Hollande a résilié sa caution de gauche

L’ophiophagie a ses limites, Christiane était ballonnée à force d’avaler des couleuvres liberticides, elle a décidé de reprendre sa liberté en tweetant « Parfois résister c’est rester, parfois résister c’est partir. » Elle aurait pu ajouter : Parfois résister, c’est hésiter longtemps, tergiverser souvent. Ce qu’elle a su faire avec beaucoup de ténacité, le courage à décalage horaire dont on la crédite généreusement dans les médias s’apparentant à une vocation tardive.
Comme nous nous permettions de lui suggérer humblement dans un précédent billet, Christiane a fait ses valises pour un monde meilleur plein de valeurs progressistes qui semblent avoir déserté les rangs du gouvernement Hollande.
A la gauche de la gauche, Clémentine Autain, celle qui s’est étranglée que l’on attribue aux immigrés les agressions sexuelles de Cologne du Nouvel An en mettant dans la balance dans un tweet rageur les deux millions d’allemandes qui auraient été violées selon elle entre avril et septembre 1945 constatait amèrement que « le gouvernement perdait son ultime vernis de gauche ».
Taubira n’était donc pas pour un exécutif en voie de macronisation qu’une simple ministre mais une caution, un marqueur, une icône et un vernis de gauche. Une caution quelque peu démonétisée, une icône fragilisée, un marqueur devenu délébile et un vernis craquelé depuis son lamentable numéro de magie devant la presse en mars 2012 quand les documents brandis maladroitement contredisaient ses affirmations.
La palme de la métaphore BTP revient au comique troupier Guy Bedos qui a déclaré « En se séparant d’elle, c’est le dernier mur de gauche qui tombe ». Il risque d’y avoir autant de courants d’air dans l’édifice gouvernemental que dans le cerveau du super-beauf de la gauche paillette.
On pourrait faire remarquer à ces fans énamourés qu’avant d’être la possible nouvelle égérie des frondeurs et de la gauche radicale notre femme de conviction comme on aime à la qualifier a beaucoup navigué au gré de vents parfois contraires au cours de son parcours politique.
N’a-t-elle pas tiré des bords, après avoir voté l’investiture à Balladur en 1993 avec la gauche Tapie ensuite au sein du MRG devenu depuis le Parti Radical de Gauche et cette union insolite, sorte de ‘‘mariage pour tous et avec n’importe qui‘’ dura jusqu’en 2002.
Forte de sa supposée supériorité morale et intellectuelle qu’il ne faisait pas bon contester sous peine d’excommunication, Madame l’ex ministre du verbe ampoulé masquait ses échecs et un bilan jugé médiocre par deux tiers des français grâce un talent oratoire devenu rare dans les assemblées même si celui-ci s’était révélé inopérant pour calmer les contestations et les manifestations de la quasi-totalité des professions juridiques et des policiers.
Privée de son ministère régalien, où elle a célébré le mariage pour tous mais aussi du assister impuissante à quelques enterrements de ses réformes, il ne lui reste plus qu’à aller se ressourcer dans sa Guyane natale et à compléter son tweet de départ de la place Vendôme par un sobre codicille ‘’résister, c’est parfois aussi revenir’’.
Dans cette éventualité, si Hollande a fini par résilier sa caution de gauche, il n’est pas certain que celle-ci ne lui fasse payer quelques intérêts de retard à la prochaine élection présidentielle.
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