@doctorix le bénéfice ne va pas à l’ouvrier remplacé, mais à l’investisseur
Tout-à-fait. Est-ce la faute de la machine si c’est le cas ? Donne-t-elle directement des billets à l’investisseur ? Le problème est social, pas technologique. Si je devais résumer en une phrase, ce serait que le chômage (dans le sens perte de niveau de vie) n’est pas créé par les machines, mais par le système économique et social en place.
Quant à l’exemple du poinçonneur, est-ce là un travail vraiment indispensable ? Les problèmes que vous soulevez ne sont à mon avis pas liés à la suppression des contrôleurs mais à un problème plus général… pour reprendre votre terme « rare », aujourd’hui je vous laisse postuler à un poste de poinçonneur tel que vous le décrivez, je ne suis pas convaincu que vous observeriez des mêmes effets… là encore, on touche à un problème de société, non à un « méfait » du progrès. Vous allez fustiger les consoles de jeu, je rétorquerai autorité.
L’automatisation peut nous libérer des tâches pénibles et répétitives, il serait tout de même dommage de s’en priver. Voulez-vous vraiment retourner dans une grotte ? Comme le souligne l’article, l’homme cherche simplement à améliorer ses conditions de vie. Reste à définir le contexte social dans lequel opérer cette transition vers l’automatisation. Pour l’instant, ce sont les élites qui ont écrit ce contexte, le résultat n’est du coup pas étonnant.
S’attaquer au progrès, c’est masquer le vrai problème : la montée des inégalités, orchestrée par des humains de chair et d’os.
Les élites ont toujours tout fait pour s’accaparer le maximum de ressources, tout en essayant d’éviter dans la mesure du possible de provoquer des révoltes chez les autres. C’est ainsi (et très humain), répertorié dans des tablettes d’argile, papyrus et autres parchemins, depuis des millénaires. Le progrès a-t-il changé les fondamentaux ? Pas qualitativement, mais quantitativement. Plus il y a de richesse à capter, plus elle est détournée, car le minimum vital dont le peuple a besoin pour ne pas se révolter évolue peu.
La différence est plus visible aujourd’hui Pour deux raisons.
D’une part parce qu’elle est plus grande : il y a globalement beaucoup plus de richesse mais le peuple n’en reçoit pas beaucoup plus qu’avant. Malgré tout, il en reçoit quand même un peu plus. Quand, en compulsant les registres des naissances et décès, je me compare à mes ancêtres paysans du XVIIIème siècle qui perdaient 4 bébés sur 5 dans leur première année, je me dis que le monde et la souffrance ont bien changé, même si je suis très conscient que ce n’était certainement pas l’époque la plus glorieuse de l’histoire humaine.
D’autre part mais aussi et surtout parce que nous savons lire et accéder à l’information qui expose une partie de ces inégalités, ce qui manquait à nos ancêtres. Et cela, nous le devons au progrès, car il nous a libérés des tâches les plus ingrates et ainsi nous devons nous éduquer un peu pour rester utiles.
Cette information est bien sûr contrôlée, déformée, manipulée, comme de tous temps, mais je suis persuadé que nous nous en sortons mieux que nos ancêtres à ce niveau-là, du moins pour qui a la volonté de s’informer en gardant son esprit critique.
Quant à l’obsolescence programmée, là encore il va falloir se battre sur un plan social. Pas technologique. Quelle est la part d’avantages perçue par l’ingénieur programmant une mort prématurée d’un équipement ? Son salaire. Maigre récompense (si on peut même considérer que c’en est une). Les bénéfices reviennent en plein aux actionnaires, qui redistribuent le minimum vital pour éviter la révolte. On en revient au problème systémique.