Du fait de la victoire de Wellington et des intérêts bien compris de la perfide Albion, la Wallonie n’est pas française.
Suite à la sanglante répression des réformés par Philippe II, les Flandres et la Belgique sont restées catholiques, leur bourgeoisie fransquillonne refusant toute intégration aux Pays-Bas.
Faute de mieux, on a donc fondé une nationalité caractérisée par son identité négative (ce qu’elle n’est pas !). 
Si on peut résumer en définissant les Wallons comme des latins francophones et les Flamands comme des germains catholiques, c’est comme toujours un peu plus compliqué, et il y aussi quelques Wallons germanophones mais surtout, il y a Bruxelles.
Le terme « zinneke » (habitant des bords de la petite Senne) désigne fièrement tout aussi bien ses habitants que le bâtard : d’une souche flamande enrichie par tout ce que les aléas de l’histoire lui ont légué de migrations et d’occupations (autrichiens, wallons, espagnols, italiens, maghrébins, €urocrates, ...), la recette qui caractérise le Bruxellois est constituée d’une soupe aux ingrédients indéfinissables mais d’expression majoritairement francophone.
Tant par atavisme germanique que par un romantisme farouchement attaché au droit du sol, le Ménapien ne veut certes plus de la Belgique, mais ne peut envisager son indépendance sans reconquérir Bruxelles. Quant au Wallon, s’il n’envisage généralement le Bruxellois - quand bien même francophone - que comme un « sale flamin », il ne peut s’amputer de la source d’emploi et du pôle international que constitue Bruxelles.
Pas si fou, le Bruxellois ne se prend ni pour l’un ni pour l’autre, mais préfère parler sa langue sans avoir à subir à son tour les innombrables vexations destinées à humilier les francophones de Flandres.
Sur la surface de trois départements français, on se retrouve donc dans une structure bureaucratique proprement kafkaïenne sensée refléter les diversités linguistiques et culturelles de trois régions (dont une ville) et trois langues aux intérêts et aspirations largement divergents.
Malgré mon inclination au statut de citoyen de la République plutôt que de sujet d’un roi - fut-il de pacotille -, du fait même de ces divergences et de l’impossibilité d’un accord à même de satisfaire toutes les parties, je crains bien - à moins d’une improbable intervention des chars français - que vous n’attendiez encore longtemps la « bonne nouvelle » : il est bien plus probable que d’ici cent ans on se chamaille encore autour d’une enième revendication institutionnelle flamande.
C’est tout le charme de la Belgitude : bienvenue dans la pluvieuse et fort brumeuse patrie du surréalisme ! 