@Bernard Moreau
Irak, Tunisie, Libye, Egypte, Syrie constituaient autant d’états autoritaires, dans une conception paternaliste pour part héritée du socialisme soviétique. Leurs dirigeants étaient tous plus ou moins des « tyrans », peu soucieux des droits de l’homme ou de la liberté d’expression, les standards de confort ou de liberté qui y prévalaient n’étaient certes pas les nôtres et le chômage y frappait de plein fouet une jeunesse aspirant à mieux vivre.
Mais tous ces états investissaient une part considérable des ressources tirées de la manne énergétique dans les équipements et infrastructures d’accès à l’eau, à l’irrigation, à l’alimentation, au logement, à l’instruction, à la santé et aux soins, ... - soit si on se réfère à la pyramide des besoins de Maslow.dans la satisfaction des besoins essentiels de leur population.
Si même la Tunisie s’en sort mieux que les autres et si l’armée égyptienne ne s’en est pas laissé conter, que reste-t-il de l’Irak après la chute du tyran ? Quels effets à l’enthousiasme philosophique sponsorisé par l’OTAN de la révolution libyenne sinon le chaos, la distribution et la dissémination à travers tout le Sahara de stocks insensés d’armements qui ont déstabilisé toute la région, jusqu’aux destructions des tombeaux de Saints à Tombouctou ? Quant aux Syriens, faut-il attribuer au seul refus d’Assad de se laisser renverser la responsabilité des centaines de milliers de morts et des millions de réfugiés du fait d’e leurs appartenances ethniques et religieuses pourtant - comme en Irak - respectées jusque là ? Sans même parler du faux nez que constitue pour Al-Nostra (ex- Al Quaeda, désormais fréquentable !) l’Armée Syrienne de Libération, et des mouvements incessants d’équipements et d’instructeurs U$, anglais, français, turcs et arabes que Vladimir Poutine s’attache maintenant à « neutraliser » ?
Le combat pour la démocratie brandi par l’Occident et ses très « démocratiques » alliés Sa oud ou qataris, alimenté par ses réseaux sociaux - les jeunesses nord-africaines et arabes étaient du moins connectées -, financé, équipé et soutenu plus ou moins discrètement par ses armées n’a à mon sens servi qu’à assurer ses propres intérêts énergétiques en faisant fi de toutes les valeurs humanistes dont il continue à très hypocritement se parer.
Et si même l’enfer était pavé de bonnes intentions et les intentions occidentales réellement bienveillantes, qui peut un seul instant ajouter foi à une promotion de la démocratie qui impliquerait pour préalable d’en ramener les « bénéficiaires » survivants à l’âge de la pierre, dans les ruines, les massacres et la désolation ? Pas moi, et pas en mon nom !