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Commentaire de Serge ULESKI

sur American sniper - American bastard


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Serge ULESKI Serge ULESKI 7 août 2015 10:39

@Aristide

La scène qui vous mentionnez pourrait tout aussi bien servir à nous expliquer à quel point le personnage-héros est capable de discernement : jugement, retenue. Cette scène assoit définitivement ce héros à la table de la civilisation contre la barbarie musulmane, arabe, irakienne... dont il n’y aurait rien à sauver qui ne le soit pas par la Pax Americana seule : Pax responsable soit dit en passant du chaos irakien (Eastwood, si tu veux nous en parler, c’est quand tu veux !). Les dix dernières minutes du film sont pour son héros ; elles ne seront pas destinées, qui sait, à corriger l’image que le film n’a pas cessé de véhiculer à propos de tout ce qui de près ou de loin ressemble à un Arabe, un Irakien et/ou un Musulman. Eastwood persiste et signe donc.

Quant au reste, les ressorts narratifs sont d’une telle conformité, d’une telle putasserie, que ça en devient insupportable, une fois de plus, une fois de trop. Et si ces procédés sont ceux d’Hollywood depuis les années 70, il n’en reste pas moins que c’est insupportable pour tout cinéphile ; et le souci d’Eastwood de lorgner constamment du côté du tiroir-caisse.. dans 90% de ses films, tout autant : chez Eastwood, tout est pensé afin de ne pas perdre un client, un seul ; rien à voir avec l’exposition de tous les points de vue possibles.

Cette scène où la femme du sniper lui annonce par téléphone qu’elle mettra au monde un garçon... quelques secondes avant que son mari ne se trouve confronté à une attaque d’affreux Irakiens... (entre autres scènes téléphoniques), est impardonnable en tant que putasserie émotionnelle : à ce niveau là, sans doute sans précédent chez Eastwood, ce n’est plus de la démagogie ou du chantage émotionnelle proche du viol... c’est tout simplement Eastwood qui sombre comme jamais.

Quant aux points de vue d’Eastwood sur le monde, l’univers, la terre et la lune, finalement, le cinéma d’Eastwood est destinée en priorité aux Américains. Qu’un européen puisse penser que ce cinéma-là le concerne... quand on sait quelles analyses de notre monde contemporain notre cinéma européen a été et reste encore en partie capable de nous proposer ... franchement, cet engouement «  bavard » autour du cinéma d’Eastwood (Télérama, Les cahiers, Positif et les Inrocks) demeure pour moi une énigme. A moins qu’il ne s’agisse tout simplement d’une prise de contrôle des esprits, une sorte de un rapt culturel dans le sens de « remplacement » : les cerveaux européens commencent à fonctionner, à réagir, à « penser » comme les cerveaux de l’Américain pas simplement « moyens ».

Pour conclure : il n’y a pas un film d’Eastwood qui arrive à la cheville d’un Apocalyspe Now de Coppola (qui n’est pas , dans l’esprit, un réalisateur américain ou américanophile) nide dizaines d’autres réalisateurs ; c’est la raison pour laquelle, en compétition, Eastwood reste absent de la remise des prix.


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