Très bon, Dugué, excellente synthèse, constat lumineux, concis, sans appel.
Dès que tu te mets à poil - je veux dire que tu arrêtes avec le Moi poisseux, ça s’élève. Tu n’es pas à l’abri d’une rechute, j’ai vu que t’étais allé chouiner chez la Julie.
Bon, il faut appeler les choses par leur nom : nous sommes dans une aliénation et elle n’est en rien différente des aliénations passées, présentes (celle religieuse, par ex). Même ressorts, même destin, même cheminement, même issue. Le décor du manège change mais c’est le même manège. Cercle vicieux.
Tu prends ici le concept science dans un sens premier, générique (l’esprit scientifique) ; cela peut amener à confusion dans tes écrits car d’autres fois tu parles de science (au sens réduit d’activité scientifique). Il serait préférable de parler d’äge du Vrai, me semble-t’il ; notre temps a placé la Vérité comme valeur suprême au-dessus de sa tête (ce qui ne signifie pas que le faux ou le mensonger n’existent pas ; une chose que l’Exigence, autre chose que sa réalisation).
Je relève une contradiction. Aristocratisme ; je t’ai reproché l’autre fois ton démocratisme indécrottable. Penses-tu vraiment que la vertu, la force de caractère, la virilité d’âme peut être répandue, commune et même la règle ? Penses-tu que ce qui est rare peut devenir la norme ? Par quel mystère prodigieux, je me demande déjà. Mais c’est tout à fait impossible, antinaturel au possible. Puis ça me semble inconsidéré de songer à la masse comme autre chose qu’un truc mouvant, larvaire, informe. N’est-ce pas cette masse que l’on distingue derrière Hitler ou autre ? La masse n’est rien d’autre que le substrat sur lequel s’élève des fleurs, toutes chatoyantes, mais parfois vénéneuses, parfumées ou même carnivores (sinon carnassières).