@Shawford
Oui, bien sûr ; je ne critique pas ses préférences, mais son langage. Un peu d’élégance ne ferait pas de mal :
l’abbé
Gabriel-Charles de Lattaignan
Madame, quel est votre mot
Et sur le mot et sur la chose ?
On vous a dit souvent le mot,
On vous a souvent fait la chose.
Ainsi, de la chose et du mot
Pouvez-vous dire quelque chose.
Et je gagerai que le mot
Vous plaît beaucoup moins que la
chose !
Pour moi, voici quel est mon
mot
Et sur le mot et sur la chose.
J’avouerai que j’aime le mot,
J’avouerai que j’aime la chose.
Mais, c’est la chose avec le
mot
Et c’est le mot avec la chose ;
Autrement, la chose et le mot
À mes yeux seraient peu de
chose.
Je crois même, en faveur du mot,
Pouvoir ajouter quelque chose,
Une chose qui donne au mot
Tout l’avantage sur la chose :
C’est qu’on peut dire encor le mot
Alors qu’on ne peut plus la
chose...
Et, si peu que vaille le mot,
Enfin, c’est toujours quelque chose
!
De là, je conclus que le mot
Doit être mis avant la chose,
Que l’on doit n’ajouter au mot
Qu’autant que l’on peut quelque
chose
Et que, pour le temps où le
mot
Viendra seul, hélas, sans la
chose,
Il faut se réserver le mot
Pour se consoler de la chose !
Pour vous, je crois qu’avec le mot
Vous voyez toujours autre chose :
Vous dites si gaiement le mot,
Vous méritez si bien la chose,
Que, pour vous, la chose et le mot
Doivent être la même chose...
Et, vous n’avez pas dit le mot,
Qu’on est déjà prêt à la chose.
Mais, quand je vous dis que le
mot
Vaut pour moi bien plus que la
chose
Vous devez me croire, à ce
mot,
Bien peu connaisseur en la
chose !
Eh bien, voici mon dernier mot
Et sur le mot et sur la chose :
Madame, passez-moi le mot...
Et je vous passerai la chose !