@Passante,
je pense , pour votre premier message, que vous avez raison. Pourtant je ne crois pas avoir tort.
Il faut peut-être mieux définir de quoi l’on parle.
Quand vous dites délire religieux, je le comprends comme ce mouvement, celui de la grégarité, qui agglomère les êtres humains selon qu’ils se ressemblent, qu’ils sont semblables, - c’est par exemple un groupe de supporter - et dont la cohésion tient dans un combat contre un autre dissemblable.
Ce que je comprends de votre « religieux », c’est celle d’un groupe d’humains qui s’assemblent en un tas qui s’idéalise lui même et vit du rejet de l’autre. Vous parlez d’hystérisation et je trouve le mot particulièrement bien choisit, d’une part parce que le comportement de ce tas n’a rien de rationnel mais aussi parce qu’il est constitué d’individus englués dans la matrice originel, l’utérus, donc.
Quand je parle de castration, je ne parle pas de sexualité mais plutôt de séparation d’avec la mère, de quitter la matrice originelle, comprise à la fois comme la Mère mais également comme le grand tout d’où tout provient, Dieu.
La loi religieuse, castratrice, c’est la loi du père, qui donne, à travers le langage, la place de chacun et limite ainsi le désir de jouissance qui est désir de toute puissance. C’est elle qui permet de passer de l’aliénation à la mère à l’autonomie.
Votre vision du religieux à vous, est ce qui produit le lynchage : la foule en colère, hystérique, qui s’acharne sur le bouc émissaire alors que dans ma conception du religieux la mise à mort d’un individu ne peut être que le produit d’un procès fondé en raison sur les règles du droit. Le religieux fonde le corps social dans le langage et contraint chacun à sa place.
L’exemple que vous m’avez donné de l’éducation de Laure est particulièrement pertinent, parce qu’il s’agit précisément de la question du tabou de l’inceste et donc du refus de la différenciation. Nous sommes au cœur du problème.
Ce refus de la différenciation produit d’une part ce « Nous » fait d’un tas de semblable, mais également la souffrance de celui qui en est prisonnier et qui a besoin de s’en extraire pour enfin naître, tout en refusant d’abandonner la jouissance que cette adhésion au « Nous » produit.
Souffrance et désir d’émancipation, c’est ce qui produit l’esprit de révolution : il s’agit d’abattre le tyran qui est perçu comme cause de la souffrance et comme l’empêcheur de jouir en paix. Le tout s’articule dans un esprit libertaire, il s’agit bien effectivement de se libérer, bien que ce dont il faut se libérer n’est pas là où l’on croit. ça se termine dans le massacre, parce que fondamentalement, le refus de la différenciation conduit à la négation de l’autre.Autre qu’on tue parce qu’on le croit responsable de notre souffrance, en cela que l’Autre est l’image du père - et ce n’est pas pour rien que Louis XVI finit décapité - dont la fonction est ici de nous séparer de la Mère, alors que la souffrance, on la porte en nous et que cet Autre, le père, castrateur, perçu comme l’ennemi, est en réalité une puissance émancipatrice.