Ne soyons pas dupes néanmoins : ces accords d’Oslo, une initiative de Shimon Peres (en politique, un imbécile notoire qui n’avait rien prévu, même pas l’assassinat de son Premier ministre !) face à un Rabin pourtant réticent, étaient destinés à gagner du temps en mettant fin à la première Intifada qui, dans sa répression par l’Etat colonial israélien (souvenons-nous des mains brisées des jeteurs de pierres par des soldats israéliens devant les caméras du monde entier), faisait courir le risque de voir cet Etat être placé au ban des nations (ce qui est le cas aujourd’hui car on ne se refait pas ! Jamais !).
Soit
dit en passant, en novembre 1995, soit deux ans plus tard, ces accords
n’avaient toujours pas vu un commencement d’application.
Selon le point de vue qui veut que jamais il ne soit rendu justice à la
cause palestinienne, nombreux sont ceux qui ont très vite trouvé une
consolation après l’assassinat de Rabin - pour peu qu’ils en aient été
affectés -, car… aujourd’hui, en 2015, soit vingt ans plus tard,
l’occupation de la Cisjordanie avec sa politique du « fait accompli » n’a
jamais cessé de s’étendre : en effet, au moment de la signature des
accords d’Oslo, la question coloniale impliquait 150 000 colons en
Cisjordanie ; 20 ans plus tard, ce chiffre a quadruplé : on est passé à
600 000 colons avec Jérusalem Est.
Yitzhak Rabin n’est donc pas mort pour rien car, aujourd’hui plus
qu’hier, jamais l’espoir de voir le droit international et la force de
ce droit rendre rendre justice aux Palestiniens n’a été aussi éloigné.
De
plus, cet assassinat nous rappelle, si besoin était, qu’il faut être
deux pour faire la paix. En effet, depuis ce 4 novembre 1995, la
fracture dans la société israélienne entre les religieux et les laïcs
n’a jamais été aussi profonde. Fracture entre ceux qui veulent vivre en
paix dans les frontières reconnues par la communauté internationale
(celles de 1967) et les autres : rabbins, colons économiques et
religieux, partis politiques opportunistes au clientélisme éhonté, avec
au sommet de la pyramide, l’Etat israélien pour mener à la baguette tout
ce beau petit monde, soufflant tantôt le chaud et le froid au nom d’une
raison supérieure : celle d’un Etat qui a su exploiter avec un talent
certain toutes les faiblesses du droit et de la morale avec la
complicité et le soutien tantôt explicite, tantôt tacite, des USA et des
Etats européens.
Et s’il n’est même pas sûr qu’un individu tel que Benyamin Netanyahou soit
dans les faits disposé à « mourir pour Israël » et ce malgré ses
incessantes rodomontades, et pour peu qu’il en soit un jour question,
soyez assurés qu’aucun homme politique de ce pays n’acceptera de mettre
sa vie en danger dans le souci de rendre justice - même une justice
toute relative -, au Peuple palestinien car tous ont retenu la leçon de
l’assassinat de Rabin : quiconque s’y risque... meurt.