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Commentaire de lmcal140

sur Occupation Islamiste criminelle c'est trop, en Syrie, il est urgent d'aider Bachar Al ASSAD


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lmcal140 4 septembre 2015 20:40

Faut-il rappeler cette FALSE FLAG décrite par Seymour M. Hersh  ?

par Seymour M. Hersh

En août-septembre 2013, Barack Obama, François Hollande et David Cameron accusaient la Syrie d’avoir massacré 1 400 opposants dans la banlieue de Damas. Dénonçant le franchissement d’une ligne rouge, ils annonçaient préparer une expédition punitive contre le régime criminel. Peu après, Londres se retirait, puis Washington, et enfin Paris. Revenant sur ces événements, Seymour Hersh montre que le président Obama ignorait tout de ce qui s’était réellement passé, qu’il naviguait au jugé, et qu’il a menti lorsqu’il a prétendu détenir des preuves de la culpabilité de la Syrie.
Cet article exceptionnel avait été commandé par le New Yorker, qui l’a refusé, puis présenté au Washington Post, qui l’a refusé, pour être finalement publié au Royaume-Uni par la London Review of Books.

Les certitudes de Barack Obama sur l’attaque chimique du 21 août 2013 ne se fondaient pas sur des renseignements de ses services, mais étaient de simples spéculations.

Barack Obama n’a pas tout dit cet automne quand il a essayé de nous convaincre que Bashar el-Assad était responsable des attaques à l’arme chimique près de Damas, le 21 août 2013. Dans certaines circonstances, il a omis des informations importantes, et dans d’autres, il a présenté des suppositions comme des faits. Plus important, il n’a pas reconnu un fait bien connu de la communauté des services de renseignement : que l’armée syrienne n’est pas la seule partie dans la guerre civile de ce pays à avoir accès au sarin, ce gaz neurotoxique qui d’après une étude de l’Onu —qui n’assigne aucune responsabilité— a été utilisé dans l’attaque à la roquette. Durant les mois qui ont précédé cette attaque, les services de renseignements états-uniens ont produit une série de rapports classés hautement confidentiels, culminant par un Operation Order —un document de planification en prévision d’une invasion au sol— qui citait des preuves selon lesquelles le Front al-Nosra, un groupe de djihadistes affilié à Al-Qaïda, maîtrisait la technique de production du sarin et était capable d’en produire en quantité. Quand les attaques ont eu lieu, al-Nosra aurait dû faire partie des suspects, mais le gouvernement a sélectionné avec soin les renseignements qui pouvaient justifier une frappe contre Assad.

Dans son discours télévisé national sur la Syrie, le 10 septembre [1], Obama a fermement rejeté la responsabilité de l’attaque au gaz sarin, sur la banlieue de la Ghouta orientale tenue par les rebelles, sur le gouvernement d’Assad, et a clairement indiqué qu’il était prêt à mettre à exécution ses mises en garde publiques antérieures selon lesquelles l’utilisation d’armes chimiques était une « ligne rouge » à ne pas franchir : « le gouvernement de Bachar al-Assad a gazé plus d’un millier de personnes », a-t-il dit. « Nous savons que le régime d’Assad est responsable (…) Et c’est pourquoi, après mûre réflexion, j’ai déterminé qu’il était dans l’intérêt national des États-Unis de répondre à l’usage d’armes chimiques par le régime Assad en procédant à une frappe militaire ciblée. » Obama allait entrer en guerre pour appuyer une menace publique, mais il le faisait sans savoir avec certitude qui avait fait quoi au petit matin du 21 août.

L’administration Obama avait déformé les informations disponibles

Il a cité une liste de ce qui semblait être des preuves durement arrachées de la culpabilité d’Assad : « Dans les jours précédant le 21 août, nous savons que des membres du personnel d’Assad chargé des armes chimiques se préparaient à mener une attaque à proximité d’un site où ils ont confectionné un mélange avec du sarin. Ils ont distribué des masques à gaz à leurs soldats. Puis, à partir d’une zone sous le contrôle de l’État, ils ont tiré des roquettes contre onze quartiers dans lesquels le régime cherchait à éliminer les forces de l’opposition ». La certitude d’Obama fut relayée à l’époque par Denis McDonough, son chef de cabinet, qui a déclaré au New York Times : « Aucun de mes interlocuteurs n’a de doute sur cette information » qui établit un lien direct entre Assad et son régime et les attaques au sarin.

Mais au cours de récentes interviews avec des officiers du renseignement et militaires en exercice et à la retraite, j’ai trouvé une forte préoccupation, et parfois de la colère, sur ce qui a été perçu à plusieurs reprises comme une manipulation délibérée de l’information. Un officier de renseignement de haut niveau, dans un e-mail à un collègue, a qualifié les assurances de l’administration sur la responsabilité d’Assad de « ruse ». L’attaque « n’est pas l’œuvre du régime actuel », écrit-il. Un ancien haut fonctionnaire du renseignement m’a dit que l’administration Obama avait déformé les informations disponibles —en termes de chronologie et de séquence— pour permettre au président et à ses conseillers de donner l’impression que l’information avait été obtenue en temps réels, au moment même où l’attaque se produisait. La distorsion, dit-il, lui rappelait l’incident du golfe du Tonkin en 1964, lorsque l’administration Johnson a inversé la séquence des messages interceptés par la NSA pour justifier l’un des premiers bombardements du Nord-Vietnam. Le même responsable a dit qu’il y avait une immense frustration au sein de la bureaucratie militaire et du renseignement : « Les gars lèvent les bras au ciel en disant : ‹Comment pouvons-nous aider ce gars [Obama] si lui et ses copains à la Maison-Blanche inventent les informations au fur et à mesure ?› »

L’administration n’en savait pas plus que le public

Les plaintes portent principalement sur ce que Washington n’avait pas : un signe annonciateur quelconque chez l’auteur présumé de l’attaque. La communauté du renseignement militaire produit depuis des années chaque matin un résumé de renseignement hautement classifié, connu comme le Morning Report (rapport matinal), pour le secrétaire à la Défense et le président du comité des chefs d’état-major ; une copie est transmise aussi au conseiller de Sécurité nationale et au directeur du Renseignement national. Le Morning Report ne contient aucune information politique ou économique, mais fournit un résumé des événements militaires importants à travers le monde, avec tous les renseignements disponibles à leur sujet. Un consultant supérieur du renseignement m’a dit que peu de temps après l’attaque, il a examiné les rapports du 20 au 23 août. Pendant deux jours – les 20 et 21 août – il n’y avait aucune mention de la Syrie. Le 22 août l’élément principal dans le rapport traitait de l’Égypte ; un autre article abordait les changements internes dans la structure de commandement de l’un des groupes rebelles en Syrie. Rien n’avait été noté sur l’utilisation du gaz neurotoxique à Damas ce jour-là. Ce n’est que le 23 août que l’utilisation du sarin est devenue une question dominante, alors que des centaines de photos et de vidéos du massacre avaient déjà fait le tour du monde en quelques heures sur YouTube, Facebook et autres sites de médias sociaux. À ce stade, l’administration n’en savait pas plus que le public.

Obama a quitté Washington tôt le 21 août pour une tournée mouvementée de conférences de deux jours à New York et en Pennsylvanie ; selon le bureau de presse de la Maison-Blanche, il a été informé plus tard dans la journée de l’attaque, et de la colère grandissante du public et des médias. L’absence de toute information sur le terrain était évidente le 22 août, lorsque Jen Psaki, porte-parole du département d’État, a déclaré aux journalistes : « Nous ne pouvons pas déterminer avec certitude l’utilisation d’armes chimiques. Mais nous consacrons tout notre temps à cette affaire … à faire tout ce qui est en notre pouvoir pour établir les faits. » Le ton de l’administration s’est durci de 27 août, quand Jay Carney, attaché de presse d’Obama, a déclaré aux journalistes —sans fournir aucune information précise— que toutes les suggestions que le gouvernement syrien n’était pas responsable « sont aussi absurdes que de suggérer que l’attaque n’a jamais eu lieu. »

Il n’y avait pas d’information sur les intentions syriennes dans les jours qui ont précédé l’attaque

L’absence d’alerte immédiate au sein de la communauté du renseignement états-unien démontre qu’il n’y avait pas d’information sur les intentions syriennes dans les jours qui ont précédé l’attaque. Et il y a au moins deux façons pour les États-Unis d’en avoir eu connaissance à l’avance : les deux ont été abordés dans l’un des documents secrets des services de renseignement qui ont été rendus publics ces derniers mois par Edward Snowden, l’ancien sous-traitant de la NSA.

Le 29 août, le Washington Post a publié des extraits du budget annuel pour tous les programmes nationaux de renseignement, agence par agence, fournis par Snowden. En consultation avec l’administration Obama, le journal a choisi de publier seulement une petite partie du document de 178 pages, qui a une classification plus élevée que top secret, mais il a résumé et publié un article traitant de certaines problématiques. Un d’entre eux est l’absence de surveillance du bureau d’Al-Assad. Le document indique que le réseau mondial d’écoute électronique de la NSA avait été « en mesure de surveiller les communications non cryptées entre hauts responsables militaires dès le début de la guerre civile ». Mais qu’il s’agissait d’ « une vulnérabilité dont les forces du président Bachar al-Assad se ont apparemment rendus compte plus tard ». En d’autres termes, la NSA n’avait plus accès aux conversations du haut commandement militaire en Syrie, parmi lesquelles les communications cruciales d’Assad, telles que les ordres pour une attaque au gaz neurotoxique. (Dans ses déclarations publiques depuis le 21 août, l’administration Obama n’a jamais prétendu avoir des informations précises reliant personnellement Assad à l’attaque.)

Les capteurs NRO ont été implantés près de tous les sites de stockage d’armes chimiques connus en Syrie

Le quotidien a également fourni la première indication de l’existence d’un système de capteurs secrets à l’intérieur de la Syrie, conçu pour fournir un avertissement précoce sur toute modification de statut des armes chimiques de l’arsenal du régime. Les capteurs sont suivis par le National Reconnaissance Office, l’organisme qui contrôle tous les satellites de renseignement états-uniens en orbite. Selon le résumé du Washington Post, le NRO est également chargé « de l’extraction de données à partir de capteurs placés sur le terrain » à l’intérieur de la Syrie. L’ancien responsable du renseignement, qui avait une connaissance directe du programme, m’a dit que les capteurs NRO ont été implantés près de tous les sites de stockage d’armes chimiques connus en Syrie. Ils sont conçus pour assurer une surveillance constante de la circulation des ogives chimiques stockées par l’armée. Mais beaucoup plus important, en termes d’alerte, est la capacité des capteurs d’alerter les services de renseignements des États-Unis et d’Israël lorsque les ogives sont armées de sarin. (En tant que pays voisin, Israël a toujours été à l’affût des changements dans l’arsenal chimique syrien, et travaille en étroite collaboration avec les services de renseignement états-uniens sur les premiers avertissements.) Une ogive chimique, une fois chargée de sarin, a une durée de vie de quelques jours seulement – l’agent neurotoxique provoque presque immédiatement une corrosion de la fusée : c’est une arme de destruction massive qui, une fois préparée, doit être utilisée immédiatement sinon elle est perdue. « L’armée syrienne n’a pas trois jours pour se préparer à une attaque chimique », m’a dit l’ancien responsable du renseignement. « Nous avons créé ce système de capteurs pour déclencher une première alerte, comme une alerte de raid aérien ou une alarme d’incendie. On ne peut pas attendre trois jours parce que toutes les personnes impliquées seraient déjà mortes. C’est soit tout de suite, soit trop tard. Vous ne passez pas trois jours à préparer un tir de gaz neurotoxique. » Les capteurs n’ont détecté aucun mouvement dans les mois et les jours qui ont précédé le 21 août, a déclaré l’ancien fonctionnaire. Il est bien entendu possible que le sarin ait été fourni à l’armée syrienne par d’autres biais, mais l’absence d’avertissement signifie que Washington n’était pas en mesure de surveiller en temps réel les événements de la Ghouta orientale.


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