@popov
« C’est ce que les fermiers ont fait depuis des millénaires avec les légumes, les céréales et les animaux d’élevage. »
La sélection est une idée de l’aristocratie bourgeoise, je vous conseille cet article de ce chercheur, directeur de Recherche INRA / CTESI
Jean-Pierre Berlan, Agriculture et élevage : sélection aristocratique et sélection bourgeoise
De l’influence sociale sur les pratiques de sélection
Le vivant possède deux propriétés fondamentales et paradoxales : celle de se reproduire et de se multiplier en conservant ses caractéristiques ; celle de changer, d’évoluer, de s’adapter. Le temps géologique a accumulé une extraordinaire variabilité génétique inter et intraspécifique. Au cours de leur bien brève histoire, les hommes ont domestiqué les plantes et les animaux, les ont sélectionnés et adaptés de plus en plus finement à leurs besoins en utilisant cette variabilité naturelle et en l’élargissant. L’agriculture est le produit de ces deux propriétés complémentaires qui se sont constamment appuyées l’une sur l’autre.
Mais vers 1760 pour les animaux et un siècle plus tard pour les plantes, ces deux propriétés deviennent antagoniques avec l’émergence d’une nouvelle catégorie sociale, celle du sélectionneur/investisseur. Il ne s’agit plus d’améliorer les animaux pour satisfaire des besoins, mais pour faire de l’argent de transformer « l’hérédité » en marchandise. La faculté du vivant de se reproduire et de se multiplier s’oppose alors au « droit naturel » du profit et l’agriculture et l’élevage à la sélection et au sélectionneur. La sélection n’est qu’un moyen de faire un profit. Dès lors, l’objectif final du sélectionneur/investisseur (et plus tard de la génétique agricole) ne peut être que de lutter contre cette malheureuse propriété des plantes et des animaux de se re-produire et de se multiplier dans le champ du paysan.
Dans le domaine animal, cet objectif n’était pas trop difficile à atteindre : l’éleveur peut boucler ses animaux pour en contrôler les saillies et garder ainsi le monopole du « sang » de ses souches. Le rôle des livres des origines (le premier pour les animaux de ferme date de 1822 – herd-book) est de conforter ce bouclage. Des saillies sans papier sont sans valeur – exactement comme les bâtards que sèment les aristocrates en dehors de leur lignée. Cette facilité de contrôle physique et administratif du « sang » et de sa monopolisation administrative explique que les sélectionneurs professionnels animaux apparaissent avec environ un siècle d’avance sur les sélectionneurs de plantes [1] qui entrent maintenant dans la phase finale de confiscation de cette faculté [2].
C’est cette grille de lecture théorique que je vais tenter d’appliquer à l’histoire de la sélection animale, comme je l’ai fait pour la sélection des plantes. Cette démarche a montré sa valeur heuristique à en juger par l’ostracisme que ces travaux me valent de la part de la Direction Générale de l’INRA [3]. Dans le domaine de l’élevage, beaucoup reste à faire, mais il me semble que cette grille de lecture devrait jeter un éclairage nouveau sur un pan essentiel des pratiques agronomiques et du développement des sciences du même nom depuis près de deux siècles. En même temps elle pourrait permettre d’engager la recherche agronomique en France et ailleurs dans des voies scientifiques nouvelles, que sa soumission, maintenant délibérément imposée à la loi fondamentale de notre société – tout doit devenir marchandise – lui a fait négliger.
lire l’article :
https://sniadecki.wordpress.com/2015/02/10/berlan-selection/
01/12 15:37 - popov
@njama Assez d’accord avec l’article de Jean-Pierre Berlan. À cela, il faut (...)
01/12 02:35 - Samson
@orianeborja PS : Ceci dit, je ne vois pas très bien comment on se passerait des planning (...)
30/11 18:08 - non667
@Enabomber je n’ai pas la plume facile ! aussi je ne veux pas me fatiguer à expliquer à (...)
30/11 13:16 - njama
@Enabomber ok je comprends mieux ... tout de même étrange de consacrer autant d’argent à (...)
30/11 10:29 - Enabomber
@njama J’ai mal placé mon commentaire, c’était à propos des Georgia (...)
30/11 10:11 - njama
@Enabomber quoi donc ? transformer « l’hérédité » en marchandise ? Si pour vous breveter (...)
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