@marceau
Le catholicisme aura fini par comprendre que son intérêt était d’accepter, dans les pays républicains comme la France, la séparation de l’Eglise et de l’Etat, mais il n’en aura pas toujours été ainsi, et j’évoquais plus haut le Syllabus de Pie IX qui était, à une époque où le catholicisme venait de s’ouvrir aux questions sociales (Lamennais, Lacordaire, Montalembert) une tentative pour revenir en arrière et imposer la primauté du spirituel sur le temporel. Bien mauvais calcul : les temps avaient changé, et il aura fallu, pour Rome, se résigner à mettre en pratique l’enseignement christique : rendre à César ce qui est à César et à Dieu ce qui appartient à Dieu.
Je vous accorde donc bien volontiers que le goupillon chrétien n’aurait peut-être pas été si constamment associé au glaive des états si Théodose, après Constantin, n’en avait pas fait la religion de l’Empire. Partout dans le haut moyen-âge, l’Eglise devient donc quelque chose comme un état dans l’état.
L’islam n’a jamais été un état dans l’état, il est d’emblée l’Etat lui-même, s’il faut continuer à utiliser des concepts occidentaux tout à fait étrangers à cette religion. Mieux : il ne reconnaît même pas DES états : ce qui existe, c’est la communauté sans frontière des musulmans, un point c’est tout. Sans exception les hommes naissent musulmans (craignant Dieu) et s’ils l’ignorent encore, il faudra bien qu’ils consentent à le devenir s’ils ne veulent pas, à la fin des temps, être exclus du paradis d’Allah.
J’avoue que je vois mal comment des conceptions aussi archaïques et aussi radicalement contraires à plus de deux millénaires et demi de progrès dans la réflexion philosophique pourraient survivre encore longtemps. Les autres religions meurent doucement et paisiblement, l’islam seul ressemble à Madame Bovary après qu’elle a avalé son arsenic : elle vocifère, fait beaucoup de bruit, se tord sur son lit d’agonie, tire une langue de vingt centimètres, mais à la fin, elle crève.