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Accueil du site > Actualités > Société > Charlie : et si Todd avait indirectement raison ?

Charlie : et si Todd avait indirectement raison ?

Il y a un mois, j’ai consacré plusieurs papiers au livre polémique d’Emmanuel Todd « Qui est Charlie ?  ». Si je persiste à penser que le cœur de sa thèse (« devoir de blasphémer » ou le fait que les valeurs de Charlie soient l’autorité et l’inégalité), mais en prenant du recul, même si je pense toujours qu’il fait des raccourcis, on peut se demander s’il n’a pas indirectement raison.

 

Tremblement de terre idéologique
 
Pour avoir manifesté le 11 janvier 2015, je reste sidéré par l’interprétation et le raisonnement d’Emmanuel Todd, un intellectuel que j’apprécie particulièrement. Mais je finis par me demander si sa conclusion n’est pas finalement en partie juste, même si ce n’est pas pour les raisons qu’il a données. En effet, je persiste à penser qu’il n’y avait pas d’islamophobie ou de valeurs d’inégalités dans les manifestations de début janvier, ou encore dans les suites des attentats de novembre. Cependant, il faut bien reconnaître que les attentats de l’année dernière ont eu un effet considérable sur le débat public. Ceux qui sont Charlie ne sont pas des partisans sans nuance de l’inégalité et de l’autorité. Charlie a rassemblé des citoyens d’opinions différentes, certains sans doute volontiers libertaires, ou / et même égalitaires.
 
Mais Charlie et les attentats de novembre ont également fait bouger les plaques tectoniques du débat public. Celles de la liberté et de l’identité ont soudainement gagné une bien plus grande importance, sans doute au détriment du débat sur les inégalités, pourtant porté avec talent par de nombreux économistes. Ce n’est pas que Charlie est inégalitaire, mais qu’après Charlie, le débat public s’est davantage centré sur l’identité d’un pays où l’on a le droit de blasphémer et sur les moyens de s’assurer que cela reste possible, prenant de la place au détriment d’autres débats essentiels, comme celui sur les inégalités. Les évènements des derniers mois étaient tout de même suffisamment tragiques et importants pour avoir une onde de choc extrêmement forte sur l’ensemble de notre débat intellectuel.
 
En réalité, en posant les questions de notre sécurité, de la liberté d’expression, et par ricochet, de notre identité, Charlie et ses suites ont fait du débat économique un débat moins important. Et cela s’explique d’autant mieux qu’il faut bien reconnaître que si les alternatifs économiques ont réussi à faire le procès du système actuel, l’alternative manque encore de crédibilité et d’attrait, d’autant plus qu’elle a été vampirisée pour partie par le FN. En outre, les circonstances actuelles (baisse du prix des matières premières), ainsi que les errements parfois considérables de certains des tenants de cette alternative ont malheureusement contribué à la décrédibiliser. Bref, Emmanuel Todd a tort quand il attribue hâtivement des valeurs à Charlie, même si les attentats facilitent un agenda inégalitaire et autoritaire.
 

Emmanuel Todd avait tort de juger Charlie islamophobe, autoritaire et inégalitaire. Cependant, ne peut-on pourtant pas penser que les évènements de l’année dernière, et les réactions, positives, comme négatives, favorisent de telles idées, même si elles n’étaient pas celles de ceux qui manifestaient  ?


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23 réactions à cet article    


  • Clark Kent M de Sourcessure 27 janvier 2016 11:04

    Ou il a raison ou il a tort !

    Directement ou indirectement ne change rien.
    Dans l’expérimentation, on se trouve parfois confronté à une difficulté pour expliquer un phénomène.
    Si le résultat est celui qui correspond à l’hypothèse, on considère comme crédible cette hypothèse tant que personne n’a démontré le contraire !

    Or, Todd n’a pas tort, c’est ce que vous voulez dire ?
    Vous savez, les litotes servent à renforcer une affirmation en niant son contraire.

    • Clark Kent M de Sourcessure 27 janvier 2016 11:19

      @johnconnaurd42

      Sans vouloir ergoter, il me semble que vous confondez antiphrase et litote.

      Dans votre exemple, « je ne veux pas aller me coucher sans vous » signifie « je voudrais coucher avec vous ». On signifie seulement quelque chose en affirmant son contraire, pour respecter les conventions : c’est un code social. Les deux messages (implicite et explicite) ont le même niveau de sens.

      Dans une litote, on n’affirme pas le contraire, on le nie, et le sens n’est plus le même que si on se contentait de l’affirmation.
      Dire : « il n’est pas très futé » ne signifie pas : « il est limité », mais : « il est complètement con ! »

    • cevennevive cevennevive 27 janvier 2016 11:46

      @johnconnaurd42

      Quelle élégance dans le propos !

      Il vaudrait mieux que vous réserviez ce talent pour un autre site. Ici, nous sommes des gens normaux et tout ce que vous écrivez nous dépasse un peu.


    • Jason Jason 27 janvier 2016 14:04

      @johnconnaurd42

      La vulgarité de votre vocabulaire illustre parfaitement la bassesse de vos propos.


    • Shawford 27 janvier 2016 14:10

      @Jason

      Euh c’est selon jason, moi j’y vois juste qu’il est pas de la jacquette et a encore le droit de préférer les chatounettes (je sais là c’est pas encore politiquement correct), mais bon dans l’esprit il a encore le droit de pas se soumettre aux désidératas « égalitaires » de Belkacem & co, non ?


    • Jason Jason 27 janvier 2016 16:07

      @Shawford

      Oui, bien sûr ; je ne critique pas ses préférences, mais son langage. Un peu d’élégance ne ferait pas de mal :

      l’abbé Gabriel-Charles de Lattaignan

      Madame, quel est votre mot

      Et sur le mot et sur la chose ?

      On vous a dit souvent le mot,

      On vous a souvent fait la chose.

      Ainsi, de la chose et du mot

      Pouvez-vous dire quelque chose.

      Et je gagerai que le mot

      Vous plaît beaucoup moins que la chose !

      Pour moi, voici quel est mon mot

      Et sur le mot et sur la chose.

      J’avouerai que j’aime le mot,

      J’avouerai que j’aime la chose.

      Mais, c’est la chose avec le mot

      Et c’est le mot avec la chose ;

      Autrement, la chose et le mot

      À mes yeux seraient peu de chose.

      Je crois même, en faveur du mot,

      Pouvoir ajouter quelque chose,

      Une chose qui donne au mot

      Tout l’avantage sur la chose :

      C’est qu’on peut dire encor le mot

      Alors qu’on ne peut plus la chose...

      Et, si peu que vaille le mot,

      Enfin, c’est toujours quelque chose  !

      De là, je conclus que le mot

      Doit être mis avant la chose,

      Que l’on doit n’ajouter au mot

      Qu’autant que l’on peut quelque chose

      Et que, pour le temps où le mot

      Viendra seul, hélas, sans la chose,

      Il faut se réserver le mot

      Pour se consoler de la chose !

      Pour vous, je crois qu’avec le mot

      Vous voyez toujours autre chose :

      Vous dites si gaiement le mot,

      Vous méritez si bien la chose,

      Que, pour vous, la chose et le mot

      Doivent être la même chose...

      Et, vous n’avez pas dit le mot,

      Qu’on est déjà prêt à la chose.

      Mais, quand je vous dis que le mot

      Vaut pour moi bien plus que la chose

      Vous devez me croire, à ce mot,

      Bien peu connaisseur en la chose !

      Eh bien, voici mon dernier mot

      Et sur le mot et sur la chose :

      Madame, passez-moi le mot...

      Et je vous passerai la chose !


    • Shawford 27 janvier 2016 16:24

      @Jason

      C’est rudement bien tourné.
      C’est marrant, dans un autre registre, on dirait un peu le dialogue de la matière avec la pensée, thème on ne peut plus central dans cette agora.
      Sur que johnconnaurd saura s’en accommoder et s’y plier, il est du temps de l’IA revenu et aime partir sur de bons sentiments. smiley


    • Sozenz 27 janvier 2016 11:12

      désolée , j écris ceci sur votre article , mais cela aurait pu être sur n importe quel article mettant en avant un livre du « moment »...

      voilà ce que je voulais dire /
      Mais quelle « Putain » de sale manie que de sortir un livre sur tout et sur rien . ces livres d un moment qui traitent d une infime partie de ce qui est . Cette Putain de sale manie d’ écrire sur l arbre , mais pas de la foret .
      les lecteurs se délectent de ce genre de conneries , au lieu d aller à l essentiel ;
      Quelle P de manie que d’aimer tourner en rond ...

      ps :Je ne faisais que passer .


      • Jason Jason 27 janvier 2016 14:08

        @Sozenz

        Je passe avec vous. Les physiciens d’autrefois soutenaient que la nature a horreur du vide. Comme on le voit, Avox adore ce même vide.


      • Solon le Jeune Solon le Jeune 28 janvier 2016 07:23

        @Sozenz

        Sauf que justement Todd n’a pas pour habitude d’écrire des livres sur des moments, des actualités... En fait son livre s’appelle « sociologie d’une crise religieuse » parce que l’auteur ne s’intéresse pas tant au journal Charlie Hebdo ou aux attentats, mais à la partie de la France qui a manifesté pour Charlie (et qui se trouve être celle qui est la plus favorable au système) et son rapport avec l’émigration et l’Islam, le tout dans un raisonnement de fond. On est loin d’un Merci pour ce moment.

        PS : l’auteur n’a pas mais alors pas du tout sorti ce livre pour gagner de l’argent ou se faire de la pub...


      • Le Dranob 27 janvier 2016 16:46

         Les propos confus de cet article, dont le sophisme le dispute à l’inutile verbiage, illustre mal , à mon sens , la problématique développée par E Todd.

         Les interrogations de fond de celui ci portaient sur les mutations tectoniques que notre civilisation est en train de vivre : droitisations radicales des sociétés européennes, dilution des valeurs humanistes, résurgence d’un racisme et de l’anti sémitisme, certes endémiques, mais qui tendent à se pavaner avec l’alibi aisé et rapide de la peur des immigrants et celle ( justifiée mais exacerbée par les gouvernants) des terroristes.
        Votre « éclairage » alambiqué manque de lumen , cher monsieur !
        Salutations cordiales cependant pour vos contributions souvent pertinentes.

        • Crab2 27 janvier 2016 16:48

          Ni Todd ni Plenel n’ont raison, suites :

          Quand bien même comme Olympe de Gouges vraie républicaine , anti-esclavagistes et féministe ( guillotinée par Robespierre - l’ami de Mélenchon ), j’ai toujours depuis toujours considéré ’’ le mariage comme le tombeau de l’amour …’’, cependant j’ai défendu bec et ongle ’’ le mariage pour tous ’’ qui n’avait pas d’autres objectifs non pas ’’ de donner des droits ’’ mais aux homosexuels ’’ de donner les même droits ’’ que doit accorder la société à tous ses citoyens quelques soient leurs orientations sexuelles
          - orientations sexuelles de toutes façons ni plus ni moins « normale  » les unes que les autres -

          °

          En revanche j’avais combattus ’’ bec et ongle ’’ les lois dites ’’ mémorielles ’’ qui – Suites :

          http://laicite-moderne.blogspot.fr/2016/01/taubira-christiane.html

          ou sur :

          http://laiciteetsociete.hautetfort.com/archive/2016/01/27/taubira-christiane-5751008.html



            • coinfinger 27 janvier 2016 19:44

              Bien sur que Todd a raison . Je vais dire en cru ce qu’il ne dit pas pour rester audible . Ces histoires de familles , sont autant de modulations pour arbitrer , le conflit entre reproduction du patrimoine et reproducion tout cour , en d’autres termes , argent et amour . Celà à un rapport avec les moeurs , la religion , censée guider les moeurs et et la conduite économique .
              Hors depuis deux ou trois générations déjà les patrimoines , évalués en argent ,ne s’accroissent plus avec la production réelle , comme traditionnellement à long terme . Les vieux préceptes sont apparemment caducs , çà nous faits des zombies , ouverts à tout , tolérants , condescendants à tout , et iconoclastes . Pour autant pas iconoclaste à l’ancienne comme l’ex-Charlie qui pourfendait le patrimoine , bon chic bon genre , à la nouvelle où l’on pourfend l’amour .
              On a pas compris que Todd a saisi la différence .


              • Solon le Jeune Solon le Jeune 28 janvier 2016 07:39

                @ Herblay

                En écoutant Todd défendre son livre je me demandais s’il ne donnait pas trop de violence à la France du système, celle de Charlie. Et puis en lisant j’ai trouvé ça : « la moitié des manifestants n’étaient pas sûre de savoir exactement pourquoi ils venaient » -> il n’amalgame pas toute la foule. Je me suis aussi demandé si avec les baisses d’autorité paternelle tous nos systèmes familiaux ne devenaient pas libéraux, d’où les revendication de liberté avec Charlie... Mais je crois que l’autorité de Charlie vient surtout du manque de respect que les gens qui votent UMPS et même FdG ont pour le FN et les gens qui votent pour ce partie : n’oublions pas qu’ils refusent de mettre la question de l’euro dans le débat public et utilisent plein de tabous pour le « battre ». en fait plus généralement il y a une vrai exclusion du débat public de tous les hétérodoxes, Charlie n’est pas si démocrate et surtout pas si tendre avec la liberté d’expression (qui consiste aussi dans la mise en avant de la pluralité des opinions pour moi...)

                NB : je ne soutient pas du tout le FN, je constate juste que le tabou mis sur ce parti bloque le débat public.


                • Olivier Perriet Olivier Perriet 28 janvier 2016 09:59

                  @Solon le Jeune

                  Les élections régionales confirment totalement la phrase de Todd, de mémoire
                  « en défilant ensemble, socialistes, umpistes et mélenchonistes ont confirmé qu’ils étaient au fond d’accord »


                • julius 1ER 28 janvier 2016 08:54

                   Charlie a rassemblé des citoyens d’opinions différentes, certains sans doute volontiers libertaires, ou / et même égalitaires.

                  @l’auteur, 
                  vous avez entièrement raison sur ce point l’analyse de Todd fait un peu trop « cliché ».....
                  mais c’est le débat sur« la sécurité » qui empoisonne le débat depuis 30 ans, 
                  car derrière ce mot il y a des contenus qui sont loin d’être explicités ...c’est devenu une véritable usine à gaz dont le but inavoué est d’instaurer un ordre autoritaire et hiérarchique anti-démocratique car les effets sont là dans quelque domaine que ce soit .... restriction des droits et de la parole du plus grand nombre au profit d’une minorité de plus en plus restreinte !!!!


                    • Legestr glaz Ar zen 28 janvier 2016 11:22

                      Bien malin qui peut dire avec certitude ce que les personnes se disant « Charlie » voulaient exprimer. Parce que, dire « je suis Charlie », signifie tout et son contraire. Chacun y met le sens qu’il veut. C’est pour cette simple raison que, lorsque l’on n’est pas certain d’avoir compris, il est toujours possible de reformuler. Ce slogan « Je suis Charlie » n’était pas significatif et n’exprimait donc pas clairement ce qu’il était susceptible de signifier. Il était d’ailleurs pensé comme un slogan et rien d’autre. C’est ainsi qu’il est possible de manipuler les masses en leur faisant croire à quelque chose qui n’est pas, chacun pensant y mettre quelque chose de précis, et imaginant que chacun y met la même chose que lui. Ouf. Comprenne qui pourra.


                      • Francis, agnotologue JL 28 janvier 2016 11:53

                        @Ar zen
                         

                        pour ma part, je fais une différence de taille entre ceux qui ont assisté à ces manifestations spontanées càd ceux qui étaient charlies, et ceux qui sont encore charlies.

                        Se dire encore charlie, pour moi c’est accepter la stigmatisation de ’ceux qui ne sont pas charlie’, orchestrée par les Fourest & Cie qui les appellent ’dépeceurs d’unité’.

                        Ne pas être charlie c’est affirmer sa liberté de penser devant ceux qui prétendent les faire taire au nom de la liberté de s’exprimer. Un comble !

                      • arnulf arnulf 28 janvier 2016 11:28

                        Je trouve l’article bien tortueux. Todd a raison mais n’a pas raison. Que ça fait mal parfois de reconnaître qu’on s’est fait avoir.


                        • tonimarus45 28 janvier 2016 13:48

                          bonjour— a l’auteur- voici ce que j’ai repondu a « omar » j’espere que vous alles nous expliquer


                          «  »"@OMAR-bonjour—tout a fait et de plus comment juger un journal qui licencie a tort (la justice a tranche) un dessinateur(sine) sous le pretexte d’anti semitisme ??????mais l’auteur va nous expliquer non ???

                          • Traroth Traroth 28 janvier 2016 16:55

                            « Charlie a rassemblé des citoyens d’opinions différentes, certains sans doute volontiers libertaires »


                            Mais Todd ne dit absolument pas le contraire. Ce qu’il analyse, ce sont les effets statistiques. Les cas particuliers ne sont pas du tout son sujet.

                            Pour faire très court, ce qu’il dit, c’est que le phénomène Charlie et en particulier la manifestation du 11 janvier sont le signe d’un basculement brutal de l’opinion sur la droite et la résurgence des vieux démons français, comme la droite cagoularde, l’ultra-catholicisme et le colonialisme mal digéré. Vu ce qu’on entend en France depuis, je me demande comment on peut encore contester qu’il a totalement raison !

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