@Elliot

Pour ce qui serait d’un FN reagano-thatchérien, je connais parfaitement cette antienne généralement ressassée par ceux qui ne comprennent pas ou mésestiment les rapports de force idéologique d’alors, en pleine guerre froide, qui font fie de manière commode à leur démonstration de l’anti-communisme viscéral qui animait alors un Jean-Marie Le Pen, à juste titre selon moi.

Nous allons donc nous attacher à déconstruire cette vulgate, selon laquelle le Front eût jamais été un parti ultra-libéral, et qui est en réalité une mystification. Une anecdote d’abord : j’ai encore souvenir d’un Jean-Marie Le Pen ridiculisant un J.F. Kahn à L’heure de vérité - dévoilant surtout les contradictions fondamentales de la bien pensance de gauche pseudo-humaniste, elle authentiquement néolibérale - sur la question des emplois les moins qualifiés qui seraient fatalement destinés, selon JFK, aux immigrés importés de fraîche date. Un couplet auquel vous semblez vous être converti vous aussi...

Cette idée selon laquelle les Français ne voudraient pas remplir des postes sous prétexte de leur dureté est en fait un argument fallacieux et servant comme à l’accoutumée, chez nos idiots utiles, extraordinairement les vues du grand patronat. Alors que justement, selon la loi bien comprise de l’offre et de la demande, une hausse des salaires aurait provoqué mécaniquement à l’époque (mais également aujourd’hui, si cette politique était mise en œuvre) une augmentation de la demande interne, sans nécessité de recourir à une immigration importée. Inversement, une augmentation d’une demande importée de l’extérieur (nombre de travailleurs), à offre constante (offre d’emploi) voire diminuante en période de chômage endémique, augmente nécessairement le chômage... et comprime par conséquent les salaires. CQFD.

Sauf à faire preuve de malhonnêteté intellectuelle, vous m’accorderez donc que, même dès 1984, JMLP qui était (conformément à son corps de doctrine, voyez le renversement de perspective) vent debout contre la doxa dominante sans-frontièriste, et non moins paradoxalement contre le « There Is No Alternative » d’accent très reagano-Thatchérien que lui opposait alors le journaliste de « gauche » JFK (quelques années auparavant, Marchais, sincère défenseurs des travailleurs français lui, appelait ni plus ni moins qu’à fermer les frontières et stopper l’immigration légale et illégale), JMLP donc ne se caractérisait pas par un ultra-libéralisme révolutionnaire !

En tout état de cause, il est indubitable que macro-économiquement, les éléments programmatiques qui émaillent le projet du Front national sont bien MOINS teintés de libéralisme que ceux qui parsèment celui du Front de gauche.

Le corpus idéologique libéral est pourtant très clair : libre-circulation des capitaux, des marchandises et... des travailleurs, au vue de servir de variable d’ajustement pour le Capital (armée de réserve d’un point de vue marxiste, mais il est vrai qu’il n’y a plus beaucoup de marxistes à gauche, c’est pour cela qu’il est fort aisé de les doubler sur la leur) par un processus de délocalisation importée. Or le FdG de Mélenchon est idéologiquement contre le fait d’envisager mettre des barrières, quelles qu’elles soient, à l’immigration de travail/peuplement/substitution.

Et vous aurez un mal infini pour contrer cet argument, vous m’en voyez désolé.