Gauche, droite...Gauche, droite...
Du pareil au même ?
Non. Il y a des points communs, certes. Niveau institutions et respects, niveau maintien de la démocratie, l’un vaut l’autre.
Les différences se font sur la société. La droite veut stagner et considère toute avancée comme un danger mortel, à ne toucher qu’avec prudence et modération, et uniquement si les instances anciennes sont d’accord. La gauche estime au contraire qu’il faut parfois faire fi des vieilles lunes et avancer.
Les différences se font sur le plan économique aussi : certes, la gauche, dans son immense majorité, a abandonné tout espoir de marxisme à opposer au capitalisme. L’expérience soviétique a montré que cela ne marchait pas.
La ligne de démarcation passe désormais entre l’interventionnisme et la régulation et les tenants du libre-échange.
La grande difficulté de la Gauche, c’est que l’économie n’est plus une notion nationale mais planétaire. Qu’on le veuille ou non, aucun gouvernement ne peut plus agir seul dans son coin. Pour changer les choses, il faut des alliés. Et force est de constater que ceux ci sont rares. Chaque grand parti de la gauche européenne a été au pouvoir pendant que les voisins étaient dirigés par le Droite. Quand le Labour officiait, on était sous l’ UMP et la CDU. Quand le SPD officiait, c’étaient le RPR et les Tories au pouvoir et quand le PS est aux commandes, on a droit à la CDU et aux Tories encore. Allez infléchir une construction européenne avec cela !
Autre difficulté : les ayatollahs qui se veulent plus à gauche que les autres, et qui se livrent à la surenchère pour paraître le plus à gauche possible que les autres. Y compris au risque de faciliter la victoire du FN au final.
On les reconnait facilement : à chaque polémique, ils invoquent les mânes de Jaurès et de Blum, accusant les autres d’hérésie sociale-démocrate ou pire encore, sociale-libérale. On est presque revenus aux années 50 quand la réthorique PCF invectivait les déviants trotskistes ou titistes en les qualifiant de « vipères lubriques à la solde du grand Capital. »
Ils se veulent les gardiens du Temple Socialiste mais à vouloir imposer leur Dogme, ils ne voient pas qu’ils se changent eux-même en ce qu’ils désirent combattre avant tout. Ils en deviennent une Eglise, avec leurs papes et envoyant leurs évêques défendre le Texte Sacré tout en promettant Excommunication et bûcher à ceux qui prêtent une oreille attentive aux tenants du pragmatisme économique.
Non, la gauche existe encore. Mais elle est en mutation et les anciens n’apprécient pas les modernes.
C’est une question de génération après tout. Il faut laisser le temps faire son oeuvre. Le Peuple est moins stupide qu’il n’y parait et il a déjà avalisé l’entrée du PS dans le XXIè siècle. Les aubrystes et autres Montebouriens devrait se souvenir que la majorité du PS est acquise aux nouvelles lignes.
Et que si l’envie leur prenait d’imiter l’aile gauche de Syriza, qu’ils se souviennent bien que leur envol s’est changé en crash rapide. 2,8 % des suffrages et une élimination totale de la Vouli.
Il n’est donc pas surprenant de voir que le peuple de gauche, encore hésitant, se réfugie dans l’abstention.
Peut-être que la victoire du FN aux prochaines régionales est le prix à payer pour qu’un électrochoc salutaire ne leur face comprendre que si Jaurès et Blum ont été de grandes figures de leurs temps, ils ne sont plus que statues de musée, et que leurs thèses et théories ne peuvent plus s’appliquer dans un monde complètement différent du leur.