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Accueil du site > Tribune Libre > Bugs dans la Matrice : comment le web peut reconfigurer (ou non) notre (...)

Bugs dans la Matrice : comment le web peut reconfigurer (ou non) notre civilisation (3/3)

Contexte :

Dans Odyssée 2.0, j'ai montré que la démocratie ne pouvait pas être dite exister dans nos grands États, avant l'avènement du numérique, qui néanmoins ne la réalisait pas ; le numérique rendait simplement sa réalisation enfin pensable. Sur le web, nous pouvions en effet accéder enfin à la liberté d'expression, jusque-là confisquée par les politiques et les journalistes, nous pouvions délibérer ensemble, entre citoyens, mais aussi commencer à contrôler les pouvoirs, à les dénoncer de manière virale en cas d'abus ; nous pouvions encore nous essayer à penser par nous-mêmes, avec tous les savoirs à portée de main, sans plus nous en remettre à quelque directeur de conscience que ce soit.

J'ai montré comment, en particulier sur AgoraVox, des citoyens pouvaient entreprendre de sortir de leur état de minorité.

Mais j'ai aussi dû admettre, études à l'appui, que les citoyens actifs sur la Toile, fréquentant blogs et médias alternatifs, étaient une infime minorité, au milieu d'une masse usant du web pour consommer, se divertir et entretenir son réseau social. J'ai dû constater que les médias traditionnels demeuraient sans conteste la source d'information majeure de l'écrasante majorité de nos contemporains.

J'ai cru comprendre la raison de ce phénomène, en émettant l'idée, empruntée à Régis Debray, que nulle société ne pouvait maintenir sa cohésion sans croyances partagées, et sans un clergé qui assure la sauvegarde d'un « monde commun », d'une représentation unifiée de la réalité ; les médias traditionnels apparaissaient précisément comme le principal clergé de notre temps (du moins dans nos contrées), dont la fonction latente, inconsciente à ses propres acteurs, consistait à conformer et contrôler le débat public, et se voyait – au moins en certaines circonstances – entrer en conflit avec sa fonction manifeste et proclamée, à savoir informer honnêtement le public, combattre pour la liberté d'expression, faire vivre la démocratie :

« Le contre-pouvoir devait servir la multitude, mais la multitude doit rester unie pour se conserver et prospérer, or elle ne l'est que par le pouvoir oligarchique, et les croyances qui le soutiennent, que le contre-pouvoir doit par conséquent ménager[1]. »

Si les hommes s'informent – y compris à l'ère de la personnalisation de l'information – là où ils savent que le plus de monde se réunit, c'est parce que c'est autour de ce « foyer irradiant »[2] que la communauté se constitue et se maintient. Lieu hautement sacré en ce sens, dont la vie est redevable, et qu'un impératif d'unité inscrit au plus profond de notre être nous pousse à honorer de notre attention.

Ainsi, les données quantitatives suffisaient à l'établir : l'Internet n'avait pas bouleversé l'exercice de la citoyenneté, si ce n'est dans les marges, chez des individus souvent prédisposés, socialement et intellectuellement, à s'engager dans des activités de veille, de délibération et de production de contenus d'information. Chez ces derniers, et seulement chez eux, l'Internet avait bouleversé leur pratique de la citoyenneté et leur vision de la démocratie. Ce n'est que chez eux que l'aspiration à une « vraie démocratie » se manifestait.

C'est à ces minorités insatisfaites et « éveillées » que cet article est consacré, à ces minorités très actives mais qui, après une dizaine d'années de développement du Web 2.0, peinent encore à rallier à elles des pans plus vastes de la population, et dont l'agitation, parfois, peut paraître un peu vaine. Après avoir vu, dans un premier temps, l'incompréhension que ces citoyens, engagés dans une sorte de mutation anthropologique numérique, pouvaient rencontrer dans leur entourage, et après s'être demandé, dans un deuxième temps, dans quelle mesure une reconfiguration des idées et des forces politiques pouvaient s'opérer sous l'effet de leur mise en mouvement, voyons à présent comment leurs actions, quand bien même elles paraissent minuscules au premier abord, peuvent s'avérer à terme cruciales pour l'avenir de notre civilisation.

***

Le texte qui suit est la troisième partie de l'article « Bugs dans la Matrice : comment le web peut reconfigurer (ou non) notre civilisation ».

III. CIVILISATION

L'efficace invisible des colibris

Si la rencontre entre les « métis » du numérique et le peuple ne se produit pas aujourd’hui, cela ne signifie pas qu’elle ne se produira jamais. Avec beaucoup d’optimisme, on pourrait penser que le web, en permettant la multiplication des communautés, porteuses de visions du monde différentes, de sous-cultures, vient enrichir ce qu’on pourrait nommer (avec bien des pincettes) le « cerveau global ». Chaque communauté, plus ou moins fermée sur elle-même, explore un champ particulier de la réalité, le creuse, et enrichit le potentiel d’intelligence de l’espèce (ce qui ne se voit évidemment pas dans l’usage quotidien du web). À terme, face à un danger majeur imminent, certaines de ces communautés peuvent réorienter une société, dont le conformisme est bénéfique en temps normal – dans la mesure où il facilite l'apprentissage imitatif –, mais qui risque de se révéler néfaste, voire fatal dans un contexte qui a évolué, dans un système de représentation entré en obsolescence.

Dans une perspective très large, on pourrait ainsi imaginer un intérêt possible du web pour la survie ou, plus sûrement, la mue de notre civilisation menacée (en particulier, par la surexploitation des ressources et une répartition des richesses de plus en plus inégale). On sait que, dans Effondrement, le biogéographe Jared Diamond, parmi les facteurs d’effondrement des sociétés, signale un facteur essentiel qui ne permet pas à une société de percevoir les risques qu'elle court et d'y porter remède. Il s'agit de la persistance en son sein de valeurs traditionnelles, servies par des hiérarchies religieuses et politiques, qui en tirent bénéfice. « Ceci empêche la société d'adopter de nouvelles valeurs susceptibles d'assurer sa survie » (voir Automates Intelligents). La société reste figée sur des valeurs qui ont fait jadis sa force, mais qui font à présent sa faiblesse. De son côté, l'historien Arnold Joseph Toynbee, qui a aussi étudié l’effondrement des civilisations, en rend compte par le déclin des minorités créatrices, qui avaient initialement conçu, face à un défi d’une extrême difficulté, des solutions pour réorienter la société entière. Lorsque ces minorités déclinent, la civilisation décline aussi. Le web pourrait permettre, à grande ou à petite échelle, l’émergence de nouvelles minorités créatrices, aptes à relever les défis de notre temps (environnementaux, énergétiques, alimentaires, politiques, économiques...). Si les intérêts à court terme des chefs interdisent l’innovation salvatrice, ne peut-on pas espérer qu’elle vienne de la base de la société, ou de strates intermédiaires, et essaime par le biais du web ? On dira que les initiatives (souvent individuelles ou micro-communautaires) visibles sur le Net sont bien peu de choses, mais ce sont les petits ruisseaux qui font les grandes rivières...

La logique du web 2.0, pour les citoyens en phase d'éveil, aura d'abord consisté à prendre leur autonomie relative par rapport aux médias traditionnels (reprendre possession de l'information), en créant, en consultant ou en participant à des médias amateurs alternatifs. Certains parlent à ce sujet de « se débrancher » de la Matrice pour « se connecter » directement entre citoyens. Généralement, cette phase s'achève (au bout de quelques années) dans une sorte de cul-de-sac désespérant, puisque le citoyen a haussé son niveau de conscience (certes en n'étant pas à l'abri de quelques errances), mais se heurte à sa cruelle impuissance politique. La deuxième phase (encore embryonnaire) consiste à se servir de l'outil numérique pour approfondir la logique d'autonomisation et de résilience vis-à-vis du système dominant. Elle est beaucoup plus difficile à mettre en oeuvre, puisqu'elle exige d'articuler nos activités sur le web à des actions dans le réel. Il s'agit presque d'une conversion philosophique, si l'on se souvient (avec Pierre Hadot) que, dans l'Antiquité, la philosophie était d'abord l'adoption d'un mode de vie philosophique – justifié par un discours théorique –, radicalement différent de celui du commun des hommes.

On pourrait illustrer cette seconde phase à partir du diagnostic établi par Pablo Servigne et Raphaël Stevens dans Comment tout peut s'effondrer[3] ; selon eux, l'effondrement de notre monde thermo-industriel est désormais inévitable, nous devons en faire le deuil et imaginer le monde d'après, renaissant sur les décombres de l'ancien. Et voici comment – dans un vocabulaire très similaire à celui que nous avons mentionné précédemment – ils décrivent la transition qu'ils appellent de leurs voeux :

« Se débrancher du système industriel implique de renoncer à l'avance à tout ce qu'il fournit (nourriture industrielle, vêtements, déplacements rapides, objets divers, électronique, etc.) avant d'être obligé de subir des pénuries. [...] Tout l'enjeu consiste donc à s'organiser pour retrouver les savoirs et les techniques qui permettent de reprendre possession de nos moyens de subsistance, avant de pouvoir se débrancher. Les chemins de l'autonomie sont dès lors forcément collectifs [...]. Une fois "branchés" sur des petits systèmes autonomes plus résilients et low tech, les groupes de transitionneurs peuvent alors "se débrancher" plus sereinement du grand système qui risque de les emporter dans sa chute : ne plus devoir aller au supermarché, ne plus acheter une voiture par famille, ne plus acheter de vêtements fabriqués en Chine, etc. »[4]

Cette anticipation de la perte d'un certain confort, qui risque de nous perdre nous-mêmes si nous n'y sommes pas préparés, ne peut manquer d'évoquer certains exercices spirituels stoïciens, consistant à se détacher intérieurement de tout ce dont le devenir universel et la mort nous sépareront nécessairement un jour, et ce afin de prendre possession de nous-mêmes et de préserver notre liberté. Ici, la préparation n'est certes plus seulement mentale, mais aussi matérielle. Le web 2.0 serait donc, dans cette perspective, apparu opportunément à une époque de mue ou de métamorphose de notre civilisation (à l'image de celle de la chenille en papillon), favorisant le « débranchement » de minorités créatrices vis-à-vis des dogmes anciens, et leur « connexion » entre elles pour inventer le monde de demain.

Le parcours de Marc de La Ménardière, co-réalisateur du documentaire En quête de sens, est à cet égard assez exemplaire. Ce jeune cadre dynamique, qui travaille chez Danone à New York, se retrouve un jour cloué au lit suite à un stupide accident ; c'est alors – durant ses deux mois et demi de convalescence – qu'il se met à visionner des documentaires en ligne, anxiogènes, sur l'état de la planète et le rôle néfaste des multinationales (notamment The Corporation) et que sa vision du monde va radicalement changer. Il se rend soudainement compte que l'entreprise pour laquelle il travaille fait partie du problème auquel l'humanité est aujourd'hui confrontée. Il s'agit alors pour lui de mettre en cohérence sa vie avec ce qu'il pense avoir compris. Tout comme certains cessent de manger de la viande du jour au lendemain après avoir saisi ce qui se passe dans les abattoirs, lui se débranche de la matrice dominante, quitte son job et – reprenant à son compte l'injonction de Gandhi : « Sois le changement que tu veux voir dans le monde  » – se lance dans un projet de documentaire qui va le mener à la rencontre de nombreux acteurs du changement à travers le monde, d'un paradigme anthropocentrique – où l'homme se situe au centre de la nature dans une position de maître – à un autre qui serait biocentrique – où l'homme se perçoit en interconnection et en coopération avec tous les autres composants de la nature. Comme il le dit lors d'une conférence TEDx : « Les problèmes du monde actuellement sont liés à nos croyances. Les crises que nous traversons sont les symptômes d'une représentation du monde. Il faut repenser notre rapport à la nature et au sacré. » Et, dans ce cheminement, nous n'avons, selon lui, rien à attendre ni des entreprises ni des professionnels de la politique (qui travaillent encore trop pour les entreprises), mais uniquement de nous-mêmes. Lui aussi, d'ailleurs, a rencontré l'incompréhension de son entourage (thème que nous avons abordé dans notre première partie) et préconise de se désintoxiquer de la télévision et de ses messages en provenance de l'oligarchie (thème abordé dans notre deuxième partie).

Les chemins de l'indépendance et de la responsabilité sont, il faut le noter, des plus variés, selon les dispositions de chacun, du survivalisme exigeant d'un Vol West au coaching personnalisé, via une application mobile, qui vous guide tout en douceur dans votre transition écologique, en passant par les ateliers coopératifs, dont a récemment rendu compte Sarah Roubato, où « le virtuel n'isole pas les individus », mais « leur permet de se rassembler », dans l'optique de « créer des individus plus autonomes et plus conscients de ce qu'ils consomment ». Et quand bien même ces minorités n'inventeraient pas le monde de demain – la tâche peut paraître, il est vrai, colossale et, comme le disait Montaigne, « la plupart des choses du monde se font par elles-mêmes » (Essais, III, VIII), sans que nous n'y puissions rien –, elles peuvent profiter des ressources du réseau pour vivre au mieux cette simple vie qui est la leur, découvrir des modes de vie qui les inspirent et trouver la motivation de les faire leurs ; par exemple, comme le disent Pierre Rabhi et Yves Gillen, ne serait-ce que cultiver son jardin est aujourd'hui un acte politique, qui, de surcroît, peut embellir la vie.

Dans une région en proie à des sécheresses prolongées, à une défaillance de l’agriculture, à une chute des revenus pétroliers due au pic pétrolier local, à la corruption et à une mauvaise gestion économique aggravées par l’austérité néolibérale, et ainsi de suite, les Etats locaux ont commencé à s’effondrer. De l’Irak à la Syrie, de l’Egypte au Yémen, c’est cette même interconnexion entre des crises climatiques, énergétiques et économiques qui défait les gouvernements en place.

L’aliénation en Occident

Bien que l’Occident soit beaucoup plus résistant à ces crises mondiales interconnectées, les inégalités persistantes aux Etats-Unis, en Grande-Bretagne et en Europe de l’Ouest, qui ont un effet disproportionné sur les minorités ethniques, les femmes et les enfants, s’aggravent.

- See more at : http://www.middleeasteye.net/node/39507#sthash.6pAFbOJQ.dpuf

Dans une région en proie à des sécheresses prolongées, à une défaillance de l’agriculture, à une chute des revenus pétroliers due au pic pétrolier local, à la corruption et à une mauvaise gestion économique aggravées par l’austérité néolibérale, et ainsi de suite, les Etats locaux ont commencé à s’effondrer. De l’Irak à la Syrie, de l’Egypte au Yémen, c’est cette même interconnexion entre des crises climatiques, énergétiques et économiques qui défait les gouvernements en place.

L’aliénation en Occident

Bien que l’Occident soit beaucoup plus résistant à ces crises mondiales interconnectées, les inégalités persistantes aux Etats-Unis, en Grande-Bretagne et en Europe de l’Ouest, qui ont un effet disproportionné sur les minorités ethniques, les femmes et les enfants, s’aggravent.

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Dans une région en proie à des sécheresses prolongées, à une défaillance de l’agriculture, à une chute des revenus pétroliers due au pic pétrolier local, à la corruption et à une mauvaise gestion économique aggravées par l’austérité néolibérale, et ainsi de suite, les Etats locaux ont commencé à s’effondrer. De l’Irak à la Syrie, de l’Egypte au Yémen, c’est cette même interconnexion entre des crises climatiques, énergétiques et économiques qui défait les gouvernements en place.

L’aliénation en Occident

Bien que l’Occident soit beaucoup plus résistant à ces crises mondiales interconnectées, les inégalités persistantes aux Etats-Unis, en Grande-Bretagne et en Europe de l’Ouest, qui ont un effet disproportionné sur les minorités ethniques, les femmes et les enfants, s’aggravent.

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L’aliénation en Occident

Bien que l’Occident soit beaucoup plus résistant à ces crises mondiales interconnectées, les inégalités persistantes aux Etats-Unis, en Grande-Bretagne et en Europe de l’Ouest, qui ont un effet disproportionné sur les minorités ethniques, les femmes et les enfants, s’aggravent.

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Dans une région en proie à des sécheresses prolongées, à une défaillance de l’agriculture, à une chute des revenus pétroliers due au pic pétrolier local, à la corruption et à une mauvaise gestion économique aggravées par l’austérité néolibérale, et ainsi de suite, les Etats locaux ont commencé à s’effondrer. De l’Irak à la Syrie, de l’Egypte au Yémen, c’est cette même interconnexion entre des crises climatiques, énergétiques et économiques qui défait les gouvernements en place.

L’aliénation en Occident

Bien que l’Occident soit beaucoup plus résistant à ces crises mondiales interconnectées, les inégalités persistantes aux Etats-Unis, en Grande-Bretagne et en Europe de l’Ouest, qui ont un effet disproportionné sur les minorités ethniques, les femmes et les enfants, s’aggravent.

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Quid de la démocratie ?

Et la démocratie dans tout cela ? Que devient-elle ? Il est à craindre qu'elle ne progresse guère d'elle-même, dix ans après le dernier référendum pratiqué en France, alors même que le président de la Commission européenne déclare qu'« il ne peut y avoir de choix démocratique contre les traités européens », ou encore qu'un traité transatlantique se négocie depuis des années dans le plus grand secret. D'autant que, comme le soulignent Servigne et Stevens, « les conséquences catastrophiques du climat et des chocs énergétiques et financiers auront forcément des effets sur les systèmes politiques », et la démocratie pourrait bien être « la première victime de l'altération des conditions universelles d'existence que nous sommes en train de programmer »[5].

Quant à la « démocratie » actuelle, qui s'apparente de plus en plus clairement à un terme de novlangue, illustrons sa défaillance par un simple exemple. Lors d'un colloque sur « La démocratie face aux enjeux environnementaux », organisé le 12 décembre 2014 au Palais Bourbon, qui réunissait universitaires et responsables politiques, le public dont j'étais fut saisi lors de l'intervention de la sénatrice Marie-Christine Blandin, qui mit en évidence, avec une liste impressionnante de cas, la corruption des parlementaires par les lobbies. Elle évoqua même des chercheurs corrompus pour justifier les actions des grandes entreprises (ce que des associations dénoncent d’ailleurs sur AgoraVox). Ce témoignage de première main tranche singulièrement avec ces avis d'experts écologistes, rapportés par Hervé Kempf[6], selon lesquels c'est la démocratie (avec ses citoyens capricieux) qui empêcherait de faire face aux grands problèmes environnementaux, de prendre en compte les intérêts du long terme. C'est plutôt la corruption de la démocratie par les forces de l'argent qui semble empêcher la prise des bonnes décisions, fondées sur une recherche scientifique qui dispose souvent déjà des solutions. Un autre intervenant à ce colloque, dénonçant le spectacle de l'Assemblée – où tout se décide en commission secrète (salle Colbert) – et l'opacité des prises de décision, eut une formule heureuse, que je notais, disant que la lumière était le « désinfectant de la démocratie ». Mais comment donc créer cette lumière sans laquelle la démocratie n'est qu'un leurre ? D'évidence, elle ne peut pas venir des acteurs qui, jusqu'ici, ont échoué à la produire.

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Alain

Face au même problème, Alain écrivait déjà en 1936 : « Quant aux moyens, on les cherche, on les essaie. La presse, comme on sait, n'a pas donné toute sûreté. [...] On attend que des comités de citoyens s’organisent », pour donner enfin forme à cette démocratie adulte, « non pas brillante, mais raisonnable », qui signerait « l’hiver de notre politique », lorsque « les gouvernants seront jugés par des hommes qui ne désireront nullement les remplacer »[7]. « Le Palais-Bourbon, poursuivait Alain, rempli de citoyens attentifs et défiants, ne sera plus ce brillant théâtre où la réplique arrive comme une flèche. Ce plaisir nous coûte trop cher. Comme je le disais, ce sera l’hiver. »[8] Il s’agirait, ni plus ni moins, que d’institutionnaliser le contrôle citoyen à tous les étages des pouvoirs (en n'omettant pas de veiller à sa diversité idéologique), afin de rendre plausible un sentiment de confiance dans une civilisation numérique qui sécrète naturellement de la défiance. Cette présence physique – contraignante pour les élus – de citoyens dans les lieux de pouvoir, qu'envisageait Alain, tranche singulièrement avec les innovations purement virtuelles, via des plateformes en ligne, que certains technophiles un peu naïfs proposent pour mettre en relation citoyens et représentants (censés coopérer), ou pour faire émerger de nouveaux candidats aux élections, dont le mérite serait d'être désignés démocratiquement, en dehors des partis. À la vérité, de telles initiatives, prétendant rénover la démocratie et l'adapter à notre ère numérique, ne font que contourner le problème (comme si l'évitement de la rudesse du réel était la grande tentation numérique), qui est le contrôle effectif des représentants. C'est avec raison qu'Alain estimait « qu'au lieu de changer de chevaux, il vaudrait mieux conduire ceux qu'on a. »[9] 

Dans un tel registre, Étienne Chouard faisait en mars 2015 la proposition suivante : « Il faudrait, dans une Constitution digne de ce nom, que les institutions de contrôle de tous les pouvoirs soient des assemblées de citoyens tirés au sort, comme les jurés d’assises, mais pas seulement pour juger les citoyens, pour juger les politiciens, les parlementaires, les ministres, les juges, les médias, les banques, etc. Chaque pouvoir devrait avoir à craindre quelqu’un, et ce quelqu’un devrait être tiré au sort pour ne pas être en conflit d’intérêts, pour qu’il soit difficile à corrompre. Il est en effet difficile de corrompre un tiré au sort parce qu’il ne nous doit rien, alors qu’il est facile de corrompre un élu parce qu’il doit son élection à quelqu’un. » L'idée serait de rendre les hommes politiques effectivement moins soupçonnables, en les surveillant mieux et plus constamment, les journalistes plus responsables, en leur demandant des comptes lorsqu’ils désinforment, et nos institutions plus sérieusement démocratiques, par un contrôle citoyen à inventer. Ainsi, tandis que d’aucuns, à l’instar de l’essayiste Hervé Juvin, déplorent l’avènement de l’« homme de rien » (individu absolu, sans identité, sans appartenance et sans liens), créature dominée du marché mondialisé, le sursaut pourrait s’incarner dans la figure du citoyen contrôleur, qui devrait d’abord passer par celle du citoyen constituant. Alors seulement l’« homme de rien » retrouverait le grand dessein qui donnerait sens et consistance à son existence collective.

Seul problème : avons-nous précisément l'envie collective de devenir des citoyens à ce point actifs ? Peut-on réellement croire à une mobilisation citoyenne de très grande ampleur sur un tel sujet institutionnel, certes fondamental, mais qui peine à éveiller nos passions et donc à favoriser notre mise en action ? Comme l’a remarqué le professeur de droit public Denis Barranger, nous vivons aujourd'hui dans un « régime représentatif à contrainte de démocratie », où celle-ci n’est cependant pas du tout facile « à institutionnaliser », compte tenu de notre propension, que notait déjà Benjamin Constant, à vouloir jouir de notre indépendance privée, loin de toute implication dans la vie politique. Il semble malheureusement assez vain, dans le monde qui est le nôtre, dans nos sociétés de grande taille, d'espérer bien combiner la liberté des Modernes avec celle des Anciens – en redonnant vigueur à cette dernière –, d'insuffler le goût à l'individu pour la participation au pouvoir.

La plupart d'entre nous, c'est un fait – et l'Internet n'y change rien –, n'avons aucune envie de nous engager dans la vie publique, et pourtant il faut contrôler les pouvoirs ; comment diantre résoudre un tel dilemme ? Peut-être par l'instauration d'une Cour de légitimité d’exercice, selon la proposition du philosophe Yves Charles Zarka, qui – sur le modèle de la Cour des comptes – aurait « pour mission unique de contrôler l’exercice du pouvoir et d’en informer les citoyens. Elle ne pourrait pas remettre en cause la légitimité de titre, issue du vote, mais fournirait des analyses et des conclusions sur l’exercice du pouvoir pour en informer la nation, en dehors du jeu partisan ». Cette nouvelle institution aurait à dire si l’élu est resté fidèle à ses engagements, s’il a toujours eu pour fin l’intérêt général, ou encore s’il n’était pas engagé dans des conflits d’intérêts. Une telle institution – sur laquelle il serait sans doute bon de réfléchir, afin d'en parfaire l'idée et d'en faire une revendication prioritaire – pourrait même être imaginée concernant les médias de service public. La proposition est certes plus modeste que celle d'Étienne Chouard, mais plus abordable, ne nécessitant aucune mutation anthropologique de notre part.

Microrésistances

Mais au-delà de toutes ces propositions, la préservation de la démocratie, comme le savaient bien les Grecs anciens, passe avant tout par celle de l'isègoria (l'égalité devant le droit de parole) et de la parrhèsia (le droit pour chaque citoyen de dire en public le fond de sa pensée), et c'est ce que le web nous offre précisément de plus précieux, mais aussi qui est immanquablement menacé. Toute société cherche en effet à maintenir son unité ; elle le fait ordinairement par un contrôle des esprits venu d’en haut, dont l'intensité varie, et cela même si elle défend le principe de liberté d'expression. Face à la licence que le web encourage, dopée par une défiance galopante, le mouvement de balancier (prévisible) vers l’ordre peut s’avérer brutal, entre surveillance de masse, de l’État vers les citoyens, filtrage excessif du web, voire son instrumentalisation par quelque totalitarisme nouveau.

Sur ce dernier point, si l'on peut spontanément penser à l'islamisme (Daech recrute et organise ses attaques par le biais du web), d'autres totalitarismes sont néanmoins envisageables ; il convient à cet égard de prêter l'oreille au cri d'alerte lancé par le philosophe Éric Sadin, qui nous enjoint à la résistance face au technopouvoir, qui nous aura bientôt fait passer – si nous acceptons de sacrifier notre liberté sur l'autel de la facilité et du confort – de l’âge (numérique) de l’accès à celui de la mesure algorithmique de la vie, au « data-panoptisme », menant in fine à une quantification et une marchandisation intégrales de la vie, à l'optimisation de la gestion du bétail humain :

« Non, les "élites" ne sont pas "déconnectées", elles participent tout au contraire activement de ce processus d’extrême rationalisation du monde. Puisque le pouvoir politique ne se charge pas de le contraindre, et plus encore se soumet au lobbying numérico-industriel, il revient alors aux citoyens de mettre en crise ce modèle. Il revient aux citoyens d’initier des actions en justice collective lorsque certains principes fondamentaux sont bafoués. [...] Il revient aux citoyens de refuser l’acquisition d’objets connectés ou le téléchargement d’applications de mesure de la vie. Jamais autant qu’aujourd’hui nos décisions de refus d’achat n’auront revêtu une telle portée politique. [...] C’est un autre héroïsme – plus ordinaire – qui est aujourd’hui requis, celui qui à la base, par un rejet franc et maintenu, saura mettre en échec ce projet de civilisation fantasmant une maîtrise et une perfection absolues. Disposition certes plus modeste, mais qui seule saura prouver que le discours de l’inéluctable relève de la propagande et engager une impérieuse et combative "politique de nous-mêmes". »[10]

Il s'agit de s'appliquer dès à présent à cultiver une forme de microrésistance, consistant, comme l'écrit sagement Sarah Roubato, « à inverser [notre] rapport aux technologies », afin que ce soient elles qui nous servent (à édifier notre liberté et notre plaisir), et non l'inverse. Il s'agit d'y travailler dès maintenant, par de petits gestes (éteindre son téléphone portable lorsqu'il risque de nuire à notre présence au monde et aux autres, couper le son de nos écrans lors des publicités, etc.), « car demain viendront les lunettes Google, les téléphones incorporés, les objets connectés », autant de pièges redoutables où risque de se perdre « cette espèce de petite liberté de penser tout seul », dont parlait Georges Brassens, notre humanité en somme. Aux « métis », « papillons » et autres « loups » d’y être vigilants. L’Internet peut être l’instrument d’un saut qualitatif de notre civilisation, tout comme celui qui la fera péricliter (à travers les divisions fratricides ou la domestication de tous). Nul ne peut encore prévoir l’issue. En tout cas, le défi nous est lancé.

 

Écoutez la vidéo à partir de 9'40 minutes

 

Pour aller plus loin avec moi dans de plus amples développements, je vous renvoie à mes livres : Montaigne et la coutume (Mimésis, 2015, 280 pages) et Odyssée 2.0 : La démocratie dans la civilisation numérique (Armand Colin, 2014, 320 pages) ; ce dernier livre est tiré de ma thèse de doctorat en philosophie, et se nourrit en partie de mon travail au sein d’AgoraVox durant plusieurs années.

Il s’agit d’une réflexion sur la démocratie dans le contexte du numérique, mais aussi, plus largement, sur l’homme, la liberté, la servitude, la sagesse, nos illusions, avec des guides qui s’appellent Montaigne, Kant, Alain, Tocqueville, Debray… Entre philosophie, sociologie et science politique. Avec aussi des cas concrets : la fameuse désinformation de l’AFP sur Chavez, la controverse autour du 11-Septembre, etc. Bref, un voyage de la démocratie athénienne à celle que le numérique nous promet, en passant par la Renaissance et ses guerres de religion, qui nous ramènent à nos propres « schismes » numériques, le tout à l’aune de l’Odyssée d’Homère. J’espère que cela pourra vous intéresser.

 


[1] Guillaume Cazeaux, Odyssée 2.0 : La démocratie dans la civilisation numérique, Paris, Armand Colin, 2014, p. 260.

[2] Régis Debray, L’emprise, Paris, Gallimard, 2000, p. 39.

[3] Pablo Servigne et Raphaël Stevens, Comment tout peut s’effondrer, Paris, Seuil, 2015.

[4] Ibid. p. 241-242.

[5] Ibid., p. 246.

[6] Voir L'oligarchie ça suffit, vive la démocratie, Paris, Seuil, 2011, p. 13-14.

[7] Alain, Propos sur les pouvoirs, Paris, Gallimard, 1985, p. 225.

[8] Ibid., p. 226.

[9] Ibid., p. 224.

[10] Éric Sadin, « Grandeur et misère de la french tech », Libération.fr, 21 juin 2015.


Moyenne des avis sur cet article :  4.39/5   (18 votes)




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30 réactions à cet article    


  • Hervé Hum Hervé Hum 5 décembre 2015 12:31

    Trois article pour finalement ne rien dire, ne rien apprendre !


    • hervepasgrave ! hervepasgrave ! 6 décembre 2015 11:31

      @Hervé Hum
      Bonjour, Nous n’apprenons effectivement rien,effectivement.Oui ! peut-être une chose .Qui se reflète dans l’ajout de la vidéo concernant Brassens,cela aurait été valable aussi avec Brel.
      La seule chose que je perçois,modestement.C’est que les philosophes ou certains chanteurs ,ne représentent que du vide.Nous pouvons comme dans le cas de Brassens (compositeur,que j’aime) avoir là un intermède pour nous pensées.Mais ils ne changent rien.Ils ne font de mal à personnes ,certes ! Alors oui, ils peuvent entrer dans un panthéon Grec ou autres lieux mythiques,mais dans une réalité palpable « c’est un monde révolu » ou qui d’ailleurs n’est pas si enviable pour ceux qui font partie de l’ensemble .« basses conditions,esclaves. » Alors ,oui ce n’est rien dire,ne rien apprendre.
      Pas faute d’avoir fait l’effort d’avoir essayé.
      Il manque surtout l’essentiel ! qui correspond à au titre de l’article « Bugs dans la matrice:comment le web...... »
      La philosophie !??
      Gogorat, fait aussi une remarque qui me parait être juste
       " M’est avis que les phénomènes de « révolution politique » et de « révolution de système politique » pourraient s’avérer tout aussi intriqués que le sont la culture et la technique.

      Un monde a part,à l’abri derrière une vitre, c’est bien triste .Nous sommes des poissons dans un aquarium pas plus.
      Bon,Dimanche à tous


    • Hervé Hum Hervé Hum 7 décembre 2015 12:05

      @hervepasgrave !

      L’émotionnel domine encore trop pour laisser place à la sagesse.

      La société humaine n’a d’autres alternatives, si elle veut évoluer dans sa dimension de conscience en tant que corps social, d’aller vers la responsabilité telle que définit comme la capacité de répondre de ses droits et devoirs envers autrui (je doute que l’auteur de l’article soit capable de développer cette définition de lui même ). Sans cela, la seule alternative est un reboot par le chaos généralisé, autrement dit, une quatrième guerre mondiale. Rien ne dit d’ailleurs ce qui accoucherait d’une telle dévastation.
       
      « M’est avis que les phénomènes de « révolution politique » et de « révolution de système politique » pourraient s’avérer tout aussi intriqués que le sont la culture et la technique. »

      Il n’y a de révolution de système politique, qu’économique !

      Autrement dit, une révolution du système politique qui ne touche pas au système économique est un leurre, une pseudo révolution ou plus précisément ce qu’on appelle une révolution de palais. C’est ce qui s’est produit avec la révolution bourgeoise, le système politique est resté identique dans son fondement, seule la forme à véritablement changée.

      Pour preuve, la révolution politique a d’abord eut lieu en Angleterre et ce, sans guerre civile, pratiquement sans violence comme en France. La noblesse a simplement accueilli la bourgeoisie en son sein en lui accordant la qualité nobiliaire. Mais le système économique, fondé sur la propriété du bien commun et de l’exploitation de la vie d’autrui, est resté le même, tout en devenant plus dur envers le prolétariat puisque ceux qui s’opposaient hier sont devenus les alliés d’aujourd’hui.

      Le but de la politique consiste à permettre la cohésion sociale, qui n’a de raison d’être que d’assurer la sécurité des membres de la société. Sécurité physique (donc alimentaire et soin de santé) et morale (culture, religion). La question tourne autour de savoir si tout le monde doit être considéré comme membre ou bien si cette qualité doit être réservé sous certaines conditions.

      donc, un système politique ne peut se réformer que pour réformer le système économique. Ces deux là sont effectivement intriqués !


    • gogoRat gogoRat 5 décembre 2015 12:54

      Article fort intéressant, malgré ou plutôt grâce aussi à ses propres contradictions et a priori, qu’il dévoile enfin !
       
       Puisque l’auteur dit s’adresser aux ’minorités insatisfaites et « éveillées » ’,
      inutile de prêcher davantage à des convaincus pour ce qui est des critiques de la situation actuelle.
       
       Alors, sans acrimonie, et pour approfondir vraiment le débat, ne craignons pas ici d’exposer nos divergences de points de vue. 
       
       Je dirai d’abord que je suis chagriné par des expressions ou assertions un peu rapides, suspectes de contradiction ou de manque d’ouverture, comme :

      • ’un facteur essentiel qui ne permet pas à une société de percevoir les risques qu’elle court et d’y porter remède. Il s’agit de la persistance en son sein de valeurs traditionnelles’
         
      • ’émergence de nouvelles minorités créatrices, aptes à relever les défis de notre temps’
         
      • ’strates intermédiaires’
         
      • ’les citoyens en phase d’éveil’
         

      • ’certains technophiles un peu naïfs ’
         
      • ’Aux « métis », « papillons » et autres « loups » d’y être vigilants.’
       [ point sur les i : la démocratie ne saurait dépendre que de la vigilance de tous ! ]

       La principale contradiction à déplorer étant par rapport à cette citation de l’auteur lui-même :

      • ’Alain estimait « qu’au lieu de changer de chevaux, il vaudrait mieux conduire ceux qu’on a. »’
       ... en notant toutefois cette prétention -peu démocratique- à vouloir conduire les chevaux.

      • gogoRat gogoRat 5 décembre 2015 14:23

         Contradiction par rapport au titre de ces 3 articles :
        « comment le web peut reconfigurer (ou non) notre civilisation »
          
         Selon cet article, le sujet appelé à ’reconfigurer’ n’est pas ’le web’, mais plutôt :
        -’les citoyens actifs’, (i.e. : ’une infime minorité’), ’ces minorités insatisfaites et « éveillées »’, ’certaines de ces communautés [qui] peuvent réorienter une société’, des comités de citoyens (’On attend que des comités de citoyens s’organisent »’), une ’micro-résistance’ visant à inverser notre rapport [supposé] aux technologies ...

         Autrement dit, alors que le lecteur aurait pu espérer une interrogation approfondie sur la nature du web, sur les atouts potentiels de la technique pour servir (plutôt que de ’reconfigurer’ !) notre civilisation, il n’était en fait question ici que de se défier a priori, de ce nouveau danger prométhéen !

         Quid, alors du colossal effort déjà accompli et toujours en cours, pour donner vie à ces millions ou milliards de lignes de code informatique qui nous permettent entre autres, d’échanger ici ? - Balayé par ce jugement sans procès (’procès d’intention’ ?) à l’emporte-pièces : ce ne serait que le fruit de technophiles un peu naïfs ?
         
        Pourtant un Roger Martin du Gard nous avait légué ces mots :
        ’ Les deux types de révolutionnaires : les apôtres et les techniciens.’
         Inutile à méditer ici ?


        • gogoRat gogoRat 5 décembre 2015 14:52

           C’est un peu court, jeune homme !
           On pouvait dire... oh ! Dieu ! ... bien des choses en somme...

           
           - on aurait pu interroger la capacité du Web à introduire chez l’humain de nouvelles capacités et habilités à communiquer, voire à penser
           - on aurait pu remarquer la promiscuité du web avec les capacités et habilités introduites aussi par le numérique ( cf, entre autres , capacité à établir de nouvelles démonstrations mathématiques)
           on aurait pu parler
           - des vertus de la communication bidirectionnelle,
           - de l’asynchronisme des échanges,
           - des capacités de mémoire, pas seulement encyclopédiques
           - des capacités à interroger les données
           - de l’archivage/témoignage historique (contraignant pour l’exercice du Pouvoir politique)
           - des disciplines intellectuelles suscitées par l’avènement de ces techniques
           - de ce qui serait intéressant de garder si ces technologies devaient être amenées à disparaître un jour ...
           ...


          • Guillaume Cazeaux Guillaume Cazeaux 5 décembre 2015 16:11

            @gogoRat
            Je vous remercie pour vos remarques et suggestions. Cela dit, j’ai remarqué depuis bien longtemps que c’est un classique sur les forums de reprocher à l’auteur d’un article de ne pas avoir dit ce que VOUS, vous auriez aimé y trouver. Vous aviez des attentes, et elles ne sont pas satisfaites. Alors vous faites la liste de tout ce qui vous intéresse, vous, maintenant, sans tenir le moindre compte de ce qui a effectivement été écrit (et qui ne vous intéresse pas).

            Vous pourriez pourtant admettre que l’on peut avoir d’autres intérêts que les vôtres, et qu’on n’est pas tenu de répondre à vos exigences. Que le titre vous semble mal choisi, c’est possible, mais celui que vous suggérez aurait été encore plus long et sans doute trop. Dès les premiers mots du 1er article, il était pourtant clair qu’il allait être question de nos croyances et représentations (matrices), et essentiellement de politique.

            Tout ce que vous suggérez est intéressant, et j’espère vous lire à ce sujet.

            Quelques remarques. Vous dites : « Puisque l’auteur dit s’adresser aux minorités insatisfaites et éveillées ». En fait, j’ai dit que l’article leur était consacré, c’est-à-dire parlait d’elles. Mais elles n’en sont pas les seuls destinataires.

            Vous dites encore : « la démocratie ne saurait dépendre que de la vigilance de tous ! » J’en suis bien d’accord, à cette nuance que la démocratie n’existe pas. Alors oui, dans l’idéal démocratique, tout le monde est censé faire ceci ou cela. Dans la réalité (qui n’est pas pure démocratie, et où les hommes ne sont que très peu citoyens), il n’y a que des minorités réellement vigilantes. C’est un simple constat.

            Quant à Alain, qui estimait « qu’au lieu de changer de chevaux, il vaudrait mieux conduire ceux qu’on a », je ne vois pas ce que cela a d’antidémocratique. Les « chevaux » en question sont les représentants, les élus. Il faut les avoir à l’œil, dit Alain, les contrôler, au lieu de les laisser agir en toute liberté. Il faut leur tenir la bride pour éviter les trahisons, la corruption.

            Le terme « reconfigurer » se justifie dans l’hypothèse où ce que disent Servigne et Stevens est exact, à savoir que notre civilisation actuelle va inévitablement désormais s’effondrer (leur livre est assez convaincant). Les petites actions des uns et des autres, inspirées de ce qu’on peut voir sur le web citoyen, et la spirale vertueuse qui peut s’ensuivre, si un mimétisme intelligent se produit, peuvent permettre (même si c’est assez utopique) une mue, relativement en douceur, plutôt qu’un effondrement très brutal de notre civilisation.


          • gogoRat gogoRat 6 décembre 2015 00:09

            @Guillaume Cazeaux
             je n’ai pas la prétention d’écrire tout un ouvrage pour préciser une réserve critique circonspecte que je prends le risque de me contenter de signaler ( à chacun, si cela le tente, de la reconnaître, peut-être en partie, ou de la redécouvrir dans ce que gogoRat a déjà pu écrire ; sinon je mise sur la capacité des lecteurs à creuser leur propre intuition de pistes de réflexions mettant à mal quelques formulations malheureusement péremptoires )
             Vous me prêtez probablement les attitudes qui vous sont, à vous-même les plus familières ? Car qui,ici, se ferme aux intérêts qui ne sont pas les siens ? Qui a des exigences ?
             Par ailleurs je n’ai pas eu l’impression de dire que le titre me semblait mal choisi : j’ai expliqué que le texte ignore son titre ; mais je n’ai suggéré aucun titre !
             
             Il ne s’agit pas de transformer une tentative de débat en combat de coqs : vous comprenez parfaitement que l’expression ’prêcher à un converti’ témoigne d’un acquiescement à la majeure partie de vos propos ; et que sans aucune divergence de vues, aucun débat n’aurait un quelconque intérêt.

             Notons encore l’étymologie du mot conduire ( cum ducere  : mener avec) et remarquons que, pour qui remet en cause l’oxymore ’démocratie représentative’, votre idée d’assimiler les représentants ou élus aux chevaux, dans l’expression citée, a quelque chose de boiteux !
            (« au lieu de changer de représentants, il vaudrait mieux mener ensemble ceux qu’on a » ?)


          • soi même 5 décembre 2015 15:02

            Vous avec beau être docteur en Philosophie, mais rien que cette phrase ( Dans Odyssée 2.0, j’ai montré que la démocratie ne pouvait pas être dite exister dans nos grands États, avant l’avènement du numérique, ) me fait pensé que votre doctorat vous l’avez eux dans un paquet de lessive bonux..

            Inutile de lire plus loin se que vous dites c’est de l’éphémère philanthropique.

            Où dit sous un autre terme, une campagne marketing.... !

            .


            • soi même 5 décembre 2015 15:12

              @soi même, ( l s’agit de s’appliquer dès à présent à cultiver une forme de microrésistance, consistant, comme l’écrit sagement Sarah Rubato, « à inverser [notre] rapport aux technologies », afin que ce soient elles qui nous servent (à édifier notre liberté et notre plaisir), et non l’inverse. )

              Revenir a une réalité plus simple serait par exemple faire la différence fondamental entre le Sermon de Bénarès et les Béatitudes, je suis sur que vous trouveriez ce qui vous manques le plus cruellement  ?

               


            • Guillaume Cazeaux Guillaume Cazeaux 5 décembre 2015 16:27

              @soi même
              La méchanceté est décidément votre état naturel...
              Si c’est l’expression « dite exister » qui vous trouble, je vous renvoie à quelques auteurs qui l’utilisent aussi : Gilles Deuleuze, Antoine Destutt de Tracy, Alexandre Matheron, François Rastier, Victor Cousin, Pierre Macherey, Aristote. Vous me direz sans doute que ce sont de piètres auteurs...


            • soi même 5 décembre 2015 20:10

              Bien voyons m’enfin, vous n’avez pas encore acquit le joute oratoire ?


            • Montagnais .. FRIDA Montagnais 5 décembre 2015 15:52

              « .. sa cruelle impuissance politique .. » vous dites


              Taleb et Memet font des conneries - des grosses, on concède - courent après leurs lubies, et le monde entier entre en transe, en « sidération » ..

              Si c’est pas de la puissance ça .. ?

              Bel article cependant, bien documenté, plein de belles interrogations mais, comme l’a noté un commentateur, plein de contradictions. Vous faites un usage immodéré du mot « citoyen .. »

              Bien cordialement

              NB : les pratiques BDSM et 50 shades of grey auraient déjà fait bien plus de trépassés, dans notre « société », que ..

              • Le chien qui danse 5 décembre 2015 19:50

                Bon travail, du grain à moudre...merci


                • Guillaume Cazeaux Guillaume Cazeaux 5 décembre 2015 20:11

                  Merci à vous.


                • petit gibus 5 décembre 2015 21:03
                  Bof bof,
                  mon avis de cul-terreux
                  internet qu’il soit en 2.0 voir 5.0 dans un avenir proche
                  n’empêchera pas le petit homme d’avoir toujours recours
                  à ses éternelles amulettes smiley

                  • Alban Dousset Alban Dousset 5 décembre 2015 21:13

                    Bonjour Guillaume,

                    J’ai beaucoup apprécié cette série d’article et je te remercie d’avoir mentionné le premier épisode de ma chronique d’un éveil citoyen.
                    Je mentionnerai tes articles au moment de la publication de ma prochaine vidéo.

                    Je remarque en passant que certaines perspectives que tu offres sont contradictoires.
                    Je pense à la régression radicale de notre situation socio-économique, c’est à dire de notre niveau de vie, dépendante du système économique qui s’oppose à l’hypertrophie technologique qui s’immiscerait jusque dans nos pensées.
                    Bien entendu, j’ai bien compris qu’il ne s’agissait que d’exposer certaines hypothèses sur notre avenir.
                    Il ne s’agit donc pas d’une critique à proprement parlé.


                    • Guillaume Cazeaux Guillaume Cazeaux 5 décembre 2015 22:55

                      Bonjour Alban,

                      Je te remercie.

                      La perspective de l’effondrement économique semble en effet s’opposer à celle de l’hypertrophie technologique, voire du transhumanisme. Vers laquelle des deux nous dirigeons-nous ? Et à quelle échéance ? Je ne saurais le dire. Cela dit, il n’est peut-être pas impossible que les deux perspectives coexistent durant un certain temps...

                      Par ailleurs, j’ai relevé un passage d’un de tes articles qui rejoint un peu mon 2e article : « Ainsi, Internet est un espace virtuel permettant une liberté d’information et d’expression mais aussi une égalité dans les moyens de convaincre. Cette égalité dans les moyens de convaincre produit une dimension ou s’exprime un darwinisme des idées, c’est-à-dire un lieu où la loi du marché des pensées est libre et non faussée. C’est au creux de cette sélection naturelle des idées (non faussée par les classes dominantes) que se manifeste une révolution politique. Cette « révolution politique » doit être distinguée d’une « révolution de système politique ». Néanmoins, lorsque cette révolution politique sera à maturité, le système politique devra s’y adapter de gré ou de force. » Reste à savoir si l’on arrivera un jour au stade de cette maturité, si les idées nouvelles s’étendront suffisamment ou si elles resteront confinées dans un certain nombre de « bulles » numériques.


                    • Yanleroc Yanleroc 6 décembre 2015 00:02

                      @Guillaume Cazeaux


                      Cela dit, il n’est peut-être pas impossible que les deux perspectives coexistent durant un certain temps..,
                      ou le Chaos, ou le Transhumanisme..

                      Ben oui, nous nous savons rien. Nous avons juste la possibilité de choisir ...ou de subir, mais nous sommes nos propres bourreaux, au lieu de redevenir simplement Logiques, au 1er degré.

                      Et que veut la Logique ?....


                    • gogoRat gogoRat 6 décembre 2015 00:28

                       @Guillaume Cazeaux

                       M’est avis que quand des idées nouvelles restent confinées dans des « bulles » c’est que ces idées ne représentent pas la ’volonté générale’ qui est plus qu’une affaire d’idées nouvelles.
                       
                       M’est avis que les phénomènes de « révolution politique » et de « révolution de système politique » pourraient s’avérer tout aussi intriqués que le sont la culture et la technique.


                    • Yanleroc Yanleroc 6 décembre 2015 01:24

                      @gogoRat


                      La difficulté c que ces bulles ne sont pas reliées entre elles, malgré ce que l’on pouvait attendre de l’Internet, à cause de leur multiplicité. Elles n’ont pas encore trouver le moyen de se rejoindre pour ne plus former qu’une grosse bulle, qui comme toutes les bulles, éclatera et fera Boum ou ...pschitt !
                      comme Onfray.

                      Je crois qu’il faut laisser bouillir, pour faire des grosses bulles ? bon touchons rien.



                    • soi même 6 décembre 2015 14:28

                      @Guillaume Cazeaux, la véritable critique où je vais essayer de pas mettre un affect émotionnel à votre encontre, c’est que vous abordez l’avenir avec des outils du passées.

                      Je n’explique, ce que vous décrivez comme quoi l’on pourrait grâce à ses nouvelles technologies changer fondamentalement notre société politique , notre rapport avec la conscience politique, il suffit de voir l’exemple de l’élection d’Obama pour comprendre en fin de compte 
                      « Science sans conscience n’est que ruine de l’âme.  »


                    • hervepasgrave ! hervepasgrave ! 6 décembre 2015 14:58

                      @soi même
                      Bonjour,
                      J’avouerais que pour moi c’est tout le contraire
                      Soi-même=
                      « la véritable critique où je vais essayer de pas mettre un affect émotionnel à votre encontre » en s’entendant «  » il suffit de voir l’exemple de l’élection d’Obama pour comprendre en fin de compte 
                      « Science sans conscience n’est que ruine de l’âme. »"
                      .
                      Cette élection ,tout comme celle d’Hollande n’as pas été pour moi une grande surprise en soi.Une chose que je ne m’attendais pas c’est qu’Obama soit mis à l’égal d’un Dieu ! mais tout cela présageait une pause avant le pire ou une continuité du pire. Dans les faits que nous pouvons recueillir aujourd’hui et qui ne sont pas reluisant,mais pas reluisant du tout.
                      Demain, sera terrible je l’ai dis il y a quelques années,mais maintenant j’en suis persuadé. Pour nous Français je l’ai dis à mes proches à l’époque à l’élection Chirac/lepen .C’était une fin qui ne pouvait qu’avoir comme suite logique Sarkozy (aux États-Unis c’était Bush en Russie Poutine en Italie berlusconi,sacré tableau et je pourrais continuer la liste des autres politiques et sur combien d’autres pays.
                      .
                      Le résultat de la précédente relève est imaginable.Le pire est certainement l’aval des peuples !En fait une pause pour continuer l’ouvrage de l’innommable . Tout le monde applaudiras.Alors que nous allons en prendre plein la G.. terrifiant de mon avis.
                      Alors grands maitres de toutes les situations et de tous les actes présent vous aurez la un beau gâteau.

                      SI révolution il devrait ,c’est d’abord dans nos visions,dans nos têtes,après la raison serat-elle faire les bons choix ??


                    • soi même 6 décembre 2015 15:10

                      @hervepasgrave !, ( SI révolution il devrait ,c’est d’abord dans nos visions,dans nos têtes,après la raison serat-elle faire les bons choix ?? ) C’est le cœur de la conscience qui doit parler ( conscience avec science , conscience avec sagesse ) et pour que cela se fasse pour l’humanité puisse passer le pas, il doit avoir des précurseurs .... !

                      En tous cas précipitation, facilité, impulsivité ne sont pas le gage que l’on a vaincus ses préjuger, et que l’on peut s’attendre à voir en retour l’éruption de tous ses bas instincts donc l’on a crue que leurs avaient règle le sort.


                    • rhea 1481971 6 décembre 2015 10:54

                      Tous est écrit dans « nouvelle de l’auteur » (1946) préface de la réédition « le meilleur des mondes » d’ Aldoux Huxley, le développement de l’industrie nucléaire impose le paradigme que nous vivons actuellement. Mathématiquement, il est possible de démontrer que nos mains sont sur le nombre d’or ( 1,618033989 ) , nombre transcendant , et que de ce fait il est impossible de tous rationaliser avec une technostructure qelqu’elle soit.  


                      • gogoRat gogoRat 6 décembre 2015 13:59

                         Je crains de voir confortée ici mon impression d’une double méprise :
                         1°- d’une part méprise de perception ou d’interprétation conduisant à une analyse péremptoire
                         2°- d’autre part méprise sur les objectifs souhaitables.
                               
                         1° analyse péremptoire : “”  
                         ☛  “Chez ces derniers [ie : individus prédisposés], et seulement chez eux, l’Internet avait bouleversé leur pratique de la citoyenneté et leur vision de la démocratie. Ce n’est que chez eux que l’aspiration à une « vraie démocratie » se manifestait.”
                         
                         ☝ : peut-on exclure l’hypothèse que nombre de ces ’visions de la démocratie’ ou aspirations aient préexisté à l’avènement d’Internet ? voire aient contribué à son appel et à sa réalisation ?
                         
                         ☛ “parmi les facteurs d’effondrement ... persistance de valeurs traditionnelles”
                         ☝ : Cette formulation risque de laisser entendre que toutes les valeurs traditionnelles seraient devenues obsolètes !
                         Le lien vers automatesintelligents montre un contexte plus ciblé. Mais dans l’état ce n’est ni un constat, ni une opinion publique notoirement consensuelle ;
                         tout au plus une conjecture qui resterait à justifier. Il ne suffit pas pour cela de montrer que ’la possibilité d’un effondrement des civilisations humaines ... est une perspective crédible’.
                         
                         ☛ “les innovations purement virtuelles, via des plateformes en ligne, que certains technophiles un peu naïfs proposent pour mettre en relation citoyens et représentants (censés coopérer)”
                         ☝ : tout en conservant un nécessaire esprit critique, et même s’il le faut un rien acerbe, face à certaines de ces initiatives, quel ’démocrate’ peut se permettre de juger de ce qui y serait ’naïf’ ou ’technophile’ ? Est-il avéré que, dans chacune des optiques évoquées, citoyens et représentants soient censés coopérer ? (si ce n’est par le biais de la pression d’opinions personnelles et collectives publiquement révélées ?)
                         
                         
                         2°- méprise sur les objectifs démocratiquement souhaitables
                         
                         Un peu l’impression d’un regard braqué vers le doigt tendu plutôt vers la lune vers laquelle pointe ce doigt. 
                         Comme si la démocratie était envisagée sous la forme d’une simple équation mathématique à résoudre : une solution à trouver pour peu que des ’bulles’, des ’minorités émergentes’, de ’nouveaux candidats’ éclairés finissent par savoir apporter la bonne hauteur de vue, les bonnes ’idées nouvelles’ , voire les bons outils/consommables clefs en main ?
                         
                         N’est-il pas significatif que le débat tourne autour de :
                        ’comment utiliser web/technologies ?’
                        plutôt que : ’comment nous approprier ou ré-approprier les motivations humaines qui nous poussent à développer techniques et cultures ? ’  ?
                         
                        Pensons à la fable du ’laboureur et ses enfants’ :
                        des enfants qui rêvent de tomber sur le veau d’or au point de négliger le vrai petit veau qui pourra devenir le bœuf qui pourra les aider à labourer leur champ ...
                         Ainsi en va-t-il d’une convoitise d’objets technologiques, d’une philosophie tournée sur les usages possibles ou souhaitables de cette technologie, sur l’analyse d’une ’technophilie’ décrétée qui ne traduit en fait qu’un mépris plus ou moins conscient des ressorts profonds de la technique et des arts.
                         
                         En considérant le langage comme une technique et comme un art, ne saurait-on entrevoir la puissance politique potentielle qui nous reste à conquérir au vu de cette juste observation :
                         « la préservation de la démocratie, comme le savaient bien les Grecs anciens, passe avant tout par celle de l’isègoria (l’égalité devant le droit de parole) et de la parrhèsia (le droit pour chaque citoyen de dire en public le fond de sa pensée), et c’est ce que le web nous offre précisément de plus précieux, mais aussi qui est immanquablement menacé. »


                        • soi même 6 décembre 2015 21:27

                           [Entrevoir la puissance politique potentielle qui nous reste à conquérir au vu de cette juste observation :
                           « la préservation de la démocratie, comme le savaient bien les Grecs anciens, passe avant tout par celle de l’isègoria (l’égalité devant le droit de parole) et de la parrhèsia (le droit pour chaque citoyen de dire en public le fond de sa pensée), et c’est ce que le web nous offre précisément de plus précieux, mais aussi qui est immanquablement menacé. » )

                          Le changement ne vient jamais par le haut toujours par le bas, et il y a une sacré illusion de pensé que le WEB va révolutionner le tout ?

                          Le Web est le nouveau goulag de l’esprit humain....

                           


                          • Le Gaïagénaire 8 décembre 2015 22:03

                            @Guillaume Cazeaux samedi 5 décembre 2015


                            Bonjour,

                            Il ne vous reste plus qu’à concentrer vos énergies à « débogger » la seule vraie matrice cause primaire dans la chaîne de causalité des conséquences que vous décrivez.

                            Pourquoi votre discours me fait penser à ceux du passé qui passaient des vies à penser la vie éternelle, dans un monde meilleur.

                            Donc, à la matrice.

                            Cordialement.

                            • ddacoudre ddacoudre 11 décembre 2015 23:18

                              bonjour g Cazeaux

                              c’est un peu tardivement que j’ai lu ton 3e volet. nous aurons toujours ce questionnement à affronter , que nous en ayons conscience ou non, que sera demain.
                              ce que les hommes en feront avec les moyens dont ils disposeront, depuis l’homo sapiens c’est ce que nous faisons. l’homme a toujours pensé librement car sa pensé est singulière comme son existence est unique.
                               personne ne peut poser les pieds où un autre a mis les sien, il verra donc toujours son monde, et si jamais un autre lui succède à la même place il ne verra qu’un monde différent car le temps aura modifié les choses. à partir de là nous pouvons comprendre que les promesses électorales dés qu’elles ont été prononcés n’auront pas une réalisation conforme a ce qui a été promis car les hommes ne peuvent que subir l’écoulement du temps.
                              naturellement nous ne vivons pas avec cette vision à l’esprit, elle n’est pas nécessaire à l’existence, mais est fondamentale pour comprendre que nous nous trompons toujours, que les buts que nous atteignons sont toujours différent de ceux fixé et que face à cette évolution inexorable de toute chose, la stabilité du langage, la quantification mathématique nous offre la possibilité d’une organisation déterministe qui rassure mais nous entraine de fait dans l’émergence de transgresseurs,puisque la matrice est « fausse » (heureusement) et si les transgresseurs se veulent la remplacer ils reproduiront le même schème.
                              le net ne nous permettra pas d’inventer un projet si il ne nais pas dans l’histoire « géohistorique » des hommes, mais pas chez ceux qui détiennent le pouvoir car sa défense les accaparent entièrement. mais chez ceux que je nomme les découvreurs, car je ne sais comment les qualifier et qui émergent à un instant donné si leurs découvertes ou leurs transgressions trouvent un échos favorable. souvent je cite l’inventeur de la colle qui ne colle pas, qui fut la risée de ses collègues de travail avant que nous ne trouvions l’usage du post-it. la vie en collectivité repose sur la confiance des uns envers les autres et il n’existera pas un système qui ne puisse être défait puisque nous l’avons fait. les instances de contrôle sont la confirmation de l’échec de cela, c’est moins vers cette voie qu’il faut se diriger que vers celle qui développe une confiance réciproque. Notre monde choisit la forme répressive pour éduquer, alors que nous avons des siècles de confirmation de son échec, mais il se développe par mimétisme et choisir une autre orientation nécessite un autre projet de société que celui où tout le monde contrôle tout le monde. il est a inventer ou plus justement a sortir de l’imbroglio des idées qui se pressent sur le net pour modifier la matrice. mais ce n’est pas un super marché ou l’on va faire ces courses d’idées novatrices si l’on ne sait pas au préalable ce que l’on veut remettre en cause quitte à être un jour sur un sujet un découvreur et sur un autre un conservateur. apparait donc rapidement là ou se situe la difficulté pour réunir un projet qui fédère. il ne reste plus qu’à attendre que la nécessité crée l’instant propice comme pour la colle ou pour la réformation Luther c’est trouvé au bon moment dans le bon pays.
                              cordialement.


                              • ddacoudre ddacoudre 11 décembre 2015 23:22

                                G cazeaux
                                @ddacoudre

                                je te copie un poème que j’ai écris il y a très longtemps sur demain.

                                DEMAIN.

                                 

                                DEMAIN, nous l’avons appelé Demain,

                                Le jour où elle est née, le médecin l’a dit,

                                Elle sera jolie !

                                 

                                Demain a les cheveux moutonneux de fils soyeux,

                                Un regard bleu de cils heureux,

                                Quand son corps naissait ses yeux pleuraient,

                                Et le ciel nervurait quand la nuit pétillait.

                                 

                                Demain a les lèvres enneigées de blanc lacté,

                                Sa bouche happait la pluie qui  »poudroyait".

                                Demain est un univers étonnant.

                                Les êtres s’imaginent le néant.

                                 

                                DEMAIN, nous l’avons baptisé Demain,

                                L’aube où elle est née, son parrain l’a écrit,

                                Elle sera nantie !

                                 

                                Demain a des bras d’eau bénissant,

                                Et des seins d’été sémillant,

                                Quand l’océan fraîchit, son nez frémit.

                                Et l’orage bleuit, quand sa peau blêmit.

                                 

                                Demain a des doigts de jeux sablonneux,

                                La plage rougit, et ses mains sourient

                                Demain est un monde réconfortant.

                                Les hommes se l’imaginent aimants.

                                 

                                DEMAIN, nous l’avons désigné Demain.

                                L’aurore lève sa journée. Dieu l’a prédit.

                                C’est le paradis !

                                 

                                En se signant des mains, les rondes l’ont chanté,

                                Les toits mitraillaient ses mots acérés.

                                En rentrant dans les chairs, les balles l’ont sifflé,

                                La victoire hurlait, bientôt demain !

                                 

                                Contre un bout de papier,

                                Je vous promets la paix,

                                Contre un bout de papier

                                Je feins de vous aimer.

                                Contre un bout de papier

                                Je vous ferai rêver.

                                Contre un bout de papier,

                                Demain ! Je suis barbier !

                                 

                                DEMAIN nous l’avons soupiré Demain.

                                Le matin lève sa journée, l’Oracle l’a dit,

                                Ce n’est qu’aujourd’hui !

                                 

                                Nos âmes parent ses heures italiques,

                                Fleurs Cardinal ou pierres d’Isatis.

                                Nos passions brassent avec leurs maniques

                                Un portrait aux couleurs de notre esprit.

                                 

                                Demain dans cet univers découpé,

                                De mondes divisés aux jours déchirés,

                                Demain quand tintera douze fois demain

                                Elle est si désirée cette journée !

                                 cordialement...

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