Siatom
Il se trouve que j’étais hier après-midi dans ma baignoire, relativement loin du bouton de ma tablette, et c’est ce qui fait que j’ai pu entendre in extenso, et voir quelque peu malgré le rideau un peu glauque de la douche, le discours par lequel ce grand serviteur (« serviteuse », ce serait le seul féminin correct, mais pour moi, ce sera toujours impossible) de la Rérépublique. Or, ce qu’elle disait ne correspond en rien à ce que votre article, probablement tendancieux, paraît vouloir insinuer. Pendant son déjà long séjour place Vendôme, elle avait su transformer les lieux en un véritable petit paradis, autour d’un jardin particulier auquel avant elle les employés n’avaient encore jamais eu un libre accès. La liste de ses bienfaits était fort longue, interminable même, et les chiffres qui mesuraient le succès de l’entreprise fort nombreux et des plus éloquents. En comparaison, son successeur ne paraissait pas avoir grand chose à dire. C’était sec et aussi peu engageant qu’une porte de prison.
Ancien professeur de lettres, je regretterai longtemps cette grande figure de la gauche cultureuse. Sarkozy avait dû lire « La princesse de Clèves », mais ça ne lui avait pas plu du tout et je ne l’avais jamais entendu citer Madame de La fayette. Christiane, au contraire -elle excusera cette familiarité, mais, comme Prévert, « je dis tu à tous ceux que j’aime »- Christiane, donc, on le sentait bien, avait dû disposer d’une belle bibliothèque où elle avait disposé au beau milieu des rayons déserts deux ou trois volumes choisis parmi les divines productions d’Aimé Césaire. Des gens aussi malveillants que vous pouvez l’être quelquefois racontaient qu’on avait offert un livre au Président Reagan. Ravi mais un peu désarçonné, il avait cru devoir préciser qu’il en avait déjà un. C’est aussi, probablement, ce qu’aurait répondu notre Garde des trucs.
J’ajouterai que mon prénom, comme on peut le voir, c’est Christian. Quand on est une femme et qu’on porte le même prénom que moi, féminisé comme il se doit, on ne peut être qu’une bonne femme. Du moins, c’est mon sentiment, et je le partage.