La situation des amérindiens est dramatique, c’est un fait, mais votre
analyse fait l’impasse sur un élément majeur, la Guyane, c’est d’abord
les créoles, puis les bonis vivant sur le même territoire que les
amérindiens et enfin les amérindiens.
Les amérindiens ne se
suicident pas tant pour ne pas avoir l’indépendance, mais pour la place
qui leur est réservée dans la société guyanaise. Le sentiment de ne pas
être reconnu en tant que personne humaine est le pire de tout et cela
n’a rien à voir avec l’indépendance, mais peut donner l’impression aux
amérindiens qu’ils retrouveraient ainsi leur fierté, ce qui est plus que
douteux.
Mais voilà, parler de racisme et de ségrégation à
l’intérieur de la société guyanaise est ce que craint le plus les
instances gouvernementales, alors, on parle de suicide et de toutes les
causes possibles, sauf celle qui m’apparaît comme majeure, la
ségrégation et le racisme ethnique subit par les jeunes qui vont à
Cayenne et en reviennent dégouté de leur propre culture, de leur propre
identité (je parle par expérience).
Bref, le travail est à faire
au niveau des relations entres les créoles et les amérindiens, les
premiers étant les véritables maîtres du jeu guyanais et qui imposent
leurs volontés en échange de la relative paix sociale. Alors les
gouvernements français successifs se contrefoutent des suicides
d’amérindiens, pour eux, une seule chose compte, « pas de vague » et les
vagues, ce sont les créoles vivant sur le littoral qui peuvent en faire,
pas les amérindiens. Or pour les créoles, il est inenvisageable que les
amérindiens puissent obtenir plus d’autonomie, ils doivent rester sous
leur domination. Question d’orgueil car pour eux, l’autonomie de l’un ne
peut se faire sans celle de l’autre. Résultat, l’urgence est le statu
quo, du moins, tant que les propriétaires de la France y verront leur
intérêt.
Si le gouvernement français ne voyait plus d’intérêt à
garder la Guyane, il serait le premier à réclamer justice et
indépendance pour les amérindiens, sachant que cela risquerait surtout
d’aboutir à leur fin prématuré. en tous les cas, à un pillage accéléré de leur territoire.