@Philippe Stefan
Je garde un souvenir d’outre tombe, de ces années soleils, où l’on se savait pas trop ce qu’on cherchait, et dont on s’est rendu compte, bien plus tard qu’on l’avait trouvé. Mais le temps était déjà derrière nous. Un an aux indes par la route, Turquie Afghanistan nepal en levant le pouce, s’en remettant à la chance et au karma bricolé sur deux cordes de guitare..Le sourire nous ouvrait toutes les portes, personne n’était méchant, mec, il n’y a que toi qui projette de mauvaises vibrations. L’époque était cool, et assurément, même les gros cons faisaient des efforts pour se mettre au niveau des temps nouveaux, jetant tous les oripeaux du sexe, du sacré, de toutes les dictatures de l’esprit.
Ginsberg avait hurlé son poème « Howl », dans le village. Eleonor Rugby, avec ses gestes d’ange et d’Ophélie, envoyait des pétales de roses à tout ceux qui lui souriaient. Et jamais le monde pensions nous ne serait comme avant.
Certains diront maintenant en ricanant qu’on était bien con !
J’avais deux livres dans mon sac. Arthur, et « on the road » de Jack ! Ca me faisait une sorte d’équilibre pour user mes santiags. Le seul portable, c’était le sac à dos, une sorte de réacteur de la pensée, à une époque où le bus remplaçait encore avantageusement l’avion.
« Hey mister tambourine man, play a song for me, I’m not sleepy and there is no place..... » Comment se fait il que tant de textes flamboyants, et de musiques sidérantes et extatiques aient été écrits en ces quelques années qui allèrent du début des années 60 au milieu des années 70. Il semble que certaines époques, dites de grâce, aient ce privilège, de vous donner un peu de leur génie, ou ne serait ce que des miettes, ou une pluie d’étoiles, en nombre suffisant pour continuer à apporter un peu de lumière en ces jours sombres.
Plus tard, pensions nous, nous irions nous bien plus loin.
« Stairway to Heaven ! » Le temps était encore un peu de notre coté.
Puis tout s’est emmêlé insidieusement un peu déjà avant les années 80. Tout n’était pas rose évidemment, mais il y avait l’espoir d’un monde bien meilleur. « La jeunesse du monde »..Entendions nous encore. Mais le sous marin jaune perdait de la vitesse, et octopuss garden était un nid de vipères.
Le rock and roll avait encore une odeur de souffre, bien qu’il prenait des rides ! Il fallait bien avouer que la récupération travaillait au bulldozer. Il était déjà de bon temps pour certains de se moquer de ces années qu’on gardait tout de même en soi..
Harvest ! I want to live, I want to give.....
Mais il fallait que le monde devienne adulte nous a t’on dit, en rapport aux vieilles valeurs du capital, qui faisait tranquillement son coup d’état, avec quelques barbouzes en costard. Reagan et Tatcher se tenaient par l’épaule. L’époque prenait un gout de cendres. Puis les guitares ont laissé la place aux kalachnikovs, et la poésie aux versets du coran, les happenings aux prêches. Est et ouest, nord et sud.. . Le temps lui même changé à l’horloge des montres.
It’s a hard rain, gonna fall ! Dylan nous avait pourtant prévenu, il y a si longtemps, avant même que ça commence !
Ils ont eut la peau des géants de Bamyan et de John Lennon. Qui aurait pu imaginer ces choses.
« oh Wish, wish you were here, ! »