, fondateur de la Bancamerica à San Francisco, conseiller de Tchang Kaï-Chek pour le compte des Américains. Puis, à Londres en 1940, Monet refuse de s’associer à la France Libre pour, en 1943, devenir l’envoyé de Roosevelt auprès du général Giraud… Voilà un homme au profil idéal pour mettre sur pied une Europe libre. Dans ce jeu de famille vous voulez un autre « Père » ? Voilà Robert Schuman, autre icône. Un détail de la vie du héros suffit à le qualifier : à l’été 1940 il vote les pleins pouvoirs à Pétain et accepte en bonus d’être membre de son gouvernement. Après guerre, Schuman sera mis en pénitence, ce qui est une pratique ordinaire pour un si bon catholique. Puis, le passé oublié, il va pousser à la roue d’une Euro-Amérique : capitaliste, chrétienne se développant sous la serre de l’OTAN.


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