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Accueil du site > Tribune Libre > Pourquoi De Gaulle a-t-il tout lâché devant ce « monstre » de Jean Monnet (...)

Pourquoi De Gaulle a-t-il tout lâché devant ce « monstre » de Jean Monnet ?

Depuis qu’il avait agi en 1943, à Alger, avec le général Giraud contre les prétentions de Charles de Gaulle, Jean Monnet avait une très mauvaise opinion du chef de la France Libre.

Ce qui rend d’autant plus stupéfiante la mesure prise à son profit le 3 janvier 1946 par le président du Gouvernement provisoire. C’est qu’au-delà de Jean Monnet, De Gaulle cherchait à se refaire une réputation auprès du nouveau président des États-Unis, Harry Truman, dont nous l’avons entendu dire, en présence de René Capitant et de Claude Guy, à Colombey-les-Deux-Églises, le 15 octobre 1946, qu’il ne "voulait pas jouer sur [lui] à fonds perdus" dans la mesure où rien ne lui permettait "à l’époque considérée, de faire fond sur [lui]".

Penchons-nous, par exemple, sur ce que Jean Monnet s’était permis d’écrire à partir du discours prononcé, par de Gaulle, à Londres, le 4 mai 1943 :
« C’est le type parfait du discours hitlérien et l’application de ses méthodes. Ceci étant, il faut se résoudre à conclure que l’entente est impossible avec lui :
- qu’il est un ennemi du peuple français et de ses libertés ;
- qu’il est un ennemi de la reconstruction européenne dans l’ordre et la paix ;
- qu’en conséquence, il doit être détruit, dans l’intérêt des Français, des Alliés et de la paix. » (Éric Roussel, page 335)

Tout ceci étant ponctué par cette formule, répétée et plus que terrible (même s’il convient de l’entendre dans la seule dimension politique) :
« Il faut donc le détruire. » (page 335)

Or, Jean Monnet, avec ce genre de propos, n’adressait pas ses plaintes à n’importe qui. Le voici écrivant, depuis Alger, à Harry Hopkins, conseiller spécial auprès du président des États-Unis, Franklin Roosevelt (toujours en fonction à ce moment-là), ce qu’il pense de De Gaulle à partir du même discours du 4 mai 1943 :
« Il ne tient pas compte de toutes les négociations passées, dont l’objet a été de rechercher l’unité entre Londres et Alger. Il ne mentionne même pas la proposition de Giraud. Il se débarrasse de Catroux avec quelques mots polis. Il décrit les réels progrès accomplis ici sous un éclairage absolument faux. Il menace ou tente de débaucher les membres de l’administration et de l’armée ici. Il ne dit pas un mot de la question essentielle du futur gouvernement provisoire de la France. Il insiste sur le fait que lui et son groupe ont reçu un mandat du peuple français et qu’il doit venir à Alger pour négocier et non à un autre endroit. C’est à mon avis une perspective sérieuse pour un pouvoir arbitraire.  » (page 338) 

La suite est tout aussi terrible que précédemment, mais elle va plus loin en ce qu’elle montre qu’il s’agit d’un avis partagé par deux des personnages essentiels qui ont vécu ces moments avec Jean Monnet  :
« Cela me rappelle le discours qu’Hitler a fait avant l’affaire tchécoslovaque [c’est-à-dire avant les Accords de Munich du 30 septembre 1938]. La même technique, la même forme, le même objet, les mêmes promesses illusoires. Heureusement, ce sentiment n’est pas seulement le mien : Catroux et Macmillan ont la même impression. » (page 338)

Ensuite, avec plus d’un an d’avance sur les événements, Jean Monnet décrit ce qui allait se vérifier jusque dans le détail :
« De Gaulle représente la formation, maintenant [c’est Monnet qui souligne], d’un gouvernement. Ce gouvernement pourrait rester le gouvernement de la France, jusqu’aux élections générales qui pourraient être organisées après la libération. Cette élection générale, évidemment, pourra avoir lieu après le retour des prisonniers et des travailleurs d’Allemagne et au moment où le pays aura retrouvé un semblant d’atmosphère pacifique. Combien de temps cela demanderait-il ? Certainement pas moins de six mois, peut-être une année après la libération. Aussi, sous ce système, le débat de l’élection pourrait rester à la discrétion du gouvernement arbitraire de la nation pour un temps indéfini. » (page 339)

De fait, nous avons vu dans quel état De Gaulle a laissé la France après dix-huit mois de pouvoir personnel exercé sur le territoire, depuis Paris. Mais nous avons vu également comment, grâce à l’aide de Jules Jeanneney, il avait réussi à faire pièce au verdict du suffrage universel en brouillant, dès son élection, le rôle de l’Assemblée nationale constituante, après avoir anéanti politiquement le Conseil National de la Résistance souverain.

Mais surtout, il avait conservé un maximum d’autonomie au gouvernement.

Ce qui allait rendre bien plus efficace le rôle finalement offert, dans le plus grand secret, à… Jean Monnet le 3 janvier 1946.

Ce sera à Gaston Palewski de nous expliquer tout ceci, puisqu’il en a été le maître d’œuvre.


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26 réactions à cet article    


  • mac 20 juillet 2015 10:30

    Il me semble que vous ne répondez pas à la questions posée dans votre titre ?

    Que Monnet ait pu être considéré par certains comme un agent américain est une chose mais que de Gaulle lui ait plus ou moins volontairement laissé le pouvoir en est un autre...
    De Gaulle a gouverné une France aux mains d’une oligarchie bourgeoise qui a renversé l’aristocratie à la révolution, c’est hautement probable, mais ce n’est certainement pas celui qui lui a mené la vie la plus facile. Quoi que vous en disiez, son bilan est largement positif et aucun des ses successeurs ne lui arrive à la cheville...


    • Michel J. Cuny Michel J. Cuny 20 juillet 2015 16:13

      @mac
      Merci pour votre commentaire.
      Je comprends que cet article vous laisse d’abord perplexe.
      Bien sûr, je donnerai, dès le prochain article, le contenu et les circonstances précises de mise en œuvre de la décision du 3 janvier 1946.
      Elle a eu un caractère essentiel parce qu’elle a ouvert une porte à travers laquelle le plan Marshall s’élancerait plus tard. Or, celui-ci n’est absolument pas ce que généralement nous croyons.
      En analysant le rôle politique de Charles de Gaulle, je ne veux en aucun cas laisser entendre que tel ou tel de ses successeurs à la présidence de la république aurait pu être meilleur que lui.
      Le problème, c’est qu’il est à l’origine de la mise en place du schéma institutionnel dans lequel tous les autres ont agi : ce qui n’améliore pas notre position à nous, citoyennes et citoyens.
      Je ne peux que vous recommander de consulter quelques-uns des articles qui précèdent celui-ci.
      Je m’avance pas à pas sur un chemin qui exige une grande prudence. J’imagine que vous en avez la plus parfaite conscience.


    • Ouallonsnous ? 21 juillet 2015 23:47

      @Michel J. Cuny

      Cuny, nous vous avions demandé d’aller poser vos bouses ailleurs que sur Avox !


    • sophie 25 juillet 2015 17:36

      @Ouallonsnous ?
      qui nous ?


    • COVADONGA722 COVADONGA722 20 juillet 2015 13:05

      μόνος μανία


      • robert 21 juillet 2015 19:15

        @COVADONGA722
        c’est vrai que toi tu es multi-maniak, et tu as oublié de signer, comme les ânes, asinus ne variatur



        • jctheo 20 juillet 2015 15:11

          Et les stupidités continuent ...


          • soi même 20 juillet 2015 15:43

            @jctheo, Il faut dire dans se domaine Michel est un orfèvre du bon sentiment de la culpabilité retroussé ..
            c’est une tète de pine conformiste communie, l’on a droit à ses dernière salie stalinienne ...
            https://www.youtube.com/watch?v=IxJQ8VKc4k4


          • soi même 20 juillet 2015 15:57

            @jctheo, ET OUI IL Y A DES CONS CONGÉNITALES QUI S’IGNORE ... !


          • Tythan 20 juillet 2015 18:01
            @ l’auteur

            Je trouve votre article assez mal écrit et manquant de clarté.

            Je note entre autres que vous semblez tenir pour acquis que Cartroux aurait la même opinion que Jean Monnet sur le Général de Gaulle et sa tentation dictoriale... A supposer que J Monnet ait bien dit ces paroles (et elles sont cohérentes avec ce qu’on sait de lui), cela s’applique au seul J Monnet et non à Cartroux (auquel effectivement lui a été offert la place de de Gaulle). Cela ne montre absolument pas que Cartroux aurait cette opinion, ce qui pour le coup, quelles qu’aient été les vicissitudes de la relation Cartroux-de Gaulle, paraît très étonnant.

            • Michel J. Cuny Michel J. Cuny 20 juillet 2015 19:19

              Je crois qu’il faut se garder de prendre la comparaison avec Hitler selon ce que nous savons aujourd’hui des crimes de ce personnage. Jean Monnet lui-même évoque le lien avec ce que Hitler avait pu déclarer avant même les accords de Munich.
              Pour ma part, je ne m’étonne pas le moins du monde de ce que Jean Monnet nous dit des positions de Macmillan et de Catroux, en ce qu’elles rejoindraient les siennes.
              Je ne sais pas si vous pouvez mettre la main sur le livre que ce dernier a publié en 1949, chez Julliard : Dans la bataille de la Méditerranée.
              Pour ma part, j’ai entamé une analyse des questions que pose le séjour de Charles de Gaulle à Londres, ainsi que sa vie antérieure ici :
              http://crimesdedegaulle.canalblog.com
              Tout comme Leclerc, Catroux a proposé sa démission au Général... Il importe de voir pour quelles raisons ils ont pu oser aller aussi loin.
              J’espère, ici, n’avoir pas trop mal écrit, et n’être pas resté dans une ombre exagérée.
              Je vous le signale en passant : ce n’est pas « Cartroux », mais bien « Catroux ».
              Ce qui ne me permet bien sûr pas de juger ni de vos qualités d’écriture, ni de votre souci d’une vraie clarté.


              • Captain Marlo Fifi Brind_acier 20 juillet 2015 21:05

                L’auteur fait des citations modifiées. La citation correcte de Jean Monnet sur De Gaulle date du 6 mai 1943, au moment même où se réunissait pour la première fois le CNR à Paris.

                La note était adressée au Secrétaire d’ Etat américain Harry Hopkins.


                « Il faut se résoudre à conclure que l’entente est impossible avec De Gaulle, qu’il est un ennemi du peuple français et de ses libertés, qu’il est UN ENNEMI DE LA CONSTRUCTION EUROPÉENNE, (et pas de la RE construction européenne), et qu’en conséquence, il doit être détruit dans l’intérêt des Français. »

                Traiter De Gaulle d’ennemi de la liberté, c’est un peu fort de café !
                Ce qui est exact, par contre, c’est que De Gaulle avait parfaitement compris que les USA voulait soumettre les européens, ce qui fut fait par la l’ UE, l’euro & l’ OTAN.

                Et qu’il a été vent debout toute sa vie contre le projet américain, et il avait bien raison, quand on voit la situation de la France aujourd’hui....

                • Michel J. Cuny Michel J. Cuny 20 juillet 2015 21:27

                  @Fifi Brind_acier

                  Mais non, voyons : la première réunion du CNR date du 27 mai 1943 !...
                  Pour le reste, je vous renvoie à mon prochain article...


                • bakerstreet bakerstreet 20 juillet 2015 21:53

                  @Fifi Brind_acier


                  Pas grave ! L’auteur travaille De Gaulle à la forge,à grands coups de marteaux. 

                  Il fait dans l’art contemporain, la provoc ; tant de sophismes qu’il est inutile de chercher à les extraire ! C’est une gangue, un menhir d’invraisemblance...Monté la haut, 20 000 siècles d’âneries en tous genres vous contemplent.

                   L’idéal serait de sauver ce qui peut l’être, mais on ne trouve rien, même pas la casquette du général, juste la francisque de Pétain......

                  Qu’aurait pensé De Gaulle de tout ça, ?....Il avait en horreur les esprits petits, les gens qui trafiquaient l’indisposaient au plus haut point. Mais les feuilles mortes se ramassent à la pelle !

                • Captain Marlo Fifi Brind_acier 21 juillet 2015 06:12

                  @Michel J. Cuny
                  C’est bien ce que je dis !
                  En Mai 1943, alors que le CNR se réunissait, Monnet reproche à De Gaulle d’être contre la liberté des Français !


                • soi même 20 juillet 2015 21:42

                  Allez vous faire empapaouté par qui d’ailleurs ,le grand Charles n’est plus là pour un con de ton espèce.. !


                  • eau-du-robinet eau-du-robinet 21 juillet 2015 00:32

                    Bonjour,
                    .
                    Pour Monnet, de Gaulle était « un ennemi du peuple français et de ses libertés, un ennemi de la construction européenne, et qu’il doit être détruit... » (Note déclassifiée)
                    source : http://www.observatoiredeleurope.com/De-Gaulle-Monnet-le-duel-du-siecle_a1434.html
                    .
                    Marie-France Garaud : « Jean Monnet, un agent américain, payé pour détruire les États européens »
                    https://www.youtube.com/watch?v=1Atyvt9TlcQ
                    .
                    Aujourd’hui on voit que le promesses faites par des pro-européens durant les dernières décennies, notamment sur une « prospérité partagé », ont été des mensonges grossières et que c’était Jean Monnet qui été le véritable ennemie d’une France, pays qui vient de perdre sa souveraineté, la démocratie, des emplois, .... suite à la construction européenne !
                    .
                    Citation de Marie-France Garaud (Présidente de l’institut International de Géopolitique :


                    — début de citation —
                    Est-que on souhaite qu’en Europe il reste des États ?
                    C’est à dire que les peuple soit organise d’une manière t-elle qu’ils ait le pouvoir de décider de ce que les concerne ?
                    C’est la question fondamentale politiquement !
                    Jean Bodin disait il faut disposer des 4 pouvoir :
                    1. Battre monnaie
                    2. Faire de lois
                    3. Rendre la justice (80 % des lois sont faite par la commission européenne suite au transfert de souveraineté)
                    4. décider de la paix et de la guerre

                    Il nous n’échappera pas que nous n’avons plus, pas plus que les autres pays de l’Europe, aucun de ses 4 pouvoirs !
                    — fin de citation —

                    Ce sont les attributs de la souveraineté définis depuis la Renaissance, par Jean Bodin, que la France à perdu avec la construction de l’UE !
                    .
                    De Gaulle avait également fortement à faire aux sionistes !
                    De Gaulle trahi par les sionistes
                    https://www.youtube.com/watch?v=SxsjQ9JLonw
                    .
                    Voici le documentaire dans son intégralité
                    https://www.youtube.com/watch?v=e8NGh-h_flw
                    .


                    • Aoser 21 juillet 2015 02:19

                      Au final ,ne parle-t-on pas de deux « planqués » ?


                      • Captain Marlo Fifi Brind_acier 21 juillet 2015 06:22

                        Monnet était de notoriété publique un agent américain. C’est lui qui a transmis à Schuman le texte qui deviendra « La déclaration Schuman de 1950 ».
                        « De Pétain à la CIA, la face cachée de Robert Schuman » par Asselineau.


                        Et « Les origines cachées de la construction européenne ».
                        L’union européenne n’est rien d’autre que la suite, version économique, de l’Europe Nouvelle d’Hitler.

                        • Renaud Bouchard Renaud Bouchard 21 juillet 2015 08:10

                          @L’auteur.Bonjour. Votre billet pourrait constituer une bonne introduction à un article auquel vous n’apportez pas de réponse. sans doute y aura-t-il une suite que je lirai avec intérêt.Le sujet est difficile et mérite une étude préparatoire approfondie tant le sujet « Monnet-De Gaulle-USA » est radioactif.Le fait est qu’il révèle ce que peu de gens avaient perçu mais que la Vulgate interdisait de critiquer, à savoir que les « Pères fondateurs » de l’Europe n’ont jamais plus été que des agents très zélés d’une entreprise de sujétion américaine dans laquelle l’idée même d’une souveraineté européenne était inimaginable.Il existe un corpus d’informations remarquables dans les travaux d’ Anne Riz-Lacroix que vous connaissez bien évidemment mais qui demeurent une ligne directrice fort utile pour éviter les erreurs d’interprétation que recèle l’histoire contemporaine.cf en ce sens la recension effectuée par Jacques-Marie Bourget à propos du passionnant ouvrage d’Annie Lacroix-Riz ci-après :


                          Annie Lacroix-Riz : Aux origines du carcan européen (1900-1960) , coédition Delga-Le temps des cerises, avril 2014, 15 euros.

                          http://www.initiative-communiste.fr/articles/europe-capital/aux-origines-du-carcan-europeen-nouveau-livre-dannie-lacroix-riz/

                          Extrait :

                          Le 12 juillet 1947 s’ouvre à Paris la « Conférence des seize ». Les canons nazis sont encore chauds quand l’Allemagne et les États-Unis pleurent à nouveau sur le sort de la Ruhr. Si bien qu’en marge de la Conférence, Anglo-américains et Allemands tiennent des réunions parallèles afin de faire la peau aux désirs de la France. Pour une fois Paris tient bon. Furieux, les Américains envoient un émissaire afin de « réécrire le rapport général de la Conférence ». Dans le bon sens. En particulier six points sont dictés par Clayton, le Secrétaire d’État au Commerce. Ils résument le programme commercial et financier mondial, et donc européen, de Washington. Les États-Unis exigent la mise en place d’une « organisation européenne permanente chargée d’examiner l’exécution du programme européen ». Ce machin sera l’OECE. Il préfigure « notre » Europe. Et Charles-Henri Spaak, premier président de l’Organisation Européenne de Coopération Économique, n’est qu’un greffier appliquant les consignes américaines.

                          Quant aux héros que nous célébrons, scrutin européen oblige, « les pères de l’Europe », à la lecture de Lacroix-Riz on n’a guère envie d’être leurs enfants. Jean Monnet ? D’abord réformé en 1914, marchand d’alcool pendant la Prohibition, fondateur de la Bancamerica à San Francisco, conseiller de Tchang Kaï-Chek pour le compte des Américains. Puis, à Londres en 1940, Monet refuse de s’associer à la France Libre pour, en 1943, devenir l’envoyé de Roosevelt auprès du général Giraud… Voilà un homme au profil idéal pour mettre sur pied une Europe libre. Dans ce jeu de famille vous voulez un autre « Père » ? Voilà Robert Schuman, autre icône. Un détail de la vie du héros suffit à le qualifier : à l’été 1940 il vote les pleins pouvoirs à Pétain et accepte en bonus d’être membre de son gouvernement. Après guerre, Schuman sera mis en pénitence, ce qui est une pratique ordinaire pour un si bon catholique. Puis, le passé oublié, il va pousser à la roue d’une Euro-Amérique : capitaliste, chrétienne se développant sous la serre de l’OTAN.


                          • Captain Marlo Fifi Brind_acier 21 juillet 2015 12:08

                            @Renaud Bouchard
                            Merci d’enfoncer le clou, j’avais oublié cette conférence remarquable, (comme toutes ses conférences d’ailleurs), d’Annie Lacroix Riz !! J’ai beaucoup apprécié aussi « Patronat et banquiers sous l’occupation », et « Le choix de la défaite ».


                            En échange, voici une courte vidéo à partir d’archives de l’ INA :
                            « L’Europe des collabos » qui vient bien compléter le tableau !

                          • Michel J. Cuny Michel J. Cuny 21 juillet 2015 13:10

                            @Renaud Bouchard
                            Merci pour tous ces éléments significatifs que vous venez d’apporter.
                            Même si j’ai largement développé la question de la mise en œuvre du plan Marshall dans mon ouvrage « Quand le capital se joue du travail » (2012), je n’y reviendrai pas ici.
                            J’ai entrepris cette série d’articles pour montrer les origines politiques et doctrinales de la Constitution de 1958 qui est une réponse à l’élimination, en 1943, de Jean Moulin, et, entre 1944 et 1946, du Conseil National de la Résistance. L’enjeu était la souveraineté du peuple de France.
                            Sur ce point, je ne peux que vous recommander vivement de jeter un œil sur mon blog :
                            http://souverainement.canalblog.com
                            J’aurai toujours grand plaisir à m’entretenir avec vous, ici ou ailleurs.


                          • Analis 21 juillet 2015 15:12

                            Monnet aurait-il vraiment exagéré en prétendant que De Gaulle était un ennemi des libertés du peuple français ?

                            Pas vraiment ! Dans une conférence de presse du 31 janvier 1964, au détour d’un passage où il tentait de justifier le maintien du poste de Premier Ministre (!). on pourrait dire avec candeur : « Mais, s’il doit être évidemment entendu que l’autorité indivisible de l’Etat est confiée tout entière au Président par le peuple qui l’a élu, qu’il n’en existe aucune autre, ni ministérielle, ni civile, ni militaire, ni judiciaire, qui ne soit conférée et maintenue par lui,... ».

                            Cela illustrait parfaitement la conception du pouvoir d’un homme qui a estimé à d’autres occasions qu’il n’y avait pas vraiment besoin d’opposition, que les partis étaient inutiles, ou qu’entre lui et les communistes il n’y avait rien. La Vème république selon De Gaulle n’était certes pas une complète dictature, mais certainement un régime aux tendances indiscutablement autoritaires.

                            On imagine un peu les réactions si Mitterrand, Chirac ou Sarkozy s’étaient exprimés ainsi ! Cela se retrouvait certainement dans la pratique. Les atteintes à l’Etat de droit de ces derniers étaient sans commune mesure avec celles de De Gaulle (voyez simplement l’affaire de l’arrêt Canal du Conseil D’État, durant laquelle De Gaulle avait essayé de supprimer ce dernier, pourtant l’incarnation de la servilité satisfaite, mais c’était encore trop pour lui). Les choses ont certes changé, et c’est grâce à l’ouverture de la société française sur le reste du monde, ce qui n’aurait pas été le cas si elle était restée prostrée sur une adoration stérile d’un dirigeant à la mentalité d’un autre temps.

                            Bien sûr, on objecte habituellement sa pratique du référendum et sa démission en 1969. Ce qui mérite d’être très fortement nuancé. Déjà, pourquoi n’a-t’il jamais voulu mettre en place de droit d’initiative référendaire ? La raison en est qu’il entendait utiliser le référendum afin de favoriser ses desseins. Il n’aurait jamais accepté qu’on puisse lancer un référendum afin de le mettre en difficulté. Il a quitté le pouvoir en 1969, oui, mais selon ses règles, au moment qu’il avait fixé, seulement parce qu’il avait décidé de le faire, parce qu’il était devenu las et qu’une large part de son parti ne lui accordait plus son soutien. Parce que oui, un parti, il en avait un, bien obligé quand même... N’oublions pas qu’après sa déconvenue aux élections législatives de 1967, il avait refusé de tenir compte de ce très net rétrécissement de sa majorité en disant que ce n’était que quatre cent cinquante quatre compétitions locales.

                            Donc, non De Gaulle n’était pas vraiment un ami des libertés. Et encore je ne mentionne pas là son rôle dans d’innombrables complots d’État, depuis les massacres du 18 octobre 1961 jusqu’à l’affaire Markovic en passant par l’affaire Saint-Aubin et la Caravelle Ajaccio-Nice. Sous son règne, barbouzes et manipulateurs de toutes obédiences régnaient en maîtres, sans compter les bétonneurs et les affairistes. 


                            • Michel J. Cuny Michel J. Cuny 21 juillet 2015 16:10

                              @Analis
                              Merci pour ce commentaire particulièrement brillant auquel je ne peux que souscrire de bout en bout. Je m’empresse de souligner également les remarquables qualités de votre écriture.
                              Quel plaisir de retrouver ici ce qui faisait le fond et la forme du travail des universitaires que j’ai pu connaître lorsque j’avais vingt ans.
                              Bravo !


                            • Captain Marlo Fifi Brind_acier 21 juillet 2015 19:55

                              @Analis
                              De Gaulle n’était pas parfait, qui l’est ? Quand on voit les pantins à plat ventre devant les américains, de Pompidou à Sarkozy, en passant par Giscard et Mitterrand, on comprend qu’il était le seul à leur tenir tête.


                              Vous imaginez Hollande, sur un navire de la Royale allant à New York échanger des dollars - monnaie de singe, contre de l’or ? 


                              Vos libertés sont bien tenues en lisière...
                              L’UPR, qui veut la sortie de la France de l’ UE, pour retrouver la souveraineté, est censurée depuis 8 ans par les Partis politiques et les médias dominants.
                              C’est sans doute la version moderne de la démocratie ?
                              Sinon, les lois sécuritaires sur le modèle du Patriot Act, vous en pensez quoi ?
                              Sûrement une bonne version des libertés publiques ?

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