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Commentaire de gogoRat

sur Bugs dans la Matrice : comment le web peut reconfigurer (ou non) notre civilisation (3/3)


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gogoRat gogoRat 6 décembre 2015 13:59

 Je crains de voir confortée ici mon impression d’une double méprise :
 1°- d’une part méprise de perception ou d’interprétation conduisant à une analyse péremptoire
 2°- d’autre part méprise sur les objectifs souhaitables.
       
 1° analyse péremptoire : “”  
 ☛  “Chez ces derniers [ie : individus prédisposés], et seulement chez eux, l’Internet avait bouleversé leur pratique de la citoyenneté et leur vision de la démocratie. Ce n’est que chez eux que l’aspiration à une « vraie démocratie » se manifestait.”
 
 ☝ : peut-on exclure l’hypothèse que nombre de ces ’visions de la démocratie’ ou aspirations aient préexisté à l’avènement d’Internet ? voire aient contribué à son appel et à sa réalisation ?
 
 ☛ “parmi les facteurs d’effondrement ... persistance de valeurs traditionnelles”
 ☝ : Cette formulation risque de laisser entendre que toutes les valeurs traditionnelles seraient devenues obsolètes !
 Le lien vers automatesintelligents montre un contexte plus ciblé. Mais dans l’état ce n’est ni un constat, ni une opinion publique notoirement consensuelle ;
 tout au plus une conjecture qui resterait à justifier. Il ne suffit pas pour cela de montrer que ’la possibilité d’un effondrement des civilisations humaines ... est une perspective crédible’.
 
 ☛ “les innovations purement virtuelles, via des plateformes en ligne, que certains technophiles un peu naïfs proposent pour mettre en relation citoyens et représentants (censés coopérer)”
 ☝ : tout en conservant un nécessaire esprit critique, et même s’il le faut un rien acerbe, face à certaines de ces initiatives, quel ’démocrate’ peut se permettre de juger de ce qui y serait ’naïf’ ou ’technophile’ ? Est-il avéré que, dans chacune des optiques évoquées, citoyens et représentants soient censés coopérer ? (si ce n’est par le biais de la pression d’opinions personnelles et collectives publiquement révélées ?)
 
 
 2°- méprise sur les objectifs démocratiquement souhaitables
 
 Un peu l’impression d’un regard braqué vers le doigt tendu plutôt vers la lune vers laquelle pointe ce doigt. 
 Comme si la démocratie était envisagée sous la forme d’une simple équation mathématique à résoudre : une solution à trouver pour peu que des ’bulles’, des ’minorités émergentes’, de ’nouveaux candidats’ éclairés finissent par savoir apporter la bonne hauteur de vue, les bonnes ’idées nouvelles’ , voire les bons outils/consommables clefs en main ?
 
 N’est-il pas significatif que le débat tourne autour de :
’comment utiliser web/technologies ?’
plutôt que : ’comment nous approprier ou ré-approprier les motivations humaines qui nous poussent à développer techniques et cultures ? ’  ?
 
Pensons à la fable du ’laboureur et ses enfants’ :
des enfants qui rêvent de tomber sur le veau d’or au point de négliger le vrai petit veau qui pourra devenir le bœuf qui pourra les aider à labourer leur champ ...
 Ainsi en va-t-il d’une convoitise d’objets technologiques, d’une philosophie tournée sur les usages possibles ou souhaitables de cette technologie, sur l’analyse d’une ’technophilie’ décrétée qui ne traduit en fait qu’un mépris plus ou moins conscient des ressorts profonds de la technique et des arts.
 
 En considérant le langage comme une technique et comme un art, ne saurait-on entrevoir la puissance politique potentielle qui nous reste à conquérir au vu de cette juste observation :
 « la préservation de la démocratie, comme le savaient bien les Grecs anciens, passe avant tout par celle de l’isègoria (l’égalité devant le droit de parole) et de la parrhèsia (le droit pour chaque citoyen de dire en public le fond de sa pensée), et c’est ce que le web nous offre précisément de plus précieux, mais aussi qui est immanquablement menacé. »


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