@Pierre JC Allard
Le monde de la création et de l’édition, et d’une façon générale celui des artistes est une horreur feutrée.
Il faut savoir où l’on va quand on entre dans cette attraction foraine qui vous mettra la tête à l’envers, avant de vous mettre dans le labyrinthe aux miroirs déformés.
Peintre à mes heures, j’ai fait quelques expositions primées, sans vraiment insister ; la plupart du temps distinguées par des artistes locaux. L’erreur est bien sûr de concourir. La plupart du temps, les prix iront aux œuvres les plus médiocres, pour la bonne raison que la plupart des membres du jury, plus ou moins consciemment, ne veulent pas consacrer quelqu’un susceptible de leur faire concurrence.
Je me souviens aussi d’un concours réservé aux « bricoleurs de génie ». Il y avait des choses stupéfiantes : La machine de Denis Papin à l’échelle, un mécanisme d’Horlogerie déclenchant l’apparition d’un automate aux mouvement complexes, etc etc......Le premier pris a été donné à un type qui avait réalisé une tour Eiffel avec des allumettes collées.....
Les visiteurs de l’expo étaient priés de ne pas rire....Mais c’était vraiment du foutage de gueule !
On va chercher souvent la malchance pour justifier le refus de tant de manuscrits qui après coups se révélèrent des chefs d’œuvres. Proust en étant le meilleur exemple.
Mais on oublie souvent la faute intentionnelle, le règlement de compte, le refus de voir apparaître de nouvelles voix.
Il faut le savoir avant de se lancer dans ce choix périlleux de se mettre à nu au milieu de la salle. Les gens qui vivent de leur art sont une infime minorité.
Il ne faut pas pour autant en accumuler du ressenti et de l’aigreur.
« Poussière tout n’est que poussière » comme disait l’ecclésiaste.
Mais l’accepter, en pensant si l’on est déçu, c’est que l’on avait simplement mal évalué combien le sol était dur.
En conséquence, il faut revoir ses paradigmes , et s’adapter à l’évidence. Se faire souple plutôt que de se raidir !
Lacan disait la réalité, c’est quand on se cogne au mur !
Nous y voilà.