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Commentaire de Analis

sur Pourquoi De Gaulle a-t-il tout lâché devant ce « monstre » de Jean Monnet ?


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Analis 21 juillet 2015 15:12

Monnet aurait-il vraiment exagéré en prétendant que De Gaulle était un ennemi des libertés du peuple français ?

Pas vraiment ! Dans une conférence de presse du 31 janvier 1964, au détour d’un passage où il tentait de justifier le maintien du poste de Premier Ministre (!). on pourrait dire avec candeur : « Mais, s’il doit être évidemment entendu que l’autorité indivisible de l’Etat est confiée tout entière au Président par le peuple qui l’a élu, qu’il n’en existe aucune autre, ni ministérielle, ni civile, ni militaire, ni judiciaire, qui ne soit conférée et maintenue par lui,... ».

Cela illustrait parfaitement la conception du pouvoir d’un homme qui a estimé à d’autres occasions qu’il n’y avait pas vraiment besoin d’opposition, que les partis étaient inutiles, ou qu’entre lui et les communistes il n’y avait rien. La Vème république selon De Gaulle n’était certes pas une complète dictature, mais certainement un régime aux tendances indiscutablement autoritaires.

On imagine un peu les réactions si Mitterrand, Chirac ou Sarkozy s’étaient exprimés ainsi ! Cela se retrouvait certainement dans la pratique. Les atteintes à l’Etat de droit de ces derniers étaient sans commune mesure avec celles de De Gaulle (voyez simplement l’affaire de l’arrêt Canal du Conseil D’État, durant laquelle De Gaulle avait essayé de supprimer ce dernier, pourtant l’incarnation de la servilité satisfaite, mais c’était encore trop pour lui). Les choses ont certes changé, et c’est grâce à l’ouverture de la société française sur le reste du monde, ce qui n’aurait pas été le cas si elle était restée prostrée sur une adoration stérile d’un dirigeant à la mentalité d’un autre temps.

Bien sûr, on objecte habituellement sa pratique du référendum et sa démission en 1969. Ce qui mérite d’être très fortement nuancé. Déjà, pourquoi n’a-t’il jamais voulu mettre en place de droit d’initiative référendaire ? La raison en est qu’il entendait utiliser le référendum afin de favoriser ses desseins. Il n’aurait jamais accepté qu’on puisse lancer un référendum afin de le mettre en difficulté. Il a quitté le pouvoir en 1969, oui, mais selon ses règles, au moment qu’il avait fixé, seulement parce qu’il avait décidé de le faire, parce qu’il était devenu las et qu’une large part de son parti ne lui accordait plus son soutien. Parce que oui, un parti, il en avait un, bien obligé quand même... N’oublions pas qu’après sa déconvenue aux élections législatives de 1967, il avait refusé de tenir compte de ce très net rétrécissement de sa majorité en disant que ce n’était que quatre cent cinquante quatre compétitions locales.

Donc, non De Gaulle n’était pas vraiment un ami des libertés. Et encore je ne mentionne pas là son rôle dans d’innombrables complots d’État, depuis les massacres du 18 octobre 1961 jusqu’à l’affaire Markovic en passant par l’affaire Saint-Aubin et la Caravelle Ajaccio-Nice. Sous son règne, barbouzes et manipulateurs de toutes obédiences régnaient en maîtres, sans compter les bétonneurs et les affairistes. 


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