@Agafia
Bonsoir et merci à vous
La plupart du temps j’écrit mes articles à partir d’une révolte ou d’une inspiration subite. Je n’aurais pas pensé que la visite de ces lieux m’aurait autant ébranlé. Des choses obscures couvent en nous, et ne s’épanchent qu’à l’occasion d’événements particuliers, et leur ampleur est d’autant plus étonnante qu’on y est pas préparé. Les eaux c’est sûr charrient avec elles de grands secrets.
Les Bretons sont partout, et les Bretonnes aussi. C’est un pays que les gens aiment, mais dont ils se séparent, la plupart du temps, pour des raisons économiques, et maritimes, car il est vrai que le pays vous fait. L’eau les attire toujours, les aspire et les rejette ailleurs, et il n’y a sûrement rien d’étonnant à ce qu’on en voit sur les bords du Léman.
Il y a sans doute des lieux bien plus déplaisant que ce beau lac, ayant retrouvé toute sa limpidité, et dont le mot enfant, m’enchantait déjà, à l’égal d’autres noms exotiques, tel Valparaiso.
Il existe bien des points communs entre les habitants des vallées alpestres et ceux de vallées toutes aussi enclavées en Bretagne, du moins dans le temps. La Bretagne a été pendant longtemps une région dont le pouvoir se méfiait, en raison de quelques révoltes, et d’une mauvaise réputation, bien usurpée d’ailleurs.
Mais il est vrai que le pays est parfois déconcertant ; cela vient peut être d’une culture contrariée, que même les bretons eux mêmes considèrent toujours avec ambivalence, quoique beaucoup moins au temps présent. Mal en comprendre les causes condamne à l’excès, d’un coté comme de l’autre, en de bons retours du refoulé.
Mais toute une génération s’est amputée elle même de sa langue, a refusé la transmission ; Il y a là un crime, dont il est toujours mal vu, d’explorer les racines, que l’on se place d’un bord ou de l’autre, la culpabilisation et le refoulement étant à l’oeuvre.
On en voit les effets ensuite autant sur un individu que sur un état. Il ne faut pas aller chercher ailleurs cette rigidité d’un autre temps, ce déni culturel de Paris jacobin.
Les mécanismes de défense ont évolué, mais le résultat est le même. .
Les villages et les clans entretenaient entre eux une certaine compétition, un clivage, qu’on a pu retrouver longtemps ici entre école privée, ou laïque, dite « du diable ». C’est dire les conflits, et la place de l’église, qui a fortement diminuée maintenant.
Ces émulations créaient parfois des choses remarquables. Il ne faut pas chercher ailleurs la proximité des beaux enclos paroissiaux et des calvaires, dont le dissémination s’établit dans des zones géographiques circonscrites.
C’est dans les îles que l’on peut sans doute retrouver le plus ce qui caractérisait certaines vallées alpestres, ou des villages du bout du monde : Ile de Groix, par exemple face à Lorient ; Quelques noms de famille qui reviennent beaucoup. On donnait aux Groisillons le noms de greks, rapport au nom de la cafetière en breton ( grek) les îliennes ayant toujours une cafetière sur le feu pour réchauffer les pécheur...Cette petite ile de 8kms sur 3 a gardé un clivage identitaire, entre le bourg, et locmaria, situé de l’autre coté. Dans les années 80 ayant travaillé au foyer de personnes âgées, une vieille femme me racontait le passé de l’ile, et le fait que le clivage continuait toujours à s’établir, même dans le foyer.
Ainsi me disait-elle,« il y a ici que des marins parmi les hommes. Mais je suis sûr que si certains issus du bourg ont été au bout du monde, ils n’ont jamais foutu les pieds à Locmaria »