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Commentaire de lmcal140

sur Occupation Islamiste criminelle c'est trop, en Syrie, il est urgent d'aider Bachar Al ASSAD


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lmcal140 4 septembre 2015 20:44
et Seymour M. Hersh l’idole d’une génération, celle de Morice, ajoute : 
Les analyses de la trajectoire de vol sont « complètement loufoques »

Theodore Postol, professeur de technologie et de sécurité nationale au MIT, a examiné les photos de l’Onu avec un groupe de collègues et a conclu que la fusée de gros calibre était une munition improvisée qui avait été très probablement fabriquée localement [3]. Il m’a dit qu’elle était « quelque chose que vous pourriez fabriquer dans un atelier d’usinage artisanal ». La fusée dans les photos, a-t-il ajouté, ne correspond pas aux spécifications d’une fusée similaire, mais plus petite, connue comme faisant partie de l’arsenal syrien. Le New York Times, s’appuyant à nouveau sur les données du rapport de l’Onu, a également analysé la trajectoire de vol de deux des roquettes tirées et soupçonnées d’avoir transporté du sarin, et a conclu que l’angle de descente « pointait directement » vers une base de l’armée syrienne située à plus de neuf kilomètres de la zone d’impact. Postol, qui a été conseiller scientifique auprès du chef des opérations navales du Pentagone, a déclaré que les affirmations du Times et d’autres « n’étaient pas fondées sur des observations réelles ». Il a conclu que les analyses de la trajectoire de vol en particulier étaient, selon ses termes dans un courrier électronique, « complètement loufoques », car une étude approfondie démontrait qu’il était « improbable » que la portée de ces roquettes improvisées soit supérieure à deux kilomètres. Postol et un collègue, Richard M. Lloyd, ont publié une analyse deux semaines après le 21 août dans laquelle ils ont correctement calculé que les roquettes impliquées transportaient beaucoup plus de sarin que précédemment estimé. Le Times a rapporté en détail cette analyse, en décrivant Postol et Lloyd comme des « experts de premier plan en armement ». Mais l’étude ultérieure des deux hommes sur les trajectoires des fusées, qui contredisait les précédents rapports du Times, a été envoyée au journal la semaine dernière [9 au 15 décembre 2013] et, à ce jour, le quotidien n’en a toujours pas fait état.

La Maison-Blanche n’avait aucune preuve directe de l’implication de l’armée ou du gouvernement syriens

La fausse déclaration de la Maison-Blanche sur ce qu’elle savait à propos de l’attaque, et quand elle l’a sue, n’a eu d’égal que sa volonté de ne pas tenir compte des renseignements qui pouvaient nuire à sa version des événements. Cette information concerne al-Nosra, le groupe rebelle islamiste désigné par les États-Unis et les Nations Unies comme une organisation terroriste. Al-Nosra est connue pour avoir réalisé des dizaines d’attentats suicides contre des chrétiens et autres sectes musulmanes non sunnites à l’intérieur de la Syrie, et pour avoir attaqué son allié initial dans la guerre civile, l’Armée Syrienne Libre (ASL) laïque. Son objectif déclaré est de renverser le régime d’Assad et d’instaurer la charia. (Le 25 septembre al-Nosra a rejoint plusieurs autres groupes rebelles islamistes en répudiant l’ASL et une autre faction laïque, la Coalition Nationale Syrienne.) [4]

Le redoublement d’intérêt états-unien pour al-Nosra et le sarin a été provoqué par une série de petites attaques à l’arme chimique qui se sont produites en mars et avril ; à l’époque, le gouvernement syrien et les rebelles s’accusaient mutuellement. L’Onu a finalement conclu que quatre attaques chimiques avaient eu lieu, mais sans attribuer de responsabilité. Un fonctionnaire de la Maison-Blanche a déclaré à la presse fin avril que les services de renseignement avaient estimé « avec différents niveaux de certitude » que le gouvernement syrien était responsable de ces attaques. Assad avait franchi la « ligne rouge » d’Obama. L’évaluation d’avril a fait la une des journaux mais quelques mises en garde importantes ont été perdues en cours de route. Le fonctionnaire anonyme qui a dirigé la séance d’information a reconnu que les évaluations des services de renseignement « ne sont pas à elles seules suffisantes ». « Nous voulons », a-t-il dit, « enquêter au-delà de ces évaluations pour recueillir des faits afin que nous puissions établir un ensemble d’informations crédibles et corroborées qui peuvent ensuite être transmises à nos décideurs. » En d’autres termes, la Maison-Blanche n’avait aucune preuve directe de l’implication de l’armée ou du gouvernement syriens, un fait rarement mentionné par la presse. Le discours musclé d’Obama passait bien auprès du public et du Congrès qui considéraient Assad comme un assassin sans pitié.

Deux mois plus tard, un communiqué de la Maison-Blanche a annoncé un changement dans l’évaluation de la culpabilité syrienne et a déclaré que les services de renseignement avaient maintenant « une grande certitude » que le gouvernement Assad était responsable de pas moins de 150 décès dus à des attaques au sarin. Ce qui a fait encore plus la une des journaux. On annonça à la presse qu’Obama, en réponse à cette nouvelle donnée, avait ordonné une augmentation de l’aide non létale à l’opposition syrienne. Mais encore une fois, il y avait d’importantes réserves. Cette nouvelle information contenait un rapport selon lequel les responsables syriens avaient planifié et exécuté les attaques. Aucun détail n’était fourni, pas plus que l’identité des auteurs du rapport. Le communiqué de la Maison-Blanche précisait que l’analyse en laboratoire avait confirmé l’utilisation de sarin, mais aussi que cette utilisation confirmée de l’agent neurotoxique « ne nous dit pas comment, ni où les individus ont été exposés, ni qui est responsable de sa diffusion ». La Maison-Blanche a en outre déclaré : « Nous n’avons pas de rapports corroborés et fiables qui indiquent que l’opposition en Syrie a acquis ou utilisé des armes chimiques ». Cette déclaration contredit les preuves fournies à l’époque par les services de renseignement des États-Unis.

Al-Nosra et son emploi de sarin

Dès la fin du mois de mai, m’a dit le consultant du renseignement, la CIA avait informé l’administration Obama sur al-Nosra et son emploi de sarin, et avait envoyé des rapports alarmants qu’un autre groupe fondamentaliste sunnite actif en Syrie, al-Qaïda en Irak (AQI), avait également maîtrisé la fabrication de sarin. À l’époque, al-Nosra opérait dans les zones proches de Damas, y compris dans la Ghouta orientale. Un document des services de renseignement émis au milieu de l’été a abondamment traité la cas de Ziyaad Tariq Ahmed, un expert en armes chimiques et ancien membre de l’armée irakienne, dont la présence était signalée en Syrie et qui opérait dans la région de la Ghouta orientale. Le consultant m’a dit que Tariq avait été identifié « comme un gars d’al-Nosra, connu pour avoir fabriqué du gaz moutarde en Irak et comme quelqu’un impliqué dans la fabrication et l’utilisation de sarin. » Il est considéré comme une cible majeure par l’armée états-unienne.

Al-Nosra avait la possibilité d’acquérir et d’utiliser le sarin

Le 20 juin, un câble top secret de quatre pages récapitulant les capacités d’al-Nosra en armes chimiques fut transmis à David R. Shedd, vice-directeur de la Defense Intelligence Agency [Agence de Renseignement militaire]. « Shedd a été informé de manière précise et complète », a dit le consultant. « Ce n’était pas un tas de "nous pensons que …". » Il m’a dit que le câble ne précisait pas si c’était les rebelles ou l’armée syrienne qui avaient lancé les attaques en mars et avril, mais il confirmait les rapports antérieurs selon lesquels al-Nosra avait la possibilité d’acquérir et d’utiliser le sarin. Un échantillon du sarin utilisé avait également été récupéré —avec l’aide d’un agent israélien— mais, selon le consultant, on ne trouve aucune mention de cet échantillon dans les échanges de câbles.

Les forces rebelles étaient capables d’attaquer les forces états-uniennes avec du sarin

Indépendamment de ces évaluations, les chefs d’état-major, en prévision d’un envoi de troupes états-uniennes en Syrie pour s’emparer des stocks d’agents chimiques du gouvernement, ont demandé une analyse générale des menaces potentielles. « L’Ordre d’Opération fournit la base de l’exécution d’une mission militaire, lorsqu’elle est ordonnée », a expliqué l’ancien responsable du renseignement. « Cela inclut l’éventuelle nécessité d’envoyer des soldats états-uniens sur un site chimique syrien pour empêcher les rebelles de s’en saisir. Si les rebelles djihadistes devaient prendre le contrôle d’un site, l’hypothèse est qu’Assad ne nous attaquerait pas parce que nous serions en train de protéger les produits chimiques des rebelles. Tous les Ordres d’Opération contiennent une estimation des menaces potentielles. Nous avions des analystes techniques de la CIA, de la Defense Intelligence Agency, de spécialistes en armements, et des gens des services d’alerte qui travaillaient sur le problème … Ils ont conclu que les forces rebelles étaient capables d’attaquer les forces états-uniennes avec du sarin parce qu’ils étaient capables d’en produire. Cette conclusion s’appuyait sur des indications et des renseignements humains, ainsi que sur des intentions exprimées et la capacité technique des rebelles. »

Il est prouvé que pendant l’été des membres du comité des chefs d’état-major ont été troublés par la perspective d’une invasion terrestre de la Syrie ainsi que par le désir professé par Obama de fournir un appui non létal aux factions rebelles. En juillet, le général Martin Dempsey, président du comité des Chefs d’état-major, a fourni une évaluation pessimiste en déclarant, au cours d’une audition publique devant la commission des Forces armées du sénat, que « des milliers d’hommes des forces spéciales et d’autres forces terrestres » seraient nécessaires pour s’emparer de l’arsenal très dispersé d’armes chimiques en Syrie, ainsi que « des centaines d’avions, de navires, de sous-marins et autres matériels de logistique ». Les estimations du Pentagone étaient de 70 000 hommes, en partie parce que les forces états-uniennes auraient également à protéger la flotte de fusées syriennes : l’accès à de grandes quantités de produits chimiques pour créer du sarin n’avait pas grand intérêt pour les rebelles sans les moyens requis pour l’expédier. Dans une lettre au sénateur Carl Levin, Dempsey a mis en garde que la décision de saisir l’arsenal syrien pourrait avoir des conséquences inattendues : « Nous avons appris de ces dix dernières années, cependant, qu’il ne suffit pas de simplement modifier l’équilibre des forces militaires si on ne prête pas soigneusement attention à préserver le fonctionnement de l’État … Si les institutions du régime devaient s’effondrer en l’absence d’une opposition viable, nous pourrions par inadvertance donner le pouvoir aux extrémistes ou libérer les armes chimiques que nous cherchons justement à contrôler ».

La CIA a refusé de commenter cet article. Le porte-parole de la DIA et le bureau du directeur du Renseignement national (Office of the Director of National Intelligence – ODNI) ont dit qu’ils n’étaient pas au courant du rapport de Shedd et, lorsqu’ils ont reçu les références précises du câble, ont dit qu’ils ne le trouvaient pas. Shawn Turner, directeur des Affaires publiques de l’ODNI, a déclaré qu’aucune agence de renseignement états-unienne, y compris la DIA, « n’affirme que le Front al-Nosra a réussi à développer une capacité à fabriquer du sarin ».


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