Une loi carnavalesque, inspirée d’un modèle défaillant, et relevant d’un esprit clairement totalitaire, celui qui prétend décider de ce qui est bon pour quelqu’un à la place de ce dernier. La confusion entre prostitution forcée et volontaire n’est donc que de peu d’importance pour lui. On peut voir là un nouveau symptôme de la prétention de l’État à imposer des normes de santé strictes, de l’interdiction de prendre des drogues récréatives, de l’injonction au bonheur obligatoire, à bien manger ou bien vieillir, sans même parer de l’interdiction des drogues récréatives ; déviance qui touche toutes les sociétés occidentales, mais dont le danger est plus particulièrement présent en France, en raison de son culte de l’État fort. Mais dans l’aspect sexuel de la chose, il y a bien une hypocrisie particulière. Ajoutons aussi une certaine perversion d’un féminisme victimiste dans ce qu’il a de pire, et paradoxalement très mysogine ; car au fond, pour lui les femmes ne sont que des gourdes incapables de décider ce qui est bon pour elles et de disposer de leur corps. Par contre, elles le sont quand il s’agit de décider si elles doivent avorter, et sont même alors les seules à décider.
Hypocrite et incohérente, donc, et sur bien d’autres points ; et de là illégitime : si on estime que la prostitution est mauvaise, pour des raisons de puritanisme, car c’est toujours pour ça qu’on la considère comme telle, alors ce sont bel et bien les prostituées qui doivent être punies. De ce côté-là, les puritains d’Outre-Atlantique sont honnêtes, ceux de France sont tout simplement bêtes.
En fait, on retombe là sur le pêché de la France : il ne doit pas y avoir de marchandisation des corps, car l’argent ce n’est pas bien. On préfère favoriser d’étranges perversions, au niveau du don d’organe par exemple ; car il faut quand même avoir l’esprit sacrément mal tourné pour s’auto-mutiler ainsi. Les dons de sang et surtout de mœlle osseuse manquent ainsi gravement en France. Les puritains et pseudo-féministes français ne sont ainsi nullement moralement supérieurs à ceux des USA qu’ils décrient tant. En fait, ce qui est tabou, Outre-Atlantique, c’est le sexe, alors qu’en France, c’est l’argent. « Curieusement », nos pères- et mères-la morale sont vexés que leurs conceptions au sujet de l’ « inaliénabilité du corps humain » (comme c’est bien écrit, digne du jargon prétentieux de la tradition juridique française, destiné à en mettre plein la vue au justiciable moyen) ne parviennent pas à s’exporter, ils ne comprennent vraiment pas pourquoi. Ils sont bien les seuls.
Et dans le même temps, alors qu’on promeut une sérieuse perversion, l’homosexualité (entendons-nous bien, je n’ai absolument rien contre les homosexuels, et je suis même heureux pour eux qu’ils puissent se marier entre eux, mais l’homosexualité restera toujours d’un point de vue scientifico-médico-psychologique une déviation), pour lui plaire on va jusqu’à envisager de légaliser une forme de prostitution autrement plus intrusive et traumatisante du corps de la femme qui s’y livre, à savoir la pratique des mères porteuses, elles aussi d’ailleurs souvent stigmatisées comme des idiotes incapables de décider de ce qui est bon pour elles. Les gôchistes ridicules sont gênés quand on leur fait la remarque. Signalons cependant que certaines intégristes jusqu’au-boutistes n’ont pas peur du ridicule, quand elles le sont elles ont décidé de l’être jusqu’au bout, en exigeant que la mère porteuse le soit à titre gratuit ! Si ça, ce n’est pas de l’exploitation ! Dans ces conditions, il vaut effectivement mieux que les français continuent à aller le faire à l’étranger où ils paieront les mères porteuses ; la non-reconnaissance de leurs enfants par les autorités françaises étant désormais interdite par la cour européenne des droits de l’homme.
Et je ne parle pas des contradictions au niveau de l’acceptation de la pornographie, ou même du simple rôle de mannequin ou de modèle artistique, ou pourtant là le corps est marchandé. Bientôt, c’est la profession d’actrice qui va être prise pour cible !
À ce sujet, une amusante vidéo que j’avais déjà posté ailleurs (en anglais, mais facile à comprendre) : https://www.youtube.com/watch?v=n1tFbZ5kaY8
J’ajouterai une autre chose : la loi a clairement un caractère xénophobe. Si sa simple discussion a pu être envisagée, c’est parce que les prostituées sont désormais majoritairement étrangères. C’est pour cette raison que la Suède est un bien pauvre exemple à suivre, car les raisons de la popularité de la loi y étaient identiques, les suédois ne se préoccupant pas du devenir d’étrangères dont ils ne souhaitaient pas la présence sur leur territoire, alors que les prostituées suédoises ne représentaient plus grand-chose.
24/04 18:14 - alcodu
Pénaliser les clients pour faire cesser la « traite des prostituées » est un procédé très (...)
14/02 23:15 - lehussard
Eh bien chacun y va de ses arguments. En ce qui me concerne, je vais ajouter le mien. Cette (...)
08/02 08:58 - julius 1ER
@franc bien sûr qu’il faut aller dans ce sens ... la prohibition aggrave les choses !!! (...)
07/02 17:15 - EpiqueTête
On devrait faire une loi générale sur la dignité humaine, mais on abolirait le salariat.
06/02 16:14 - JC_Lavau
Il faudrait étendre la loi aux clients de la presstituée. Tu achètes Libé ou L’ImMonde ? (...)
05/02 11:18 - julius 1ER
il ne faut pas s’étonner après que les gens boudent ou quittent une France qui devient (...)
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